L’article explore l’obsession de contrôle de René Benko, un investisseur immobilier autrichien, qui, malgré le succès de son entreprise Signa, a toujours entouré ses activités d’une surveillance intense. Avec des allégations de surveillances de collaborateurs, notamment de Dieter Berninghaus, son ancien partenaire, il met en lumière la paranoïa croissante de Benko, exacerbée par des difficultés financières signalées fin 2022, culminant dans la faillite de Signa en novembre 2023.
Le désir de contrôle a toujours été une caractéristique majeure de René Benko, selon ses associés. Même à une époque où ses affaires avec le groupe Signa prospéraient, cet investisseur immobilier autrichien ne se déplaçait jamais sans la protection de deux ou trois gardes du corps. Sa villa à Igls, surplombant Innsbruck, était entourée de nombreuses caméras de surveillance. De plus, ses employés avaient l’impression que leurs actions étaient constamment sous surveillance, que ce soit pour leurs courriels ou pour des documents à imprimer au bureau.
D’après d’anciens collaborateurs de Signa, Benko prenait un soin particulier à collecter des informations sur ses investisseurs avant chaque rencontre. Cela incluait souvent des détails personnels, ce qui contribuait à instaurer un climat de confiance. Par exemple, si un investisseur mentionnait que son fils avait récemment commencé ses études, Benko s’enquiert lors de la prochaine rencontre de la réussite académique du jeune homme.
De l’obsession au doute
De l’obsession au doute
Vers la fin de l’année 2022, la situation de Signa a commencé à se détériorer. Klaus-Michael Kühne, un investisseur clé, s’est retiré, bien que cela n’ait pas encore été apparent au public. Les autres partenaires de Signa Holding ont commencé à ressentir l’inquiétude. Dans ce contexte, Benko tentait de leur faire miroiter une nouvelle augmentation de capital, mais cela n’a pas été bien accueilli. En novembre 2023, la situation a atteint un point critique, conduisant à la faillite de l’entreprise.
Face à cette pression grandissante, la confiance de Benko envers ses associés semblait diminuer. Des rumeurs circulaient même selon lesquelles il aurait engagé des investigations sur les CV des examinateurs de la Banque centrale européenne, qui avaient commencé à poser des questions sur les investissements de Signa durant l’été 2023.
Cette volonté de contrôle aurait également touché des partenaires d’affaires majeurs, comme Dieter Berninghaus, le stratège commercial de Benko, basé à Zurich. Conformément à une enquête menée par deux journalistes d’investigation autrichiens, Benko aurait surveillé son conseiller principal et sa famille pendant plusieurs mois.
Les journalistes possèdent un rapport de 39 pages rédigé par un détective privé à la demande de Benko. Ce document, auquel la NZZ a eu accès, comprend des informations détaillées sur la situation financière privée de Berninghaus, incluant des transactions boursières effectuées par sa femme, des données difficiles à obtenir dans le domaine public. Le détective a confirmé avoir effectué des recherches sur Berninghaus, mais n’a jamais eu de contact direct avec Benko.
Interrogé par la NZZ, Berninghaus a exprimé sa surprise et son indignation face aux révélations de l’enquête, tout en affirmant qu’il ne souhaitait pas commenter d’éventuelles actions judiciaires avant d’avoir analysé la situation. René Benko n’a pas répondu à la demande d’interview de la NZZ.
Des signes laissant présager que Berninghaus pouvait être sous surveillance étaient déjà apparus il y a un an. À l’automne 2023, des documents relatant son passé professionnel ont été diffusés dans divers médias, le présentant sous un jour peu flatteur.
Un déclin de la collaboration idéale
Un déclin de la collaboration idéale
Benko et Berninghaus formaient jadis une équipe complémentaire, chacun apportant son expertise : Benko dans l’immobilier, Berninghaus dans le commerce. Leur collaboration avait commencé lorsque Berninghaus était directeur commercial chez Migros. En 2013, il avait aidé Benko à réaliser l’acquisition de la chaîne de magasins allemande Karstadt.
Après le passage de Berninghaus à Signa en 2016, ils ont poursuivi ensemble des projets ambitieux. Berninghaus a notamment créé et dirigé la division commerciale de Signa, orchestrant des acquisitions significatives comme celle de Globus en Suisse et des célèbres grands magasins Selfridges en Grande-Bretagne. Ils aspiraient à bâtir le « plus grand grand magasin de luxe au monde », comme l’a déclaré Berninghaus dans une interview en 2022.
Suite à son arrivée chez Benko, Berninghaus avait également investi dans Signa. Cependant, la relation entre les deux hommes a commencé