Gary Snyder a placé « Anasazi » comme premier poème de son recueil de 1974Tortue île. Son placement est significatif car le premier poème donne souvent le ton au reste du livre, et c’est le cas ici. Anasazi est un mot Navajo le plus souvent traduit par « anciens », et il désigne un groupe d’Amérindiens que l’on pense être les prédécesseurs des Indiens Pueblo modernes. D’environ 200 à 1300 après JC, les Anasazi ont habité la région des Four Corners des États-Unis, englobant le sud de l’Utah, le sud-ouest du Colorado, le nord-ouest du Nouveau-Mexique et le nord de l’Arizona. Comme l’indique le poème de Snyder, les Anasazi étaient très doués pour l’horticulture, la fabrication de poterie, la vannerie et l’architecture, et on se souvenait surtout de leurs villages construits à flanc de falaises abruptes. Bien que les opinions varient sur ce qui a finalement dispersé ces Amérindiens dans le sud-ouest des États-Unis et au Mexique, il est largement admis qu’il s’agissait d’un peuple très sophistiqué et hautement développé qui a laissé derrière lui une multitude de marchandises remarquables et de structures intrigantes.
« Anasazi » est un poème de célébration, un peu comme un chant ou un chant de louange. Son créateur est à la fois poète et anthropologue, et il combine les deux vocations pour produire des œuvres d’images vivantes et respectueuses d’une humanité qui vit simplement et en harmonie avec la nature. Alors que le poème peut être clairsemé dans la langue, il est plein de sens, en témoignent des mots forts et descriptifs et une cadence efficace. Il engage à la fois l’histoire et le mythe, présenté avec des métaphores et des allitérations frappantes. Et, aussi, cela reflète la ferveur de Gary Snyder pour dépeindre la force et la beauté de la culture amérindienne et sa capacité à exprimer de grands éloges en un minimum de mots. Pour ces raisons, le poème fournit un bon début pourTortue île dont le propre titre fait référence au nom original de l’Amérique du Nord transmis par la mythologie indienne.