La candidature égyptienne aux Oscars « Voy ! Voy ! Voy ! », du réalisateur-scénariste-producteur Omar Hilal, est un regard noir et comique sur la migration vue à travers le prisme d’un escroc prétendant être malvoyant pour participer à la Coupe du monde de football pour aveugles. Ce film divertissant et au rythme effréné fait ses débuts marocains dans la section Séances Spéciales du Festival du Film de Marrakech. Après sa première en Égypte en septembre, il a occupé la première place du box-office pendant deux mois et a obtenu un succès remarquable dans les pays du Golfe.
Le titre se traduit par « Me voici » en espagnol et c’est ce que crient les joueurs de football aveugles sur le terrain pour éviter les collisions. Mais « Here I Come » pourrait également être la devise de son protagoniste joyeusement amoral, Hassan (Mohamed Farrag), prêt à tout pour échapper à sa vie sans issue et aux difficultés financières en tant qu’agent de sécurité.
Hilal aux multiples traits d’union a toujours voulu faire un film sur la migration. Lorsqu’il a vu un reportage sur un groupe d’Égyptiens ayant fui vers l’Europe sous les traits d’athlètes aveugles, il a pensé : « C’est le véhicule idéal pour parler du sujet de l’immigration. Une histoire qui mélange le vrai drame avec l’humour noir ; c’est exactement ce qu’est l’âme égyptienne : un mélange de drame et d’humour. Nous exprimons notre tristesse en riant. C’est très égyptien.
Omar Hilal
Avec l’aimable autorisation d’Image Nation Abu Dhabi
Bien que le film marque son premier long métrage, Hilal est un réalisateur de publicités chevronné et primé. Au cours d’une carrière de 20 ans, ses spots publicitaires se sont révélés remarquables par leur sens de l’humour intelligent, leur exécution cinématographique, leurs personnages puissants et leur excellent casting. Ces caractéristiques se retrouvent toutes dans « Voy ! Voy ! Voy ! » Hilal note : « La publicité était l’école idéale pour apprendre le cinéma, car elle perfectionne au maximum le savoir-faire de la narration… elle fait de vous un bon monteur. Vous savez ce qui compte dans l’histoire, alors vous vous concentrez sur l’extraction de cela dans une scène. »
En plus de Farag, le scénario intelligent de Hilal a attiré d’autres grands interprètes égyptiens, dont Bayoumi Fouad et Nelly Karim. Il déclare : « Je voulais ces grands acteurs parce que je voulais que cela atteigne un large public… Nelly Karim a été incroyablement généreuse en acceptant ce petit rôle (par rapport à son pouvoir de star), mais elle a défendu le scénario et s’est mise à fond. Un véritable artiste se soucie uniquement pour un bon contenu, pas pour la taille du rôle ou pour l’argent impliqué.
L’aspect le plus difficile de la réalisation de « Voy ! », confie Hilal, a été de « jouer trois rôles en tant que scénariste-producteur-réalisateur. C’était tellement de travail, d’examiner absolument chaque détail du budget, et de devoir constamment sacrifier ce que le réalisateur voulait, parce que le producteur n’avait pas le budget… le défi ici était que je devais parfois éditer mes propres désirs avant de je les ai même écrits !
Actuellement, Hilal a une idée en cours de développement pour un grand film radicalement différent dans son style et son ton de « Voy! », avec un rôle principal féminin. Il déclare : « Je ferai moins de publicités désormais. Faire un film est très exigeant, donc je choisirai chaque publicité avec soin.
Après Marrakech, le film sera projeté au Festival international du film de Rotterdam en janvier. Il sera également diffusé en édition limitée à New York et à Los Angeles, au IFC Center de New York du 1er au 7 décembre et au Laemmle Town Center d’Encino du 8 au 12 décembre.