Robert Eggers réinvente le personnage du comte Orlok dans son adaptation de Nosferatu, mêlant romance macabre et érotisme. S’inspirant du film muet de Murnau, il explore des thèmes d’amour et de possession à travers le personnage d’Ellen, interprété par Lily-Rose Depp, qui lutte contre les normes sociales du XIXe siècle. Eggers souhaite que son film transcende la peur pour interroger les dynamiques de pouvoir et les préjugés misogynes, tout en capturant l’attirance et le danger des monstres.
Robert Eggers et sa Vision du Nouveau Nosferatu
Bien que l’Univers Sombre puisse sembler éteint, Robert Eggers a réussi à donner vie à son successeur spirituel à travers une série de films d’horreur captivants. Avec The Witch, il nous laisse interroger la réalité de ses démons, tandis que les créatures marines tentaculaires de The Lighthouse se cachent toujours juste hors de notre vue. Quant à The Northman, il explore de manière mythologique comment les individus peuvent se transformer en monstres, perdant ainsi leur humanité. Ces œuvres dévoilent des éléments d’un autre monde en tant que reflets des superstitions et du besoin des personnages de comprendre leur environnement. Mais avec son remake de Nosferatu, Eggers souhaite susciter des émotions plus fondamentales, bien que complexes et viscérales.
Une Romance Macabre et Érotique
Le Nosferatu d’Eggers s’inspire visuellement et tonally du film muet emblématique de F.W. Murnau de 1922. En réinterprétant le personnage du comte vampirique Orlok (interprété par Bill Skarsgård) et de la troublée Ellen Hutter (Lily-Rose Depp), on ressent une influence de l’énergie sombre et sexuelle qui a rendu Dracula de Bram Stoker si audacieux à l’époque victorienne. Ce nouveau Nosferatu arrive à un moment où l’idée d’interagir avec des monstres est plus populaire que jamais, avec des franchises entières s’articulant autour de ce concept.
Eggers, quant à lui, ne cherche pas à simplement refléter les angoisses sociétales à travers cette histoire de vampires. En tant que passionné de Dracula, il voulait que son adaptation de Nosferatu soit à la fois érotique et troublante, tout en intégrant une dimension romantique macabre et féministe, inspirée par Emily Brontë.
« Il m’a toujours été clair que Nosferatu est une histoire de démon amoureux, et l’une des grandes histoires de démon amoureux de tous les temps est Les Hauts de Hurlevent », a révélé Eggers. Cette perspective se reflète dans le personnage d’Ellen, une femme brillante étouffée par les normes sociales du XIXe siècle en Allemagne, qui lutte pour faire entendre sa voix face à l’incompréhension de son mari Thomas (Nicholas Hoult).
À travers l’interprétation d’Ellen par Depp, on peut retrouver des échos de Mina Harker, l’héroïne du roman de Stoker, dont l’intelligence joue un rôle crucial dans la défaite finale de Dracula. Eggers souhaite que cette version d’Ellen représente une femme dont la compréhension profonde des événements n’est pas correctement articulée en raison du manque de langage pour exprimer ses expériences. Il insiste également sur l’importance de souligner comment les préjugés misogynes des hommes peuvent devenir un monstre à part entière.
En somme, le Nosferatu d’Eggers se distingue des autres récits de vampires récents par sa capacité à explorer les nuances de la relation entre les vivants et les morts, tout en jouant sur le concept de l’attirance et de la dangerosité des monstres. Eggers transforme ce classique en une œuvre qui ne se limite pas à la peur, mais qui interroge aussi l’amour, la possession et le désir dans un cadre macabre.