mercredi, avril 2, 2025

Ski de fond extrême : 220 km à travers l’Arctique sans récompense

Chaque année, des centaines de skieurs de fond participent au ‘Nordenskiöldsloppet’, une course de 220 kilomètres en Laponie. Thomas Koch, vétéran de 60 ans, décrit cette épreuve comme une méditation, où l’esprit est essentiel pour surmonter la fatigue. Malgré des conditions climatiques difficiles, peu de participants se préoccupent du temps. L’événement, créé en 1884 pour célébrer une expédition polaire, voit un quart des coureurs atteindre l’arrivée. Koch termine après près de 22 heures, mais ne reçoit pas de médaille, ayant manqué le temps de référence.

Quelle est la passion nécessaire pour relever un tel défi ? Chaque année, plusieurs centaines de skieurs de fond s’engagent dans la plus longue course au monde, le ‘Nordenskiöldsloppet’, suivant les traces des premiers explorateurs polaires. Un combat acharné contre l’obscurité, la fatigue et les limites de son propre esprit.

En solo sur des skis, traversant les immenses étendues de la Laponie au cercle polaire arctique, passant devant des troupeaux de rennes et sur de vastes lacs gelés, accompagné uniquement par les sons doux de la nature, cette scène scandinave presque idyllique constitue le cadre de l’ultime épreuve du ski nordique, le ‘Nordenskiöldsloppet’. Avec ses 220 kilomètres en style classique, cette course représente presque trois fois la distance de la réputée Vasaloppet.

Thomas Koch, en provenance de Stralsund, participe pour la seconde fois. À 60 ans, il est un véritable vétéran des courses d’ultra, à la fois sur skis et à pied. ‘Une course de ce genre est comme une méditation. Plus elle avance, plus tu te plonges profondément’, explique-t-il avant le départ, partageant sa stratégie mentale. Dans ce type d’épreuves extrêmes, l’important est d’utiliser son esprit comme moteur et de ne pas laisser celui-ci devenir un obstacle. C’est probablement la raison pour laquelle le petit groupe d’athlètes de tête reste calme au sein du grand peloton de 400 participants, dont 50 femmes. ‘Ici, peu de gens se préoccupent du chrono, ils souhaitent plutôt profiter de cette nature exceptionnelle’, ajoute Koch. Mais il ne faut pas traîner trop longtemps : un maximum de 30 heures est accordé pour atteindre la ligne d’arrivée.

Une tradition ancrée depuis 1884

Le ‘Nordenskiöldsloppet’ est organisé cette année pour la sixième fois, mais son histoire remonte bien plus loin, à l’année 1884. Pour commémorer son expédition réussie au Groenland l’année précédente, l’explorateur polaire Adolf Erik Nordenskiöld a lancé un défi consistant à parcourir 220 kilomètres en une journée. Dix-huit hommes ont pris le départ, et le Suédois Pavva Lasse Nilsson Tuorda a triomphé en 21 heures et 22 minutes, pauses incluses. Son temps de victoire demeure une référence aujourd’hui : ceux qui réalisent un temps inférieur reçoivent une médaille, tandis que ceux qui le dépassent, non.

Pour Thomas Koch, cela semble être un défi. La nature a d’autres plans. Il fait bien trop chaud. ‘Parfois, tu es jusqu’aux chevilles dans l’eau, et tu tombes sans cesse. Skier dans de telles conditions, ce n’est pas très agréable’, souffle Koch, déjà éprouvé à mi-parcours. Le climat représente le plus grand défi pour les organisateurs. Normalement, les températures devraient se situer autour de -10 degrés Celsius, avec de belles chutes de neige. La réalité est tout autre : pour créer un parcours à peu près praticable, la commune de Jokkmokk a dû déblayer la neige des jardins pour l’acheminer ici.

Affronter les ténèbres de la nuit arctique

Alors que le vainqueur franchit la ligne d’arrivée, Thomas Koch commence à peine son chemin de retour. Près de douze heures se sont déjà écoulées, et il lui reste encore 110 kilomètres à parcourir, principalement dans l’obscurité de la nuit arctique. ‘Quand la fatigue s’installe et que tu réalises que tu es encore en route toute la nuit, c’est déjà une épreuve psychologique’, décrit-il avec un certain humour.

À chaque heure qui passe dans l’obscurité, de plus en plus de coureurs jettent l’éponge. Éreintés, mentalement au bord du gouffre ou pour des raisons de sécurité, seuls un quart des participants parviennent finalement à atteindre la ligne d’arrivée.

Chutes et jambes engourdies

Thomas Koch réussit également à terminer. Malgré plusieurs chutes. Ses jambes engourdies nécessitent qu’on lui verse de l’eau chaude sur les fixations pour libérer ses skis. ‘J’en ai assez de cet hiver et j’attends le printemps avec impatience’, plaisante-t-il, avant de répondre à la question d’une éventuelle répétition par : ‘Si tu me le demandes maintenant, absolument pas !’

Près de 22 heures passées sur skis à travers l’Arctique. Thomas Koch ne reçoit pas de médaille, ayant manqué le temps de référence de 1884 d’une demi-heure.

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