Revue Hellblade 2 – une exploration approfondie de la guérison

Alors que je cherche de l’air et que je donne des coups de pied frénétiques vers la surface de l’océan avec ce qui ressemble à un million de voix inondant mon cerveau, je suis instantanément plongé profondément dans la surcharge sensorielle qui est la sienne. Lame infernale 2. Son prédécesseur, Senua’s Sacrifice, a peut-être été lancé il y a près de sept ans maintenant, mais j’ai l’impression qu’elle et moi sommes séparés depuis à peine cinq minutes.

L’audio binaural continue de me submerger alors que je suis projeté vers le littoral vague après vague, paralysé par la puissance de l’océan et incapable de se mettre en sécurité. Les yeux d’un cadavre se tournent vers moi – n’est-ce pas ? – alors que j’ai du mal à maintenir une emprise sur les rochers glissants. Senua’s Saga : Hellblade 2 m’a plongé dans le grand bain, et je suis instantanément immergé à nouveau dans le monde brutal du 9e siècle de Ninja Theory.

Une légère touche de peinture danse sur l’environnement rocheux pour faire allusion subtilement à mon prochain mouvement, mais jamais de manière odieuse. Je continue désespérément à chercher à échapper à l’assaut auditif d’une combinaison de chuchotements, de cris et de supplications mêlés de râles mortels et de gémissements atroces, et je constate que mon pouce est pressé si fort contre le joystick gauche qu’il commence à laisser une empreinte. Il n’y a rien de confortable chez Senua, ou dans sa Saga, et je ne veux pas qu’il y en ait.

Je ressens une aura de reconnaissance alors que je pousse Senua à avancer. Après avoir visité plusieurs fois le décor de Hellblade 2 en Islande, je reconnais les colonnes de roche basaltique, de couleur gris foncé, recouvertes d’humidité provenant des embruns de l’océan. J’ai vu le magma à partir duquel ils se sont formés à l’horizon lointain, s’écoulant librement et de façon menaçante. J’ai esquivé leurs dépôts et admiré leur magnificence en marchant le long du littoral. Ninja Theory a créé quelque chose qui rappelle si joliment l’Islande du monde réel que j’ai dû interrompre mon approche à plusieurs reprises pour me réaligner avec la réalité.

Je tombe sur le village abandonné de Freyslaug, orné de cadavres mutilés – certains éparpillés dans les sentiers, d’autres cloués au-dessus des portes. Grâce aux visions et aux pensées intrusives de Senua, une image vivante est dressée de ce qui aurait pu se produire ici – des gémissements rauques, une brûlure féroce, le cri d’un bébé… le gémissement mortifié d’une mère. La psychose de Senua signifie que les voix qu’elle entend, connues sous le nom de Furies, sont au mieux un narrateur peu fiable. Ils fourniront des informations qui pourraient aider ou entraver mon aventure, comme m’avertir des attaques imminentes d’adversaires hors écran, faire allusion à des objets de collection ou à des solutions d’énigmes à proximité, me décourager de prendre certaines décisions ou fournir des extraits d’informations sur d’autres personnes que nous avons. Je rencontrerai. De temps en temps, je ne peux m’empêcher de souhaiter qu’ils me laissent faire et me laissent découvrir les choses par moi-même, mais alors une réalité bouleversante s’installe autour de moi – Senua, tout comme toute personne qui souffre quotidiennement de psychose, n’a pas un choix.

Trop souvent, la mauvaise santé mentale a été présentée dans les jeux vidéo comme une source de mal, perçue de manière extrêmement négative, et ceux qui en souffrent doivent considérer leur état comme des afflictions à honter et à « guérir ». Voir Alice d’American McGee – même si elle n’est pas décrite comme méchante, sa folie est toujours décrite comme l’empêchant d’être elle-même « vraie » et qu’elle est une personne inférieure pour cela.

