Une commission d’enquête interroge Angela Merkel sur le retrait chaotique des troupes allemandes d’Afghanistan en 2021. L’audition attire un public nombreux au Bundestag. Les députés s’interrogent sur les négociations avec les États-Unis et le devoir de protection des collaborateurs afghans. Des questions émergent sur l’exactitude des informations du renseignement fédéral, et l’ancienne chancelière est critiquée pour son engagement tardif dans la crise. Des anciens ministres sont également tenus responsables.
Depuis plus de deux ans, une commission d’enquête s’attache à comprendre les raisons du retrait tumultueux des troupes allemandes d’Afghanistan en 2021. Aujourd’hui, l’ultime audition a lieu, avec pour témoin l’ancienne chancelière Angela Merkel.
Une affluence record s’est manifestée aujourd’hui au sein du bâtiment Paul-Löbe, une structure emblématique du Bundestag. La commission d’enquête sur l’Afghanistan a dû ouvrir une seconde salle pour accueillir le nombre croissant de visiteurs et de journalistes désireux d’assister à l’interrogatoire de l’ex-chancelière Angela Merkel concernant son implication dans ce retrait désordonné.
« La cheffe du gouvernement est celle qui, en cas de doute, centralise tout – et elle sera également interrogée sur tout », a affirmé Ralf Stegner, président de la commission. Les députés s’interrogent notamment sur la conduite des négociations avec le gouvernement américain, qui a surpris ses alliés avec l’annonce d’un retrait précipité.
« De plus, il sera essentiel d’aborder le devoir de protection envers les travailleurs locaux allemands », poursuit Stegner. Cela inclut les Afghans qui ont collaboré avec des organismes allemands, tels que traducteurs ou chauffeurs pour l’armée allemande et les organisations d’aide. Bien que certains aient réussi à fuir, de nombreux autres restent coincés dans un pays à nouveau sous le contrôle des talibans islamistes.
Le gouvernement fédéral semble avoir cessé d’accepter de nouveaux cas d’évacuation, suscitant l’indignation des ONG.
Questions sur la sécurité en Afghanistan
Thomas Röwekamp, représentant du groupe parlementaire de l’Union, souhaite obtenir des éclaircissements sur les informations concernant la situation sécuritaire en Afghanistan durant l’été 2021 lors de la séance d’aujourd’hui.
« Un reproche a été formulé publiquement selon lequel le service de renseignement fédéral aurait mal informé les décideurs politiques », déclare Röwekamp, mettant en cause cette représentation.
Au cours de la commission d’enquête, le président du service de renseignement fédéral est également amené à témoigner aujourd’hui.
Helge Braun également convoqué en tant que témoin
La supervision du service de renseignement extérieur relève de la chancellerie. Son ancien directeur, Helge Braun, sera également entendu. Au début de la séance, le politicien CDU mentionne que tous ont été pris de court par l’évolution rapide de la situation.
Braun insiste sur le fait que les informations fournies par le service de renseignement fédéral étaient exactes, même si le scénario d’une chute soudaine de Kaboul avait été considéré comme peu probable.
Les députés posent de nombreuses questions
Si les informations étaient présentes, pourquoi le retrait a-t-il été si chaotique ? Les Verts soupçonnent un manque d’intérêt de la part de la chancelière. « Quelle importance le bureau de la chancelière, elle-même, ainsi que les soldats et les forces locales, accordaient-ils à l’Afghanistan ? », interroge la députée Canan Bayram.
La politicienne FDP Ann-Veruschka Jurisch souhaite également demander à Merkel pourquoi elle s’est engagée si tardivement dans la question afghane.
Les députés estiment qu’il serait bénéfique d’avoir accès à l’agenda de l’ancienne chancelière de l’époque. Cependant, celui-ci aurait été effacé, selon Jurisch. Un sujet qui préoccupe également le député AfD Stefan Keuter. « Nous devons déterminer si des sauvegardes existent. Nous allons demander à Mme Dr. Merkel si son agenda est toujours disponible, si elle l’a et si elle peut nous le communiquer », affirme-t-il.
L’ancienne chancelière sera interrogée au Bundestag cet après-midi. Les anciens ministres Maas et Müller sont également accusés d’avoir commis des erreurs majeures lors du retrait des troupes allemandes.