mercredi, novembre 13, 2024

Shell n’est pas contraint de diminuer ses émissions de CO2 de 45 % : rejet de la plainte climatique

La consommation de gaz naturel et de pétrole est au cœur du débat sur le changement climatique, soulevant des questions de responsabilité entre consommateurs, entreprises et politiques. Un jugement récent à La Haye a donné une victoire partielle à Shell, qui doit réduire ses émissions, mais sans engagement concret. L’organisation Milieudefensie, qui accuse les grandes entreprises comme Shell, continue de plaider pour une responsabilité accrue face à la crise climatique, tandis que Shell insiste sur la nécessité d’une approche collective pour la transition énergétique.

La consommation de gaz naturel et de pétrole est un facteur majeur du changement climatique. Mais qui porte la responsabilité de cette surconsommation ? Est-ce aux consommateurs, aux entreprises, ou aux politiciens qui pourraient instaurer des lois limitantes ? Un jugement très médiatisé rendu à La Haye a vu le producteur britannique de pétrole et de gaz, Shell, remporter une victoire partielle.

L’organisation environnementale néerlandaise Milieudefensie soutient que la responsabilité de la protection du climat repose sur les grandes entreprises, dont Shell fait partie.

Dans ce contexte, Milieudefensie et d’autres groupes ont poursuivi Shell aux Pays-Bas. Lors d’un premier procès en 2021, ils avaient obtenu gain de cause, forçant Shell à réduire ses émissions de CO2 de 45 % d’ici 2030, par rapport à 2019.

Un droit humain : la protection du climat

Shell a fait appel et a obtenu une décision partielle favorable mardi. La cour d’appel de La Haye a statué que Shell devait veiller à la réduction de ses émissions de CO2. Les juges ont affirmé que la protection contre le changement climatique constitue un droit humain fondamental. Cependant, aucune réduction concrète n’a été imposée à l’entreprise.

Le jugement de 2021 avait été accueilli avec enthousiasme par Milieudefensie, considéré comme un tournant dans la lutte climatique. Pour la première fois, des juges avaient fixé un objectif de réduction à une entreprise. Roger Cox, l’avocat représentant Milieudefensie, avait alors déclaré que ce jugement marquait un changement radical dans le monde.

Shell : un acteur clé pour le changement

La déception est palpable chez Milieudefensie. Donald Pols, le directeur de l’organisation, a qualifié ce jugement de douloureux. Néanmoins, cette affaire a suscité un débat essentiel sur la responsabilité des grandes entreprises face au changement climatique.

Milieudefensie a choisi Shell comme cible stratégique. Cette entreprise est perçue par les écologistes comme un acteur puissant capable d’influencer les politiques environnementales.

Milieudefensie estime que Shell a une responsabilité importante. Non seulement l’entreprise doit minimiser la consommation d’énergie lors de l’extraction, mais elle doit également inciter ses clients à adopter des pratiques plus durables, comme la promotion des voitures électriques et la production d’énergie verte plutôt que de gaz naturel.

Shell défend sa position

Shell a réagi en affirmant que la responsabilité de la transition vers une économie durable doit être partagée par l’ensemble de la société. Selon l’entreprise, il est injuste de mettre à la charge d’une seule société, surtout si Shell respecte toutes les réglementations en vigueur.

Les dirigeants de Shell ont également souligné que réduire significativement la production de gaz naturel et de pétrole aurait des conséquences négatives sur l’environnement, car cela pourrait entraîner une augmentation de l’utilisation du charbon. Le tribunal d’appel a exprimé des inquiétudes similaires, en mentionnant que si Shell diminuait sa production, cela pourrait paradoxalement accroître les émissions de CO2 à l’échelle mondiale en raison d’une possible substitution par des sources plus polluantes.

Milieudefensie n’a pas encore décidé si elle fera appel de cette décision, et elle pourrait se tourner vers la plus haute instance judiciaire des Pays-Bas.

Shell revoit ses priorités en matière d’énergie verte

Récemment, Shell a révisé ses plans d’investissement, dépriorisant la production d’énergie verte. L’entreprise cherche à disposer de plus de liquidités et de flexibilité dans l’utilisation de ces fonds, selon son nouveau directeur, Wael Sawan.

Les investissements dans les biocarburants, l’hydrogène et les énergies renouvelables seront désormais plus ciblés, tandis que l’accent sera mis sur la production de gaz naturel liquéfié (GNL).

Une proposition visant à aligner davantage les stratégies de Shell sur les objectifs climatiques de Paris n’a pas reçu le soutien nécessaire lors de l’assemblée générale, avec seulement 19 % des actionnaires votant en faveur.

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