Ninja Theory n’a pas abordé à la légère la psychose et ses effets tout au long de la série Hellblade, mais elle ne les a certainement pas diabolisés non plus. Travaillant aux côtés de Paul Fletcher, psychiatre et professeur de neurosciences à l’Université de Cambridge, le studio a entendu des témoignages de première main sur la psychose. Fletcher affirme que la façon dont le cerveau traite le monde qui l’entoure provient en partie des cinq sens et en partie de l’expérience acquise ou de choses qu’il connaît déjà. Il parle des traumatismes de Senua, notamment de son père violent, du sacrifice de sa mère, de l’invasion de son village et du meurtre de son amant qui a suivi. Il pense qu’il est possible que tous les traumatismes passés de Senua puissent « la faire basculer dans cette expérience psychotique » telle que décrite dans les jeux.

Le traumatisme de Senua s’est senti nouveau, brut et à son plus douloureux dans Senua’s Sacrifice, qui raconte son expérience en acceptant que Dillion, son partenaire, soit parti pour toujours. Sa psychose est aiguë et il lui est difficile de s’en sortir. Elle ne peut ignorer aucune des voix qu’elle entend ou des visions qu’elle voit. Dans Senua’s Saga, même si elle n’a pas connu de guérison miraculeuse, l’équilibre des pouvoirs a changé et elle se retrouve capable de prendre le contrôle, de prendre des décisions et de maîtriser certaines intrusions.

Les Furies sont toujours présentes tout au long de Saga, mais leur ton a changé. Senua reste tourmentée par la voix de son père, mais des souvenirs de mythes islandais se joignent aux voix, la poussant à explorer les régions et à découvrir leur passé. La psychose de Senua semble être une expérience plus équilibrée que lorsque nous l’avons rencontrée pour la première fois, mais certainement pas moins réelle pour elle. Cette fois-ci, Senua est capable de s’engager et d’interagir avec les autres en fonction de leur réalité perçue ainsi que de la sienne.

Eddy Maile, un pair aidant au Cambridge and Peterborough Foundation Trust, a travaillé avec Ninja Theory pour perfectionner sa représentation de la psychose dans Senua’s Saga. Ayant lui-même vécu une expérience de psychose, il décrit le portrait de Hellblade comme ne ressemblant à rien de ce qu’il a « jamais vu auparavant en termes de réalisme ». L’approche de Ninja Theory cherche à briser les frontières entre ceux qui vivent avec la psychose et ceux qui ne la comprennent peut-être pas en développant un lien entre le joueur et Senua.

La psychose de Senua s’immisce et la submerge une fois de plus lorsqu’elle explore une vaste série de grottes et de tunnels souterrains noyés dans l’obscurité, avec des reflets microscopiques de lumière se regroupant pour suggérer la voie à suivre. Senua peut modifier sa réalité des grottes pour résoudre un ensemble d’énigmes et débloquer de nouveaux chemins. La zone se termine avec les mots d’encouragement et de louange des Furies avant qu’elle ne tombe dans une flaque d’eau apparemment peu profonde qui se transforme en un océan sans fin. Le monde qui l’entoure se divise en fragments kaléidoscopiques, dont chacun renvoie subtilement à son propre reflet. Des stalactites pendent aux plafonds bas, teintées de rouge, telles des vrilles menaçantes.

Cet environnement toujours inquiétant et peu fiable peut être manipulé à tout moment et revenir en arrière avant que j’aie eu la chance de m’adapter au changement. De même, il peut bouger, bégayer et rester en mouvement pendant une période de temps inconfortablement longue. Ce malaise est accentué par la production audio exceptionnelle accompagnée d’une bande-son composée et enregistrée presque entièrement par le groupe folk expérimental Heilung.

