Depuis l’élection de Robert Fico, la Slovaquie a modifié sa politique envers l’Ukraine, mettant fin à l’assistance militaire et privilégiant une approche diplomatique pour résoudre le conflit. Le gouvernement slovaque insiste sur l’importance de négociations incluant la Russie, tout en continuant à soutenir l’Ukraine par une aide humanitaire. La sécurité énergétique est également une préoccupation, la Slovaquie cherchant à diversifier ses sources de gaz, tout en renforçant ses relations économiques avec des pays comme la Chine.
Une Nouvelle Orientation de la Politique Slovaque envers l’Ukraine
Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement de Robert Fico il y a un an, la Slovaquie a opéré un changement de cap significatif concernant sa politique à l’égard de l’Ukraine. L’assistance militaire à Kiev a été interrompue, et les autorités slovaques perçoivent désormais le soutien occidental comme un frein à la recherche d’une paix durable. Quels sont les chemins possibles pour résoudre ce conflit ?
La Diplomatie comme Solution Primordiale
Notre position est sans ambiguïté. Avant même les élections de l’année dernière, nous avions affirmé qu’aucune solution militaire n’était envisageable dans cette guerre. Actuellement, le gouvernement slovaque ne fournit plus d’armes à l’Ukraine, mais il continue de proposer une aide humanitaire, notamment pour des opérations de déminage. Nous aspirons à un processus de paix, car sans négociations diplomatiques, il n’y aura pas de paix juste et durable. Nos alliés occidentaux estiment que la Russie peut être vaincue, mais comment peut-on envisager une défaite pour une puissance nucléaire ? Cela semble irréaliste.
Il est essentiel de noter que l’agression russe constitue une violation du droit international. Nous soutenons l’Ukraine en tant qu’État souverain dans ses frontières reconnues. La manière dont nous atteignons cet objectif représente un grand défi, mais il ne peut y avoir qu’une voie diplomatique, et non militaire.
Pour engager un dialogue diplomatique, il est impératif d’inclure la Russie. J’ai eu l’occasion de rencontrer le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, il y a quelques mois, ce qui est rare parmi les représentants européens depuis le début de la grande invasion. Existe-t-il une véritable volonté de dialogue à Moscou ? J’espère que oui. Après l’élection de Donald Trump, Vladimir Poutine a exprimé son souhait de renouer le dialogue avec les États-Unis, y compris sur l’Ukraine, ce qui est un signe encourageant. La diplomatie nécessite un dialogue, même avec ceux qui enfreignent le droit international.
À l’avenir, il sera crucial de considérer les positions de l’Ukraine, de la Russie, des pays occidentaux, ainsi que celles du « Sud global », qui joue un rôle clé dans le processus de paix. Une paix durable ne pourra se construire qu’avec un soutien large et des mesures de sécurité garantissant l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Nous ne faisons pas de commentaires sur d’éventuelles cessions territoriales, car c’est une question qui doit être tranchée par l’Ukraine, la Russie et les États-Unis.
La question de la sécurité se pose également, notamment en ce qui concerne l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, un sujet sur lequel notre gouvernement a des réserves. Nous sommes favorables à l’intégration de l’Ukraine dans l’UE, à condition que le pays remplisse les critères nécessaires. De plus, pour garantir la sécurité de l’Ukraine, il est important que cette garantie provienne également d’autres puissances, comme la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud.
La Slovaquie, étant l’un des rares pays européens encore dépendants du gaz russe, se trouve dans une situation délicate, d’autant plus que l’Ukraine ne souhaite pas prolonger son contrat de transit pour les livraisons qui prend fin cette année. Récemment, le principal fournisseur d’énergie slovaque, SPP, a signé un contrat pilote pour obtenir du gaz d’Azerbaïdjan. Est-ce le début d’un changement vers une réduction de notre dépendance au gaz russe ? Nous travaillons activement à diversifier nos sources d’énergie, tout en cherchant à maintenir des conditions économiques viables.
Enfin, lors de notre récente visite en Chine où nous avons signé de nombreux accords, nous souhaitons renforcer nos relations économiques tout en restant membres de l’UE et de l’OTAN. La Slovaquie aspire à devenir un pôle d’investissements chinois, à condition que cela soit bénéfique pour notre pays. Nous sommes à la recherche d’investissements dans des secteurs tels que la production de batteries pour véhicules électriques, afin de soutenir notre industrie automobile qui est la plus importante par habitant au monde.
Concernant les relations avec Bruxelles, bien que des critiques aient été émises à l’égard de certaines réformes, nous restons en dialogue avec la Commission européenne pour clarifier notre position et expliquer qu’il n’y a pas matière à inquiétude. Ce rapport est fondé, en partie, sur des informations erronées dans les médias.