Soie par Alessandro Baricco



Si son père lui avait imaginé un brillant avenir dans l’armée, Hervé Joncour avait fini par gagner sa croûte dans une carrière hors du commun qui, par une ironie singulière, n’était pas étrangère à un côté charmant qui lui donnait une intonation vaguement féminine. .


Hervé Joncour achetait et vendait des vers à soie pour gagner sa vie. C’était en 1861. Flaubert écrivait Salammbô, la lumière électrique restait hypothétique, et Abraham Lincoln, au-delà de l’Océan, menait une guerre dont il ne devait pas voir


Si son père lui avait imaginé un brillant avenir dans l’armée, Hervé Joncour avait fini par gagner sa croûte dans une carrière hors du commun qui, par une ironie singulière, n’était pas étrangère à un côté charmant qui lui donnait une intonation vaguement féminine. .


Hervé Joncour achetait et vendait des vers à soie pour gagner sa vie. C’était en 1861. Flaubert écrivait Salammbô, la lumière électrique restait hypothétique, et Abraham Lincoln, au-delà de l’Océan, menait une guerre dont il ne devait pas voir la fin.


Hervé Joncour avait trente-deux ans. Il a acheté et vendu.


Vers à soie.

Cette nouvelle capte l’imagination dès le premier chapitre. Il m’a fallu du temps pour comprendre pourquoi même si le travail est si court. En fait, c’est la seule fois de ma vie où, lorsque j’ai terminé un livre, je me suis jeté sur la personne la plus proche de moi et j’ai insisté pour qu’il le lise. Cela s’est avéré être le cas lorsque j’ai lu ceci sur le vol Biarritz-Dublin la semaine dernière. J’étais au-dessus des nuages ​​et en plein vol moi-même à ce moment-là, et c’est peut-être la raison pour laquelle je suis entré dans une telle rêverie, mais ensuite la détermination est montée au premier plan.

Le monsieur assis à côté de moi lisait un article scientifique et ne m’a pas apprécié quand je lui ai demandé tout de suite s’il était un lecteur. Un lecteur de quel genre était sa réponse quelque peu dédaigneuse. La fiction en l’occurrence, la fiction italienne contemporaine, fut ma réponse immédiate. Eh bien, j’ai alors poussé « Silk » sous son nez; en fait, j’ai failli faire tomber ses lunettes. Il avait une légère expression d’irritation sur le visage mais se força à sourire et s’empara doucement du livre. Il lut la couverture et sortit un petit carnet de sa poche, nota le titre du livre et le nom de l’auteur. Maintenant, s’il lira un jour le livre, je ne sais pas. Mais je crois que je l’ai pointé dans la bonne direction.

Mon prochain contact était Mary, avec qui je restais. Je n’avais aucune idée du genre de livres qu’elle lisait, mais elle m’a promis qu’elle le lirait ce soir-là et le lendemain matin, nous nous sommes assis, avec son mari John, et avons discuté du livre. Il était en fait assez contrarié que nous parlions d’un livre au lieu de l’affaire sérieuse de prendre le petit déjeuner et de planifier notre journée.

Mais ce qui est intéressant, c’est que le point de vue de mon ami sur le livre était complètement différent du mien. Mary l’avait lu rapidement et avait conclu que c’était une lecture légère, puis elle a soulevé plusieurs questions qui nous ont fait parcourir à nouveau le livre. Nous avions des avis divergents, notamment sur les lettres et les deux volières.

Ce style d’écriture m’est assez inconnu. Les soixante-cinq chapitres sont courts et percutants et pourtant ils ont résonné en moi. En fait, le chapitre 49 ne comprenait que quatre phrases très courtes. Le contenu du livre semble dégager une lueur éblouissante pour une raison obscure. C’est un livre de mouvement mais aussi d’immobilité et de lumière. Il y a aussi des répétitions avec les quatre voyages au Japon, la seule différence étant que le lac Baïkal est connu localement comme « la mer » lors d’un voyage, puis « le démon » sur le deuxième, la troisième fois il n’y avait aucune mention et enfin sur le quatrième voyage dit « le saint ». Y avait-il ici une signification symbolique que je ne pouvais pas comprendre ?

Bien sûr, au début, le livre traite principalement de l’obtention des œufs pour un nouvel élevage de vers à soie car il y a une épidémie de « pébrine » (« la maladie tachetée des vers à soie qui avait rendu les œufs des couvoirs européens impropres à , disaient certains, jusqu’en Inde ») qui menaçait de détruire l’industrie de la soie en France. Joncour (un Français) est ainsi chargé par Baldabiou d’aller au Japon à l’autre bout du monde dans cette quête pour retrouver les œufs. Quand on considère que le Japon était fermé aux étrangers à cette époque et était un endroit particulièrement dangereux (beaucoup y sont allés et n’y retourneront jamais), il a fallu beaucoup de courage à un individu comme Joncour pour tenter de s’y rendre. .

Joncour a beaucoup à perdre s’il échoue dans ses efforts pour trouver ces œufs. Il a une épouse adorable qui s’appelle Hélène, avec une très belle voix, qu’il aime évidemment mais quand il rencontre Hara Kei, le baron local qui fournira les œufs, il rencontre sa concubine, qui l’interpelle immédiatement et c’est là que l’on voit répétition à nouveau :

Ses yeux n’avaient pas une inclinaison orientale, et son visage était le visage d’une jeune fille.

C’était la volière qu’avait Hara Kei qui m’intriguait. C’était plein d’oiseaux exotiques et puis un jour la concubine les laisse sortir. Était-ce un symbolisme en ce sens que si l’on aime quelqu’un/quelque chose, on peut le laisser partir et savoir qu’il finira par revenir ? Oui, les oiseaux sont revenus.

Et puis Joncour décide de construire une volière en France. Pourquoi?

Mais la fascination qu’il a pour la concubine et elle pour lui est le fondement de cette nouvelle. Ils ne parlent pas mais parviennent à communiquer via des lettres qu’il faut traduire et puis… Bon il faut lire le livre.

Un travail absolument super !



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