Après avoir parlé à Heilung environ 18 mois avant la sortie de Hellblade 2, le groupe m’a parlé de ses multiples voyages en Islande pour perfectionner la musique, notamment en enregistrant des parties de la bande originale dans une grotte de lave. « Lorsque nous créons nos propres albums, nous allons dans la nature et enregistrons de vrais sons », m’a expliqué le compositeur et musicien Christopher Juul, « et c’est exactement ainsi que Ninja Theory travaille avec ce jeu pour le rendre aussi immersif et naturel que possible. » Lorsque je marche dans une grotte et que j’entends des gouttelettes tomber de son plafond, ou que je cours le long du rivage et que j’entends les embruns de l’océan s’écraser violemment contre les rochers, je me souviens de cette technique et je reste toujours reconnaissant pour le dévouement que l’équipe audio de Ninja Theory a mis. la création de Hellblade 2.

Tout comme l’audio ajoute au réalisme, les changements fluides entre le gameplay et les cinématiques sont produits si parfaitement que les deux ne luttent jamais pour le contrôle et ne brisent pas non plus l’immersion. Bien que je ne sois jamais vraiment à l’aise en jouant à Senua’s Saga, les moments particulièrement nerveux sont réservés lorsque je contrôle Senua, mais je ne vais jamais trop loin, et ils ne sont pas non plus mis en avant pour une valeur de choc.

Les sections de puzzle offrent une pause bienvenue dans l’inquiétude du récit et vous donnent l’espace pour respirer sans prolonger leur accueil. Même si certains peuvent prendre quelques minutes pour aligner correctement les symboles ou éteindre les flammes dans le bon ordre, la mécanique de ces énigmes est suffisamment simple pour que la progression ne s’arrête jamais.

De même, les combats ne gênent jamais la progression ou un bon rythme. Bien qu’il n’y ait pas de didacticiel ni de HUD, les attaques légères et lourdes combinées aux manœuvres d’esquive et de parade sont faciles à maîtriser et à maîtriser. Senua’s Saga améliore également le combat de son prédécesseur en permettant aux ennemis de se jeter dans le combat. Cela se traduit par des séquences glorieuses où je pare un ennemi avant de lui envoyer un coup de grâce sanglant au moment où un autre tend la main hors de l’écran pour me saisir à la gorge et lancer une nouvelle bataille à mort.

Affronter des géants, ce que vous ferez plusieurs fois au cours des sept heures d’histoire de Hellblade 2, est une affaire complètement différente. Plutôt que de combattre en utilisant les mécanismes de combat que j’ai appris jusqu’à présent, j’évite les chutes de débris pour me rapprocher de mon ennemi géant, m’accroche aux piliers pour rester à l’abri des vagues écrasantes ou sprinte à travers des éruptions de feu.

Senua apprend également à travailler aux côtés de plusieurs personnages secondaires malgré l’apparente impossibilité de faire confiance aux étrangers dans un monde aussi cruel. Alors que Senua maintient initialement ses défenses pour assurer sa propre survie, son inquiétude finit par se transformer en la question de savoir si elle, ou pas eux, est la véritable menace. Au-delà du travail sur les personnages, certains éléments de l’histoire m’amènent à rechercher frénétiquement la mythologie islandaise afin d’apprécier l’histoire de Senua à un autre niveau.

Le jeu est exceptionnellement linéaire et dirigé, les choix d’armes de Senua sont limités à son épée, et il n’y a aucun choix qui modifie l’histoire à faire, mais je ne souhaite pas une plus grande agence. Au moment où le générique arrive, j’ai l’impression d’avoir fait le voyage de Senua avec elle, et c’est une expérience résolument écrite sur laquelle je n’ai pas besoin de laisser ma marque.

Hellblade 2 est une histoire impeccable de traumatismes, de douleur et de choix difficiles ponctuée de moments de beauté et de force. Si Senua’s Sacrifice était la représentation la plus réaliste de la maladie mentale dans les jeux vidéo, alors Senua’s Saga est une continuation du processus de guérison, d’acceptation et de croissance.

Le code a été fourni par Xbox et Ninja Theory pour les besoins de cette revue.