L’article explore les dangers de l’espionnage numérique, en se concentrant sur l’application Mspy, souvent utilisée à des fins illégales en Suisse. Bien que présentée comme un outil pour protéger les enfants, elle est fréquemment employée pour surveiller des partenaires ou des employés. Des données internes révèlent l’ampleur de cette pratique intrusive, soulevant des questions sur la vie privée et les motivations des surveillants. Des témoignages illustrent l’impact émotionnel de cette surveillance sur les victimes et les observateurs.
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Vous vous demandez peut-être pourquoi vous êtes ici – peut-être qu’un proche, comme votre mère ou un ami, vous a partagé ce lien. Quoi qu’il en soit, peu importe qui vous a guidé ici, ni ce que vous faites sur Internet : les sites que vous visitez, vos échanges, et surtout votre localisation sont des informations qui vous appartiennent.
Imaginez ceci : vous discutez avec votre mère de votre avis sur cet article. Mais, à votre insu, une autre personne observe votre échange. Un logiciel sur votre téléphone enregistre vos conversations sur Whatsapp, suit vos recherches sur Google et surveille votre historique de navigation, tout en collectant vos données de localisation. À cet instant précis, quelqu’un sait où vous êtes, à quelques mètres près.
Terrifiant, n’est-ce pas ? Avec l’avènement des logiciels espions, il est désormais possible pour n’importe qui de devenir un espion. Et cette situation ne se limite pas à un endroit particulier, elle concerne même la Suisse, comme l’indiquent des investigations récentes.
L’utilisation illégale des applications de surveillance
Au cœur de cette enquête se trouve Mspy, l’une des applications les plus populaires pour surveiller les téléphones. Bien qu’elle prétende être gérée depuis Prague, une entreprise ukrainienne semble être derrière son développement. Mspy se présente comme la « meilleure application pour le suivi des téléphones mobiles afin de protéger les enfants », ciblant principalement les parents soucieux de la sécurité de leurs enfants.
Cependant, la réalité est bien différente : Mspy est fréquemment utilisée à des fins illégales. Des employeurs surveillent leurs employés, mais surtout, des partenaires ou des ex-petites amies traquent leurs compagnes actuelles ou passées, empiétant ainsi sur leur vie privée.
Des données internes de Mspy, révélées par une hacker suisse, mettent en lumière cette problématique. Sur son blog, elle a partagé des millions de messages provenant d’une source anonyme, offrant un aperçu de l’utilisation réelle de Mspy, y compris des échanges avec des utilisateurs de l’application, parmi lesquels plusieurs Suisses.
Les investigations ont permis d’identifier environ 2500 personnes liées à la Suisse dans les données récupérées. Cela montre que Mspy est consciente de son utilisation illégale, et semble même la soutenir. L’application est donc largement répandue au sein de la population.
Les histoires d’espionnage personnel
Chaque échange dans les données raconte une histoire unique. Alors que ces informations suggèrent que l’espionnage privé est devenu une réalité en Suisse, elles soulèvent des questions cruciales : comment se sentent les personnes qui ont été surveillées ou qui craignent de l’être ?
Et qu’est-ce qui pousse quelqu’un à vouloir contrôler une autre personne de cette manière ? Dans le cas de Jan, un homme qui préfère rester anonyme, l’insécurité était le moteur de son désir de surveillance. Bien qu’il n’ait pas utilisé l’application, il a envisagé de le faire pour surveiller sa partenaire, craignant qu’elle ne lui soit infidèle.
Il a contacté Mspy pour obtenir des informations sur l’application, inquiet à l’idée que sa partenaire échangeait avec d’autres hommes sur des applications de rencontre. Cependant, Jan a finalement décidé de ne pas agir ainsi, préférant croire que si leur relation devait perdurer, cela devrait se faire naturellement et non par le biais d’une surveillance intrusive.
L’utilisation d’une telle application peut pénétrer profondément dans l’intimité d’une personne. Pour illustrer cela, nous avons décidé d’expérimenter l’application sur un téléphone confié à une employée de SRF, qui était consciente qu’elle était surveillée. Ce fut un test révélateur, montrant à quel point une telle surveillance peut altérer la perception de la vie privée.