dimanche, mars 23, 2025

Réduire les coûts de la transition énergétique en Allemagne : les propositions de Friedrich Merz

Les coûts énergétiques en Allemagne, supérieurs à la moyenne mondiale, posent des défis pour l’industrie et nécessitent une attention du futur gouvernement, probablement formé par l’Union et le SPD. Un rapport d’experts souligne une surestimation de la demande d’électricité, préconisant une réévaluation des infrastructures énergétiques et des coûts d’électricité. La sécurité d’approvisionnement doit également être assurée par de nouvelles centrales à gaz flexibles, tandis que des simplifications réglementaires sont jugées essentielles pour avancer dans la transition énergétique.

Les Défis des Prix de l’Énergie en Allemagne

Les coûts énergétiques en Allemagne, qui dépassent la moyenne internationale, constituent un point faible pour le secteur industriel du pays. Cette problématique devra être traitée par le futur gouvernement, vraisemblablement composé de l’Union et du SPD.

Pour aborder ces défis, le nouveau gouvernement pourrait s’inspirer d’un rapport récent publié par la commission d’experts en charge de suivre la transition énergétique, lequel a été rendu public vendredi dernier, en lien avec les négociations de coalition en cours.

La Surévaluation de la Demande Électrique

Le groupe d’experts, dirigé par Andreas Löschel de l’Université de la Ruhr à Bochum, a été établi par le gouvernement fédéral en 2021. Dans leur dernier rapport, les auteurs soulignent la nécessité de prendre en compte les potentiels d’économies lors du développement des infrastructures énergétiques.

Veronika Grimm, membre de la commission et professeure à l’Université technique de Nuremberg, a révélé aux journalistes que l’augmentation de la demande d’électricité d’ici 2030 a probablement été surestimée dans les précédentes prévisions. Les plans actuels pour l’expansion des énergies renouvelables et des réseaux s’appuient sur l’hypothèse qu’en 2030, la consommation brute d’électricité en Allemagne atteindra environ 750 térawattheures (TWh). Cependant, Grimm affirme que cet objectif ne sera pas atteint, soulignant une légère diminution continue de la consommation depuis 2017, qui a atteint 522 TWh l’année dernière.

Le rapport attribue cette situation à la conjoncture économique faible des secteurs à forte consommation d’électricité, ainsi qu’à un retard dans l’électrification des transports, le nombre de voitures électriques enregistrées n’atteignant que 1,4 million d’ici fin 2024, rendant l’objectif du gouvernement de 15 millions de véhicules d’ici 2030 difficile à réaliser.

Dans le même temps, Anke Weidlich de l’Université Albert-Ludwig de Fribourg souligne l’urgence de décarboniser les secteurs du bâtiment et des transports, tout en visant la neutralité climatique pour l’industrie. Selon elle, une stratégie centrale pour atteindre ces objectifs repose sur une électrification soutenue par des prix de l’électricité réduits. Elle affirme que la priorité doit être accordée à la baisse des coûts de l’électricité et à un marché des droits d’émission de CO2 robuste.

Les experts recommandent également de réexaminer les ambitieux projets d’expansion des réseaux électriques, étant donné que la consommation d’électricité croît plus lentement que prévu. Grimm propose d’évaluer si les décisions d’investissement pour l’expansion du réseau peuvent être ajustées, ce qui pourrait, à terme, atténuer l’augmentation des frais d’utilisation du réseau, pesant ainsi sur les consommateurs.

Il est important de noter que malgré ces ajustements, la planification rapide et l’approbation des projets de lignes restent essentielles. De plus, des économies pourraient être réalisées en privilégiant les lignes aériennes pour des projets à courant continu plutôt que des câbles souterrains.

Les acteurs du secteur ont également insisté sur la nécessité de réduire les coûts. La Fédération allemande de l’industrie a récemment publié vingt propositions à cet égard, soutenues par une étude du Boston Consulting Group. De plus, les dirigeants des entreprises énergétiques E.On et RWE ont appelé à un ajustement des objectifs d’expansion.

Une approche pour réduire les coûts pourrait passer par l’introduction de zones de prix de l’électricité locales ou régionales. Les tarifs uniformes à l’échelle nationale ne tiennent pas compte des pénuries régionales, conduisant à des décisions d’emplacement inefficaces et à une exploitation non rentable des installations de production. Grimm et d’autres économistes ont proposé cette idée l’été dernier, mais elle a été largement rejetée jusqu’à présent.

Garantir la Sécurité d’Approvisionnement

Le nouveau gouvernement doit également se pencher sur les capacités des centrales électriques pilotables. Ces installations, qui peuvent être activées de manière flexible lorsque la production d’électricité renouvelable est insuffisante, voient leurs capacités diminuer, notamment en raison de la sortie du charbon. En effet, l’année dernière, le stock de centrales pilotables est tombé pour la première fois en dessous de 90 gigawatts.

La construction de nouvelles centrales à gaz flexibles est essentielle pour assurer la sécurité de l’approvisionnement, selon Felix Matthes de l’Öko-Institut. Bien qu’une stratégie pour ces centrales ait été élaborée par le précédent gouvernement, la loi nécessaire à sa mise en œuvre n’a pas été adoptée.

La commission d’experts appelle à un nouveau départ urgent, plaidant pour une simplification des réglementations afin de faciliter l’expansion. Ils estiment que les règles concernant l’utilisation de l’hydrogène au lieu du gaz actuel entravent le progrès et doivent être révisées.

Pour suivre les développements économiques, vous pouvez consulter le correspondant berlinois René Höltschi sur les plateformes X et LinkedIn.

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