La France et le Royaume-Uni ont proposé des mesures pour instaurer la paix en Ukraine lors d’un sommet, mais ces idées suscitent des interrogations, notamment en Allemagne. Les dirigeants s’accordent sur le fait que l’Ukraine a besoin d’un soutien militaire continu, avec un renforcement de ses capacités. Une proposition clé est la création d’une force de réassurance européenne, mais des réticences existent parmi certains pays. Les États-Unis restent jugés essentiels pour toute avancée significative dans le soutien à l’Ukraine.
La France et le Royaume-Uni ont pris les devants lors d’un sommet crucial consacré à l’Ukraine. Toutefois, leurs propositions pour instaurer la paix dans ce pays soulèvent de nombreuses interrogations, notamment en Allemagne, où elles suscitent un certain rejet.
Il est indéniable que tous les participants s’accordent sur un point fondamental : l’Ukraine a encore besoin de notre soutien, et ce soutien sera maintenu. C’est ce qu’a affirmé le chancelier Olaf Scholz (SPD), renforcé par le président français Emmanuel Macron, qui a voulu réitérer l’engagement collectif envers le peuple ukrainien.
Un soutien militaire continu
Scholz et Macron partagent une analyse sur la situation actuelle, à savoir que la Russie ne manifeste pas un réel intérêt pour la paix. En conséquence, l’Ukraine nécessite un soutien militaire continu, ce qui, selon Emmanuel Macron, implique de renforcer les capacités de l’armée ukrainienne.
Macron affiche ainsi une volonté de leadership franco-britannique. Avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, il souhaite confier aux chefs d’état-major militaires la mission d’initier une collaboration conjointe en Ukraine. ‘Il est essentiel de travailler main dans la main avec les partenaires ukrainiens pour définir la future structure de l’armée ukrainienne’, a déclaré Starmer. ‘Quelles forces armées, quelles capacités maritimes et aériennes sont nécessaires pour contrer une éventuelle agression russe et dissuader de telles actions?’
Pour la France, une armée ukrainienne robuste est perçue comme la meilleure garantie de sécurité pour le pays.
Création d’une force de réassurance européenne
Parmi les propositions de garanties de sécurité, une initiative clé pour Macron est celle d’une force de réassurance. Il s’agit de déployer des ‘troupes de réassurance’ européennes en Ukraine, mais uniquement après qu’un cessez-le-feu ait été établi.
Ces forces ne seront pas déployées en première ligne, mais leur présence vise à sécuriser des zones stratégiques et à former des militaires ukrainiens. ‘Ces troupes de réassurance sont une initiative conjointe franco-britannique, et l’Ukraine en exprime le souhait. D’autres États ont également montré leur intérêt à y participer’, a précisé Macron, sans toutefois nommer les pays potentiellement impliqués.
La mission franco-britannique prévue se concentrera également sur la préparation du déploiement de ces troupes, en collaboration avec les Ukrainiens pour évaluer le nombre de soldats nécessaires et identifier les ‘zones stratégiques’ pour leur stationnement.
Le BND et la Bundeswehr ont également mis en garde, de manière plus explicite que par le passé, concernant le risque d’une attaque russe sur le territoire de l’OTAN.
Controverses et incertitudes persistantes
Conscient que cette proposition est parmi les plus discutées, Macron a reconnu l’absence de consensus. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a, lors d’une conférence de presse, exprimé des doutes et a soulevé des questions sur le rôle précis de ces troupes, leurs capacités d’engagement et leur composition.
De plus, plusieurs pays, dont la Pologne, l’Italie et l’Allemagne, se montrent réticents à participer à une telle mission. ‘Nous nous efforçons de garantir que l’Ukraine possède une armée forte’, a déclaré le chancelier Scholz. ‘Toute autre discussion doit être abordée ultérieurement’, a-t-il ajouté, plaidant pour se concentrer sur l’essentiel dans ce contexte d’incertitudes.
Le président ukrainien Zelensky reste convaincu du soutien des États-Unis dans la lutte contre la Russie.
L’importance des États-Unis dans le soutien à l’Ukraine
Un autre point de divergence entre la France et l’Allemagne concerne le rôle des États-Unis. Pour Scholz, il est indéniable qu’aucune avancée significative ne pourra être réalisée sans l’engagement des partenaires américains, qui disposent d’un poids politique et de capacités militaires considérables. ‘Il est clair que tout ce que nous planifions pour l’avenir doit inclure la participation des États-Unis’, a-t-il affirmé.
Selon lui, les garanties de sécurité américaines resteront centrales pour l’avenir, tandis que le président Macron, tout en considérant les États-Unis comme un ‘partenaire fiable’, adopte une vision plus prudente. Il insiste sur le principe : Espérer le meilleur – et se préparer au pire, c’est-à-dire être optimiste tout en prenant des mesures pour faire face à d’éventuelles complications.