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François et la truie » est apparu dans Actes mortels, paroles mortelles en 1980. Avec son langage sensuel du « toucher » et de la bénédiction de l’existence terrestre, ce poème est devenu une pièce emblématique de l’œuvre de Kinnell au cours des deux dernières décennies. Neuf années se sont écoulées entre Le livre des cauchemars (1971) et ce volume. Dans l’intervalle « silencieux » entre les deux livres, Kinnell a pris une nouvelle direction, sentant en 1972 qu’« une porte s’est fermée sur quelque chose ». Lors de sa réouverture, l’approche de Kinnell sur la mortalité a emprunté moins de chemins à travers les images surréalistes et cosmiques qui remplissaient le musée. Le livre des cauchemars, et plus encore à travers des pièces ordinaires éclairées de jour. Ce poème « franciscain » et bien d’autres dans Actes mortels, paroles mortelles— « Après avoir fait l’amour, nous entendons des pas », « Frère de mon cœur », « Au revoir », « Il y a des choses que je ne dis à personne » — sont composés à partir de la conscience aiguë de Kinnell de la mort dans la vie.
Ce qui différencie un poème tel que « Saint François et la truie » de ceux des volumes précédents, c’est le sentiment plus fort que la mortalité n’est pas une occasion de désespoir mais d’affirmation de la vie. Le poète Donald Hall observe la différence cruciale entre l’affirmation simpliste et l’affirmation de vie au centre de ce poème. « Saint François et la truie », affirme Hall, n’a rien à voir avec la gaieté non critique du « Booster Club », ni avec la « Nice Doggie School of Contemporary American Verse ». Il s’agit plutôt d’un poète, dit Hall, « qui comprend que nous vivons en nous vidant de nous-mêmes » et que, dans le cosmos poétique de Kinnell, « en haut évoque toujours l’implication de vers le bas.«
Cette « transcendance vers le bas » est particulièrement évidente dans les nombreux poèmes animaliers de Kinnell, qui s’appuient sur des détails terrestres. Ces détails deviennent violents et horribles dans « Le porc-épic » et « L’ours », deux poèmes de Chiffons corporels dans lequel poète et animal sont étroitement identifiés. « Saint François et la truie » évoque tous les sens – la vue, l’ouïe, le toucher et l’odorat – dans son attention portée au « front froissé » et au « museau de terre », au « fourrage et aux slops » et à la succion bruyante des progénitures. Mais il y a aussi un peu de mystère infusé dans cette scène de basse-cour, dans la « boucle spirituelle » de la queue de la truie et dans le « rêve laiteux bleu » qui nourrit ses petits. Les royaumes du ciel et de la terre sont mélangés dans les poèmes de Kinnell, et le banal est presque toujours le siège du mystère. Dans un poème ultérieur, « L’Ange », Kinnell inverse la chaîne habituelle de l’être pour qu’un chien, et non un esprit supra-humain, devienne l’ange « qui sert d’intermédiaire entre nous et le monde en dessous de nous ».
« Saint François et la Truie » évoque le légendaire François qui vénérait tous les animaux, même la modeste mouche domestique. François était donc un choix naturel pour le porteur de la bénédiction dans le poème « cochon » de Kinnell. De son propre aveu, l’art de Kinnell est une « poétique du monde physique », et non de « la théologie et de la philosophie, avec leurs grands mots, leurs formulations, leurs systèmes hermétiques ». Au contraire, comme il le dit, « le sujet du poème est la chose qui meurt », mais pas avant que les actes mortels de la parole et du toucher puissent en faire ressortir la beauté essentielle.
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