Après la chute d’Assad, les Syriens espèrent que les atrocités du régime seront révélées. Des milliers de disparitions ont eu lieu dans des prisons où la torture est systématique. Bien que Bashar al-Assad ait promis des réformes, la répression s’est intensifiée depuis 2011. Les services de renseignement, en particulier ceux de l’armée de l’air, ont orchestré cette brutalité. Des rapports documentent des violations des droits humains, avec des témoignages horrifiants de torture et de conditions inhumaines dans les prisons.
Après la chute d’Assad, les Syriens nourrissent l’espoir que les atrocités commises par le régime seront enfin mises en lumière. Des dizaines de milliers d’individus ont disparu dans les prisons de torture et beaucoup demeurent introuvables. Plusieurs agences de renseignement ont été impliquées dans ces actes de torture.
L’ancien président syrien Bashar al-Assad a un jour déclaré qu’il ne pouvait pas voir de sang, révélant ainsi une facette prétendument sensible de sa personnalité. Cette affirmation semble paradoxale, compte tenu de son parcours initial : il aspirait à devenir ophtalmologiste avant que son frère aîné Bassel ne décède dans un tragique accident de voiture en 1994. Ce drame a poussé Bashar à abandonner ses études pour succéder à son père à la présidence de la Syrie.
Cette déclaration prend une tournure presque cynique lorsqu’on l’analyse à la lumière de la guerre brutale contre les insurgés qui a éclaté dans le pays, un conflit dont le nom d’Assad est devenu le symbole depuis 2011. De plus, le régime de torture sévère qui a prévalu en Syrie, hérité de son père Hafis, s’est intensifié sous son règne, se montrant de plus en plus indifférent à la souffrance humaine.
Bien que Bashar al-Assad ait relâché certains prisonniers politiques après son accession au pouvoir en 2000, les espoirs d’une atmosphère plus libérale se sont vite dissipés. En 2001, lorsque de nombreux intellectuels ont appelé à une démocratie multipartite, Bashar a rapidement recouru aux méthodes répressives de son père, procédant à l’arrestation de nombreux activistes.
Terrorisme sans limites
Le terrorisme en Syrie a atteint des niveaux de brutalité insupportables après le soulèvement populaire contre Assad en 2011, inspiré par le Printemps arabe et la chute de dictateurs dans la région comme Hosni Moubarak en Égypte et Zine el-Abidine Ben Ali en Tunisie.
Pour réprimer les manifestations, Assad a mobilisé l’armée et les services de renseignement. Dès les débuts de la révolte, des centaines de Syriens ont été tués, principalement par les forces de sécurité, un chiffre qui n’a cessé d’augmenter au fil des ans.
Dans un rapport de 2023, Amnesty International a affirmé que ‘plusieurs centaines de milliers de personnes’ continuaient de subir des disparitions, dont beaucoup étaient déjà introuvables depuis plus de dix ans. Ce rapport a également mentionné plusieurs cas de meurtres arbitraires d’activistes.
Un citoyen allemand a été incarcéré pendant 48 jours dans une prison syrienne, une expérience qui le hante encore aujourd’hui.
Le rôle des services de renseignement
La répression et la torture des personnes supposées dissidentes ont été principalement orchestrées par les services de renseignement du régime. Au total, Assad a misé sur quatre agences de renseignement : le service de renseignement de l’armée de l’air, le service de renseignement militaire, le service de renseignement politique et la direction générale des services de renseignement.
Parmi eux, le service de renseignement de l’armée de l’air est reconnu comme le plus impitoyable. Cette agence a hérité de la position dominante établie par le père d’Assad, Hafis, qui, après avoir été pilote, est devenu commandant en chef de l’armée de l’air, transformant ce service en un instrument de pouvoir.
Les services de renseignement, dotés d’un personnel conséquent, ont géré de nombreuses prisons à travers le pays, selon un rapport du Centre européen pour les droits de l’homme.
La prison militaire de Sednaya, située en périphérie de Damas, est devenue emblématique de la répression sous Assad, avec des milliers de prisonniers exécutés sans procès.
Des témoignages de prisonniers libérés ont révélé que la torture était une pratique quotidienne à Sednaya, souvent poussée à tel point que certains perdaient la raison ou mouraient. Amnesty International a qualifié cette prison de ‘abattoir pour les humains’ en 2017.
Depuis 2011, le régime a réprimé sa population, allant même jusqu’à utiliser des armes chimiques.
Un déserteur fournit des dizaines de milliers de preuves
L’organisation Human Rights Watch a également documenté de nombreuses violations des droits de l’homme en Syrie. Dès 2012, elle a révélé l’existence de 27 lieux de torture dans plusieurs villes, dont dix à Damas, quatre à Homs, Lattaquié et Idlib, trois à Daraa et deux à Alep.
En 2015, Human Rights Watch a publié un rapport révélant les témoignages d’un déserteur, connu sous le pseudonyme ‘César’. Ce dernier, photographe judiciaire pour la police militaire, a réussi à emporter plus de 50 000 photos lors de sa fuite, nombre d’entre elles montrant des prisonniers décédés ou maltraités. Les images ont également mis en lumière la manière dont les organes de sécurité syriens documentaient leurs meurtres.
L’avocat syrien des droits de l’homme Anwar al-Bunni, qui a lui-même été emprisonné pendant une longue période, a déclaré dans une interview que les services de renseignement avaient recours à ‘plus de 80 types de torture’.
En plus de cela, il a évoqué des conditions d’hygiène déplorables dans des cellules surpeuplées, où les détenus étaient ‘systématiquement brisés’. L’objectif réel de cette violence n’était pas de recueillir des informations, mais de détruire psychologiquement les individus. De nombreux témoignages de victimes font également état de violences sexualisées comme méthode de torture.
Cette situation souligne l’urgence de passer outre à la complicité du gouvernement syrien.
Les possibilités du droit
Au niveau international, les enquêtes et poursuites concernant les violations des droits de l’homme par le régime syrien se poursuivent depuis plusieurs années.
En juin 2023, l’…