L’Union européenne privilégie le dialogue face aux politiques douanières de Trump, tout en préparant des mesures de rétorsion. Elle envisage de réintroduire des droits de douane sur des produits américains et d’introduire de nouveaux tarifs, en respectant les règles de l’OMC. Ursula von der Leyen espère des négociations, mais l’incertitude demeure. En cas d’échec, l’UE pourrait adopter d’autres contre-mesures, tout en justifiant ses actions par la pression économique et politique exercée par les droits de douane américains.
Négociations de l’UE face à la politique douanière de Trump
L’Union européenne (UE) continue de privilégier le dialogue dans le cadre du conflit douanier avec le président américain Donald Trump. Lors de leur réunion qui débute ce matin, les ministres du Commerce des 27 États membres, accompagnés de la Commission européenne, aborderont les mesures de rétorsion qui devraient être progressivement mises en place à partir de la mi-avril. Bien que l’UE dispose d’un large éventail d’options juridiques, celles-ci suscitent des débats au sein des États membres.
Stratégies de contre-mesures douanières
Phase 1 : Rétablissement des anciens droits de douane
L’UE envisage de réintroduire des droits de douane qu’elle avait précédemment appliqués durant le premier mandat de Trump (2017-2021) en réponse à ses politiques commerciales. Ces droits, qui avaient été suspendus suite à un accord avec Joe Biden, concernent des surtaxes sur divers produits américains tels que les jeans, le whisky et les motos.
La Commission européenne projette de rétablir ces droits de douane à partir du 15 avril, dans le cadre de la réponse européenne aux surtaxes américaines sur l’acier et l’aluminium, imposées par Trump depuis la mi-mars.
Phase 2 : Introduction de nouveaux droits de douane
L’UE s’efforce de respecter le principe de proportionnalité et de se conformer aux règlements de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cela signifie que les mesures prises par l’UE devront correspondre à celles imposées par les États-Unis sur les importations en provenance de l’UE.
Selon des sources à Bruxelles, les droits de douane sur l’acier et l’aluminium pourraient être plus stricts que ceux appliqués lors du premier mandat de Trump. En complément des anciennes surtaxes, la Commission et les États membres de l’UE travaillent sur une liste de nouveaux droits de douane européens qui pourraient entrer en vigueur à partir du 15 mai, touchant potentiellement des produits en acier, en aluminium, des textiles, des articles en cuir, ainsi que du bétail et des fèves de soja.
Face aux nouvelles surtaxes de 20 % instaurées par Trump, l’UE envisage également d’autres droits de douane selon le même principe. Les plans détaillés à cet égard ne sont pas encore disponibles à Bruxelles, bien que le gouvernement français prévoie une introduction d’ici fin avril, avec la Commission européenne en tant que principale responsable.
Perspectives de négociations
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a récemment laissé entrevoir la possibilité de négociations. Elle souhaite que le gouvernement américain soit ‘réellement intéressé par une coopération avec l’UE’. Néanmoins, il reste incertain que Trump soit prêt à engager des discussions, comme l’a souligné Maros Sefcovic, commissaire européen au Commerce, lors des dernières semaines.
La dynamique à Washington pourrait évoluer une fois que l’UE aura appliqué ses propres droits de douane. Bernd Lange, député européen du SPD et président de la commission du Commerce du Parlement européen, a déclaré que l’expérience du premier mandat de Trump montre que ‘les droits de douane sont établis, puis les droits de douane de rétorsion sont fixés, et enfin les négociations commencent.’
Dernière option : Autres restrictions
Si les négociations échouent ou si Trump impose de nouvelles surtaxes, l’UE peut explorer d’autres contre-mesures au-delà des droits de douane. Par exemple, elle pourrait restreindre l’accès aux appels d’offres publics pour les entreprises américaines, suspendre des brevets ou bloquer la fourniture de certains services, y compris des offres numériques.
Il est essentiel que l’UE justifie l’application de telles mesures. La Commission devra prouver que les droits de douane de Trump exercent une pression non seulement économique mais aussi politique sur l’UE. Selon l’évaluation de Bernd Lange, cette justification pourrait s’appuyer sur le fait que le président américain défend ses droits de douane en se basant sur les lois de l’UE sur la protection des consommateurs et les réglementations pour les grandes entreprises numériques.
Impact sur la politique numérique
À Bruxelles, les responsables estiment que Trump cherche également à influencer la position de l’UE envers les géants numériques américains comme Google, Apple et Meta, à travers sa politique douanière. Des enquêtes sont en cours contre ces entreprises au sein de la Commission pour d’éventuelles violations des règles de l’UE sur les plateformes numériques et la concurrence, avec des amendes lourdes en perspective. Cependant, d’éventuelles sanctions ne seraient pas intégrées dans la réponse officielle aux droits de douane américains.