mardi, novembre 19, 2024

Richard Carleton : Nous essayons d’uniformiser les règles du jeu sur le marché des capitaux

La réglementation actuelle des valeurs mobilières décourage les entreprises prospères de rester sur les bourses émergentes à long terme

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Comme dans toute industrie, la concurrence accrue dans la prestation de services boursiers au Canada a été positive et saine. La Bourse des valeurs canadiennes, dont je suis chef de la direction, en est un bon exemple. Le CSE a été lancé il y a 18 ans avec pour mission de fournir aux émetteurs publics une alternative simplifiée et moins coûteuse à la Bourse de Toronto et à la Bourse de croissance TSX. Nous avons réussi : aujourd’hui, le CSE compte plus de 700 inscriptions actives.

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Cela dit, il y a beaucoup de place pour que l’environnement concurrentiel de cette industrie s’améliore. Je tiens à souligner un obstacle particulier à une meilleure concurrence qui est intégré dans la réglementation actuelle des valeurs mobilières. Cela décourage les entreprises prospères de rester sur les bourses émergentes telles que le CSE sur le long terme, mettant ces entreprises et notre bourse dans une position injustement désavantageuse.

Permettez-moi de commencer par un peu de contexte.

Les sociétés ouvertes au Canada sont actuellement classées de l’une des deux manières suivantes en vertu des lois sur les valeurs mobilières : comme « émetteurs » ou « émetteurs émergents ». Les émetteurs ont un ensemble d’exigences en matière d’information et de gouvernance plus rigoureux que les émetteurs émergents, qui sont traditionnellement des sociétés beaucoup plus petites. Cela est parfaitement logique. Les petites entreprises avec peu d’actifs et d’employés devraient avoir des exigences de conformité moins exigeantes.

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Le problème réside dans la définition de qui est un émetteur capital. Au lieu d’identifier ces sociétés sur la base de mesures logiques telles que la capitalisation boursière, les revenus ou les actifs, elles sont classées comme émetteurs émergents strictement en raison de leur inscription à la Bourse de croissance TSX ou à la Bourse des valeurs canadiennes.

En d’autres termes, peu importe la taille de votre entreprise : votre statut dépend entièrement de la bourse sur laquelle vous êtes coté. Si votre capitalisation boursière est supérieure à 1 milliard de dollars et que vous êtes coté au CSE, vous êtes un émetteur à risque. Si votre capitalisation boursière est proche de zéro et que vous êtes à la Bourse de Toronto, vous êtes un émetteur.

Cet étiquetage est important. Les émetteurs et les émetteurs émergents ne sont pas traités sur un pied d’égalité. Les émetteurs émergents cotés au CSE ne sont pas éligibles à l’exonération de marge en vertu des règles existantes. Cela signifie qu’ils ne peuvent pas être achetés dans les comptes sur marge des clients ; les titres de ces émetteurs dans les stocks des courtiers sont comptabilisés à leur pleine valeur dans les fonds propres réglementaires de la société. Cela augmente leur coût de financement et peut empêcher certains concessionnaires d’accéder à l’espace.

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Une autre façon dont les émetteurs et les émetteurs de capital-risque sont traités différemment est que les mandats d’investissement des investisseurs institutionnels peuvent ne pas permettre aux gestionnaires d’actifs d’acheter les titres des émetteurs de capital-risque, réduisant ainsi l’éventail des capitaux disponibles pour ces sociétés. De la même manière, certains fournisseurs d’indices internationaux n’envisageront pas d’inclure les émetteurs de capital-risque dans leurs indices, refusant ainsi aux sociétés de s’exposer aux investisseurs.

Jusqu’à récemment, ces différences n’étaient pas un problème majeur. Lorsque les petites sociétés ouvertes atteignaient un certain niveau de succès à la TSX-V ou au CSE, elles transféraient généralement leur inscription à la TSX ou à une bourse américaine. En conséquence, ils perdraient le label Venture et seraient reclassés en tant qu’émetteurs, auquel cas les restrictions Venture ne s’appliqueraient plus.

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Mais grâce au récent succès du CSE à attirer et à retenir des émetteurs plus importants, en particulier dans le secteur du cannabis, l’évolution « normale » des entreprises prospères passant du CSE au TSX s’est interrompue. Le CSE est désormais établi comme un foyer crédible pour les entreprises plus grandes et plus avancées.

Si nous nous réjouissons de cette évolution, le statut de Venture Issuer est devenu un réel problème. Ces grandes sociétés cotées au CSE, dont certaines ont des capitalisations boursières de plusieurs milliards, sont considérablement désavantagées par rapport à des sociétés comparables sur des bourses concurrentes qui se trouvent être classées comme émetteurs et peuvent ainsi bénéficier d’une éligibilité aux marges et d’un meilleur accès aux investisseurs.

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On pourrait attendre que les différents régulateurs s’attaquent au déséquilibre concurrentiel. Mais fidèles à notre nature de perturbateurs, nous abordons ces problèmes de front.

Nous sommes actuellement en train de réécrire nos politiques de cotation afin de créer deux pistes pour les sociétés cotées au CSE : une pour les émetteurs à risque et une autre pour les sociétés plus matures. En vertu des nouvelles règles, la plupart de nos sociétés resteront des émetteurs émergents. Les sociétés les plus grandes et les plus avancées, cependant, seront reclassées, leur permettant — nous l’espérons — de profiter des mêmes avantages que les émetteurs à la TSX. En conséquence, ils seront également soumis à un régime de gouvernance d’entreprise plus rigoureux qui reflète le régime régissant les émetteurs existants sur d’autres bourses.

Nous avons travaillé de concert avec les organismes de réglementation des commissions des valeurs mobilières de l’Ontario et de la Colombie-Britannique pour formuler cette révision de nos politiques d’inscription. Les modifications proposées sont actuellement ouvertes aux commentaires du public sur les sites Web respectifs des régulateurs et sur le site Web du CSE.

Nous invitons les membres de la communauté des investisseurs à soutenir notre proposition en soumettant des commentaires. À notre avis, les changements sont une question d’équité et de bon sens. En nous attaquant à des réglementations manifestement désuètes, nous pouvons améliorer le paysage concurrentiel pour les émetteurs et les investisseurs au Canada et assurer un marché des capitaux solide et dynamique à long terme.

Richard Carleton est chef de la direction de la Bourse des valeurs canadiennes.

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