lundi, janvier 27, 2025

Retraite anticipée : un fonctionnaire sur deux en profite, est-ce le bon moment ?

Le désir de retraite anticipée est répandu, mais souvent inaccessibile. Reto Spring, président de la FPVS, met en garde sur les coûts et souligne l’importance de la planification financière. Bien qu’une retraite puisse être bénéfique pour certains, le travail reste essentiel pour le bien-être social et physique. Malgré cela, de nombreux employés, surtout dans le secteur public, choisissent de partir plus tôt, souvent en raison de leur situation financière favorable.

Le désir de prendre une retraite anticipée est un souhait partagé par de nombreux travailleurs. Cependant, il est essentiel de reconnaître que cela n’est pas à la portée de tous. Reto Spring, président de l’Association des planificateurs financiers de Suisse (FPVS), souligne que « une retraite anticipée peut s’avérer très coûteuse ». Il ajoute que beaucoup de personnes ne prennent pas en compte l’ampleur des économies nécessaires, car les dernières années avant la retraite sont cruciales pour la planification financière.

Un tiers de la vie en retraite

Spring recommande souvent à ses clients de reconsidérer leur choix de prendre une retraite anticipée. Sa perspective va au-delà des considérations financières : « Travailler contribue à maintenir une bonne forme physique et donne un sens à l’existence. » Avec l’espérance de vie qui continue d’augmenter, de nombreux individus passent un tiers de leur vie en retraite. « Au lieu de se concentrer uniquement sur le golf, il peut être plus gratifiant de se sentir utile. »

Pour ceux qui souffrent de problèmes de santé, une retraite anticipée peut être judicieuse, indique Spring. En revanche, pour les personnes en bonne santé, la situation est différente : « J’ai souvent remarqué que les individus se laissent aller dès qu’ils cessent de travailler, manquant de contacts sociaux. » D’où l’idée que prolonger son activité professionnelle et envisager une transition douce pourrait être plus bénéfique.

Cependant, en pratique, les conseils de Spring semblent avoir peu d’impact. De nombreuses personnes, notamment dans la fonction publique, choisissent de partir plus tôt en retraite. Des données montrent que 54 % des hommes dans la caisse de pension de la Confédération optent pour une retraite anticipée, avec un âge moyen de départ à 63,6 ans.

Pour les femmes, le chiffre est légèrement inférieur à 43 %. Des chiffres similaires ressortent également de la caisse de pension de la ville de Zurich, où 55 % des hommes prennent leur retraite anticipée. Même dans des entreprises semi-publiques telles que la SBB ou la Poste, seulement un employé sur deux travaille jusqu’à 65 ans.

Thomas Schmutz, directeur adjoint de l’Office fédéral du personnel, note toutefois une tendance encourageante : « Nous avons éliminé les incitations à la retraite anticipée. Actuellement, nos employés partent en moyenne quelques mois avant l’âge de référence, soit un an et demi plus tard qu’en 2008. »

Il souligne également qu’il s’agit d’un secteur spécifique de l’administration publique, où l’âge moyen de départ à la retraite des hommes a atteint 64,0 ans fin 2023. « Afin d’inverser cette tendance face à la pénurie de main-d’œuvre, nous devons encourager les employés à travailler au-delà de 65 ans, ce qui nécessite des efforts conjoints des employeurs et un changement sociétal. »

L’impact de la prospérité

Pourquoi tant de travailleurs choisissent-ils la retraite anticipée ? Est-ce principalement un phénomène lié à la prospérité, où les individus bien établis prennent leur retraite, ou sont-ils poussés à partir par leurs entreprises ? Une étude récente de Swiss Life indique que le premier facteur est dominant.

Parmi ceux qui prennent leur retraite anticipée, 45 % affirment vouloir profiter de leur temps libre, tandis que 32 % mentionnent qu’ils peuvent financièrement se permettre de ne plus travailler. La mauvaise santé ou le manque d’énergie n’est cité qu’en troisième position. Seulement 15 % des répondants évoquent des raisons liées à leur entreprise.

Les statistiques montrent également qu’un bon salaire favorise la retraite anticipée. En général, 39 % des employés prennent leur retraite un an avant l’âge normal, ce chiffre montant à 46 % dans le secteur public, où les salaires sont généralement plus élevés. Une étude de l’institut IWP révèle que le salaire annuel moyen dans l’administration fédérale est de 120 000 francs, contre près de 90 000 francs dans le secteur privé. Les employés de la fonction publique bénéficient d’une prime salariale de 12 % pour une qualification équivalente.

Le secteur financier présente le taux le plus élevé de retraites anticipées, avec 58 % de départs prématurés. Dans le cas des employés masculins de l’UBS, l’âge moyen de départ à la retraite est de 61,9 ans, et seulement 38 % d’entre eux continuent de travailler jusqu’à 65 ans.

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