En 1927, Manuel Rojas publie son premier important recueil de nouvelles, Hombres del sur (Hommes du Sud), qui comprenait sa nouvelle « El vaso de leche ». C’est l’un des contes les plus connus et les plus anthologisés de Rojas.
« El vaso de leche » (« Le verre de lait ») est une nouvelle intensément écrite qui examine un bref moment de la vie d’un jeune sans travail et très affamé. Le jeune sans nom se voit refuser du travail et de la nourriture gratuite. Il est finalement submergé par une faim plus forte que son orgueil. Il accepte du lait et des biscuits de la part de la femme du bar à lait et éprouve une puissante libération émotionnelle. Elle comprend, et il quitte le café sans payer.
Grafton Conliffe identifie Rojas comme l’un des premiers écrivains chiliens. Il était innovant dans le développement du personnage, dépeignant des personnes travailleuses et déprimées d’une manière sensible et sympathique. Cedomil Goic rapporte que Rojas a été le premier écrivain chilien à utiliser le narrateur subjectif, un narrateur qui commente et participe à la narration de l’histoire. Cependant, le narrateur de « Le verre de lait » est un narrateur objectif. Rojas a reconnu avoir été influencé par les écrivains américains Ernest Hemingway et William Faulkner.
Dans sa fiction, Rojas a souvent inclus du matériel autobiographique issu de sa jeunesse, quand lui et sa famille erraient dans les montagnes du sud du Chili et de l’Argentine. Cependant, cette histoire ne parle pas de lui-même. C’est un conte sur le sort des classes inférieures dans sa patrie d’adoption, comme en témoigne la vie d’un jeune garçon. Rojas ne prêche pas ; il laisse ses lecteurs tirer leurs propres conclusions sur les problèmes auxquels ces personnes sont confrontées.