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À maintes reprises, je me suis exclamé que la lecture en immersion, c’est-à-dire la lecture en même temps qu’un livre tandis que le même titre est diffusé en audio, s’est frayé un chemin dans mon cœur de bibliophile comme étant ma façon préférée de lire. Cela n’a pas changé. Cependant, mon temps libre a diminué. Soupçonnant la rareté des mains libres qui approchent, j’ai, au cours du deuxième semestre de l’année dernière, écouté trois livres en immersion : Cent ans de solitudetraduit par Grégory Rabassa; Fille fantôme, banane par Wiz Wharton; et Là où la ligne saigne par Jesmyn Ward.
Jusqu’à présent, près des deux tiers des livres que j’ai terminés en 2024, pour moi et moi seule, l’ont été avec mes oreilles, mais je commence chaque livre que je peux par une lecture en immersion. Dès que j’achète ou emprunte un livre audio, je vérifie si un extrait de lecture existe en ligne via les magasins, les sites des éditeurs ou Goodreads. Si j’en trouve un, j’appuie sur lecture avec joie et je lis avec plaisir jusqu’à ce que l’aperçu passe à 99 %.
Certes, la lecture immersive implique la technologie, mais elle ressemble en quelque sorte à une déconnexion. Peut-être parce qu’elle exige une attention totale. Il m’arrive d’oublier que mon téléphone avec toutes ses vignettes alléchantes s’attarde pendant qu’il diffuse un livre dans mon cerveau. Et pourtant, ce que j’aime dans la lecture immersive est peut-être ce que certains lecteurs détestent. Cela complique le multitâche. Si faire la vaisselle tout en plongeant dans un autre monde, en vous laissant aller à lire les mémoires d’une célébrité ou en vous prélassant dans des poèmes est votre truc, ce mode de lecture ne vous conviendra peut-être pas.
Récemment, il m’a fallu 23 heures et sept minutes pour terminer un livre audio de neuf heures, et j’ai passé une grande partie de ce temps à rembobiner le roman. L’histoire me semblait glissante et j’avais du mal à m’y accrocher. Mon expérience de lecture était entièrement liée à moi. Avec beaucoup de choses en tête et une liste de choses à faire, je n’arrêtais pas de rêver puis d’appuyer sur le bouton « retour en arrière », redoutant de rater quelque chose. Certains chapitres ont été joués plusieurs fois avant que je passe au suivant, priant pour que mon subconscient comprenne.
Peu importe à quel point j’apprécie un livre, il arrive que mon esprit s’égare, surtout au début. Peut-être que je vis encore dans l’humeur de mon livre précédent, ou que le style de l’auteur prend un moment pour que je tombe dans sa cadence, ou que j’ai besoin de changer de vitesse entre deux genres. Si je ne lis pas en même temps que je commence un nouveau titre, je me retrouve constamment à recommencer, ce qui me rappelle l’essai spectaculaire de Carina Pereira sur la reprise des livres audio après 30 minutes. La lecture en immersion me permet non seulement de me concentrer, mais aussi de gagner du temps. En lisant en même temps, je reviens rarement en arrière. En fait, je me retrouve souvent à augmenter la vitesse dans une sorte d’hyperconcentration.
Même si je ne lis pas autant que je le souhaiterais, je rêve de m’enrouler avec un livre et de mettre mes écouteurs dans mes oreilles pour m’isoler du monde pendant des pages et des pages. En dehors de la plage et de ses vagues apaisantes, la lecture en immersion est pour moi la vision parfaite des vacances, digne d’une carte postale, et j’espère revenir à cette belle immersion. Je trouve donc, ici et là, des morceaux de 15 minutes pour m’évader. En raison de la brièveté, le meilleur genre pour se replonger dans la lecture en immersion de bout en bout semble être la poésie. Je commence par La lune qui te fait reculer.
Quand j’ai remarqué un livre audio de la dernière collection écrite par Hala Alyan, l’une de mes auteures auto-liantes, et racontée par elle, je l’ai téléchargé immédiatement. Si je ne sais pas comment lire un poème, j’essaie tous les chemins possibles, et ce livre comprenait de nombreux morceaux aux formes innovantes – « Key », « April May June July » et « Figment », pour n’en citer que quelques-uns – que je voulais entendre Alyan réciter, et le fait d’avoir les conseils de l’auteur a produit une joie étourdissante comme jeter un œil à une clé de réponse. Également source de joie : faire des cœurs et des cornages et griffonner des notes sur les bords et souligner des strophes entières avec la voix de l’auteur dans ma tête. Je veux dire, essayez de ne pas être obsédé par ces phrases de « Relapse Dream Ending with My Grandmother’s Hands » : « Je suis toutes des araignées qui se bousculent pour un coin. / Un nœud qui tache la Voie lactée. Je suis à la fois la prophétie // et l’embuscade de l’entendre. »
Habituellement, j’écoute à une vitesse de 1,1, mais j’ai tendance à lire la prose plus rapidement avec la lecture en immersion. En regardant mes parcours de lecture immersive sur Libby, j’ai englouti deux des trois romans de 2023 avant le temps prévu des livres audio (de quelques minutes à plus de deux heures plus rapidement). Avec la poésie, je me suis retrouvé, tout en relisant Alyan et Construisez-vous un bateaudésireux de ralentir, de l’entendre au rythme des poètes.
En écoutant avec des copies papier en main, je pense, Quelle façon décadente de lire de la poésie. Entendre réellement les lignes et leurs fins dans la narration de Camonghne Felix, et avoir la sensation d’être dans le public lorsqu’une phrase vous saisit si fort que vous haletez de manière audible comme je l’ai fait à la fin de « Imagine??? My Sister an Astronaut??? » : « la substance prodigieuse des étoiles / imposante en grandeur // plus grande que toi et toi et toi / et toi et toi. » C’est un peu comme assister à un concert et connaître toutes les paroles, que vous chuchotiez ou criiez ou que vous regardiez silencieusement avec émerveillement.
Dernièrement, je me suis davantage orientée vers cette façon de lire qui m’est chère. De temps en temps, je consulte les ventes de Libro.fm pour récupérer des titres en double, comme celui de Carmen Maria Machado. Dans la maison de rêveSi un livre audio m’impressionne, je visite périodiquement une librairie indépendante locale pour ajouter la copie imprimée, plus récemment celle de Kaveh Akbar. Martyr!dans mes étagères. Je maintiens une étagère Goodreads de livres « à relire » pour suivre les titres dont j’ai envie d’exemplaires dans les deux formats. Dans Libby, j’ai créé une balise « à lire en même temps » pour les livres que j’ai adorés avec mes yeux ou mes oreilles et que j’ai envie de lire en immersion, y compris celui d’Emme Lund Le garçon avec un oiseau dans son coffre et celle de Terese Marie Mailhot Baies de coeur.
À l’approche du dernier poème du premier recueil poignant de Felix, je suis prêt pour un grand pas, quelque chose de plus long. Je mets en attente le livre audio de Il y a toujours cette année : sur le basket-ball et l’Ascension par Hanif Abdurraqib tandis que mon livre à couverture rigide attend dans la pile TBR surmonté d’une rose blanche ; ~2 semainesdit l’application, et je vibre d’impatience.
Si les explorations des pratiques de lecture vous intéressent, pensez à parcourir 6 questions pour vous aider à façonner votre pratique de lecture, à établir des liens plus conscients avec les livres et à créer des objectifs de lecture atteignables pour la nouvelle année.