vendredi, décembre 20, 2024

Sabrina Maddeaux : les Canadiens unis dans leurs ressentiments les uns envers les autres

Mais une grande partie de ce ressentiment est réservé au Québec

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Si vous recherchez « caractéristiques canadiennes » sur Google, vous constaterez qu’Internet nous considère comme respectueux, polis, pleins de tact et épris de paix. Mais qu’en est-il de l’aliénation et de l’amertume, en particulier lorsqu’il s’agit l’un de l’autre ?

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Un nouvel Institut de recherche en politiques publiques (IRPP) sondage constate que l’« indice de ressentiment » du Canada monte en flèche en ce qui concerne le fédéralisme et les attitudes interprovinciales. Pas seulement dans des endroits qui font les manchettes comme le Québec et l’Alberta, mais à l’échelle nationale.

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Les Saskatchewanais sont en fait plus rancuniers que les Albertains, qui se classent au deuxième rang de l’indice. Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse et le Manitoba sont d’autres provinces à l’origine du ressentiment.

Une part importante de la fureur canadienne est dirigée contre le Québec et son traitement préférentiel perçu. Bien que ces sentiments mijotent depuis un certain temps, leur propagation et leur intensité accrue pourraient bientôt forcer les politiciens fédéraux à agir pour les apaiser.

Pour déterminer les niveaux de ressentiment, les chercheurs ont combiné les réponses aux questions sur l’équité des programmes et des transferts fédéraux, si une province obtient le respect qu’elle mérite, si la culture d’une province est mal comprise par les autres Canadiens et si elle exerce une bonne influence sur la prise de décision fédérale.

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L’accent mis sur l’égalité et les opportunités par rapport aux autres provinces est essentiel, car ce qui suscite vraiment le ressentiment –– comme nous le voyons également avec l’animosité générationnelle croissante –– n’est pas de ne pas obtenir ce que l’on veut ou de ne pas avoir ce que quelqu’un d’autre fait, mais de se voir refuser un juste tiré sur ces choses.

La plupart des gens ne s’attendent pas à des résultats égaux, mais ils s’attendent, surtout dans une démocratie, à des chances égales.

Selon le rapport de l’IRPP, « de nombreuses critiques du fonctionnement du fédéralisme canadien portent sur la justice et l’équité — ou leur absence. Nous pouvons en voir des exemples dans la récente campagne du gouvernement albertain pour un « accord équitable » et son référendum de 2021 sur la péréquation. Mais les commentateurs de chaque province — même l’Ontario — ont fait valoir que leur province est mal desservie, négligée ou ignorée.

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C’est ce sentiment d’injustice qui, lorsqu’on le laisse se répandre, déstabilise les sociétés. C’est aussi pourquoi la focalisation myope des politiciens de gauche sur l’égalité des résultats continue d’échouer tout en suscitant de plus en plus de colère.

Les niveaux élevés de ressentiment qui se préparent sur la côte est du Canada sont remarquables pour leur impact potentiel sur les prochaines élections fédérales, lorsqu’il sera important pour les conservateurs à tendance populiste de Pierre Poilievre de remporter des sièges dans la région.

Terre-Neuve-et-Labrador élit sept députés au parlement, dont six sont actuellement libéraux. La Nouvelle-Écosse compte 11 circonscriptions électorales fédérales. À l’heure actuelle, huit de ces sièges appartiennent à des libéraux.

D’un autre côté, l’antagonisme entre les régions et les provinces rend plus difficile pour tout parti fédéral de gouverner de manière efficace et efficiente, en particulier lorsque les grands problèmes de l’heure, comme les soins de santé et le logement, relèvent en grande partie du domaine provincial.

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Si cette tendance se poursuit, nous pouvons nous attendre à voir plus de premiers ministres motivés par un provincialisme assumé élus dans les années à venir.

De façon inattendue, le Québec, où l’IRPP n’a sondé que les francophones, se classe septième sur 10 sur l’Indice de ressentiment. C’est parce qu’il s’avère que c’est la province la plus divisée sur ces questions. S’il y a certainement un grand nombre de francophones rancuniers au Québec, il y en a une part presque aussi importante qui ne le sont pas.

Le Québec est une exception à d’autres égards. Alors que les ressentiments de Terre-Neuve-et-Labrador et de Terre-Neuve-et-Labrador sont fortement liés au sentiment d’incompréhension culturelle du reste du Canada, d’autres provinces sont plus en colère de croire qu’elles contribuent plus que leur juste part à la nation.

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Ironiquement, « en moyenne, les résidents de toutes les provinces pensent que la région où ils vivent contribue plus que sa juste part », même si cela ne peut évidemment pas être vrai dans tous les cas.

Bien que les Québécois partagent ce sentiment, l’IRPP écrit qu’ils « n’ont pas tendance à considérer ce déséquilibre en termes de somme nulle (c’est-à-dire que s’ils cotisent davantage, c’est parce que les autres cotisent moins). D’autres provinces ont tendance à se blâmer mutuellement de ne pas faire leur part.

Le rapport constate que cela est particulièrement vrai dans les Prairies. « Dans ces provinces, le sentiment qu’elles contribuent plus que leur juste part se conjugue avec l’idée que le Québec contribue moins. Autrement dit, les perceptions d’injustice sont directement liées au ressentiment des autres régions, notamment du Québec.

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Une chose est claire : le sentiment que le Québec bénéficie d’« offres spéciales » ou d’un traitement est directement lié à la montée de la colère dans les autres provinces. C’est une tension qu’aucun politicien fédéral ne veut régler de peur de perdre des votes cruciaux au Québec, mais le moment viendra peut-être où cela deviendra inévitable afin de conserver un grand nombre de votes ailleurs.

« Le progrès nécessitera un dialogue plus honnête qui s’attaque de front à l’éléphant dans la pièce — à savoir le ressentiment du Québec — », écrit l’IRPP.

Pour l’instant, les politiciens de tous les partis semblent se contenter de permettre audit éléphant de piétiner pour casser des choses plutôt que de faire quoi que ce soit pour l’arrêter ou le ralentir. Nous ne pouvons qu’espérer qu’au moment où ils commenceront à agir, les morceaux brisés de notre fédération pourront encore être recollés.

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