Des médecins ukrainiens, comme Nadija Mozheyko, attendent la reconnaissance de leurs diplômes en Allemagne, un processus souvent long et complexe. Malgré une pénurie croissante de médecins, les procédures administratives deviennent un obstacle majeur. Des réformes sont envisagées pour accélérer ce processus, mais de nombreux médecins choisissent de s’installer dans d’autres pays européens. Nadija espère obtenir un poste en médecine interne et souhaite s’établir définitivement en Allemagne, où sa famille s’est intégrée.
Des médecins ukrainiens en attente de reconnaissance en Allemagne : une situation préoccupante
Nadija Mozheyko, médecin de laboratoire originaire de Kiev, a fui son pays en raison de la guerre qui a éclaté en février 2022. Elle a trouvé refuge avec son mari et ses deux enfants à Koblenz, en Rhénanie-Palatinat, où ils vivent depuis un an et demi. Bien que son mari ait rapidement trouvé un emploi en tant qu’ingénieur, Nadija attend toujours la reconnaissance de son diplôme de médecine ukrainien.
Cela fait maintenant six mois que ses documents sont entre les mains de l’Ordre des médecins, et l’attente devient de plus en plus pesante pour elle. « Je ne veux pas rester ici à ne rien faire », confie-t-elle.
Un processus administratif trop lent
Nadija a enfin obtenu un rendez-vous pour passer son examen de langue spécialisée, prévu en février prochain. Par la suite, elle devra probablement passer un examen de connaissances avant de pouvoir demander une autorisation d’exercice pour travailler en tant que médecin assistant, à condition de dénicher un poste dans un hôpital.
Susanne Johna, présidente du Marburger Bund, souligne que la reconnaissance des qualifications doit être indiscutable, mais elle déplore que les demandeurs attendent parfois plus de deux ans pour passer ces examens. « Les processus administratifs prennent simplement trop de temps », affirme Johna.
Environ 6 000 médecins ayant fui la Syrie exercent actuellement dans des établissements de santé allemands, et Saaid Ajmman a également trouvé une nouvelle vie ici.
Des solutions pour un meilleur avenir
Oksana Ulan, médecin généraliste et présidente de l’Association des médecins ukrainiens en Allemagne, qualifie le processus de reconnaissance de « insatisfaisant ». Elle s’inquiète particulièrement des exigences liées aux examens de connaissances, qui sont basés sur l’examen d’État allemand. Pour les médecins spécialistes, cela peut s’avérer compliqué, car leur formation ne correspond pas toujours aux attentes administratives. Beaucoup doivent donc suivre des cours supplémentaires pour se préparer à ces examens, ce qui prolonge encore leur attente.
Ulan propose une solution alternative : permettre aux médecins ukrainiens expérimentés de travailler sous supervision pendant un à deux ans après la reconnaissance de leurs diplômes. Cela permettrait de vérifier leurs compétences en même temps que leur maîtrise de la langue. Selon elle, l’évaluation par le chef de service pourrait remplacer l’examen de connaissances, ne le rendant nécessaire que si les résultats s’avèrent insuffisants.
Malheureusement, de nombreux médecins ukrainiens choisissent de quitter l’Allemagne pour des pays comme l’Espagne, les Pays-Bas ou la Pologne, où ils peuvent exercer plus rapidement.
Une pénurie alarmante de médecins en Allemagne
Le président de la Société allemande des hôpitaux, Gerald Gaß, met en garde contre la situation actuelle : « Environ 5 500 postes de médecins sont vacants dans nos cliniques, et ce chiffre est en augmentation. » Avec près de 1 400 demandes de reconnaissance de médecins ukrainiens en attente, et seulement 180 approbations depuis le début de la guerre, la situation est alarmante.
Les disparités dans les critères d’examen d’un État fédéral à l’autre compliquent encore les choses, rendant le processus inégal pour les médecins cherchant à exercer.
Des réformes en vue
Face à cette crise, le ministère fédéral de la Santé prévoit des modifications de la législation concernant la reconnaissance des médecins pour accélérer les procédures. Cela inclut la possibilité de passer directement l’examen de connaissances, sans que les documents doivent d’abord être vérifiés pour leur équivalence. Des solutions visant à réduire la bureaucratie, comme la transmission électronique des documents, sont également envisagées.
Bien que ces changements soient en cours de discussion avec divers ministères et États, Nadija Mozheyko et d’autres médecins ukrainiens restent dans l’attente. Pour Nadija, quitter l’Allemagne n’est pas une option, car sa famille s’est bien intégrée. Elle aspire à obtenir un poste en médecine interne et rêve de posséder un jour son propre cabinet médical. Si elle réussit, elle envisagera de rester définitivement en Allemagne.
Ce sujet préoccupant continue de faire la une des médias, mettant en lumière la nécessité d’améliorer la reconnaissance des qualifications pour les médecins étrangers en Allemagne.