Les experts économiques prévoient une faible croissance de 0,4% pour l’Allemagne en 2024, après une contraction du PIB cette année. Divers défis, tant conjoncturels que structurels, entravent la reprise. Malgré des salaires réels en hausse, la consommation des ménages reste faible. Le gouvernement anticipe une croissance de 1,1% pour l’année suivante, mise en œuvre d’initiatives de soutien. Le Conseil des sages économiques appelle à des investissements accrus, notamment dans les infrastructures et l’éducation, pour un avenir durable.
Les experts économiques ont drastiquement réduit leurs prévisions de croissance pour l’année prochaine, anticipant une modeste augmentation de seulement 0,4%. Afin de dynamiser l’économie allemande, diverses mesures sont recommandées.
Sans perspective de redressement : après une contraction du produit intérieur brut (PIB) cette année, les prévisions pour 2025 ne montrent pas d’amélioration significative. Le Conseil des sages économiques, qui conseille le gouvernement fédéral, a révisé ses estimations à la baisse, passant d’une prévision de 0,9% de croissance en mai à une prévision de croissance minimale pour l’année prochaine.
Le rapport annuel des sages économiques soulève la question : quelles actions doivent être entreprises pour revitaliser l’économie actuelle ?
Des défis conjoncturels et structurels entravent la croissance
Selon le rapport annuel publié aujourd’hui, l’économie allemande est stagne, et les cinq sages économiques indiquent que cette faiblesse de la croissance est due à des défis à la fois conjoncturels et structurels. En 2024, le Conseil prévoit une contraction réelle du PIB de 0,1%, soulignant une baisse de la production et de la valeur ajoutée dans le secteur industriel. Les investissements, eux aussi, sont en déclin. Contrairement aux tendances passées, la reprise mondiale ne se traduit pas par une augmentation des exportations allemandes.
La consommation des ménages reste également faible. Malgré une augmentation significative des salaires réels, le taux d’épargne élevé montre que beaucoup de ménages préfèrent épargner plutôt que de dépenser, malgré une baisse de l’inflation. ‘Des attentes pessimistes concernant l’économie future et un ralentissement des augmentations salariales réelles devraient limiter la croissance des dépenses de consommation privées en 2025’, a signalé le Conseil. Les prévisions indiquent une augmentation des prix à la consommation de 2,1% l’année prochaine.
Alors que d’autres régions du monde connaissent une reprise, l’économie allemande ne devrait croître que de 0,2%, selon les attentes du FMI.
Une modernisation urgente de l’économie allemande
Le gouvernement fédéral a également ajusté ses prévisions économiques dans son rapport d’automne d’octobre, s’attendant à une contraction de 0,2% cette année. Cette baisse est attribuée à l’incertitude qui pousse entreprises et citoyens à freiner leurs investissements. Cette situation pourrait évoluer après l’échec de la coalition, avec de nouvelles élections au Bundestag prévues en février.
Pour l’année prochaine, le gouvernement anticipe une croissance de 1,1%, en comptant sur des initiatives de croissance comprenant des allégements fiscaux, des incitations à l’emploi et des réductions des prix de l’électricité. Cependant, la mise en œuvre de ces mesures reste incertaine après la crise politique. Le chancelier Olaf Scholz a souligné l’urgence de ces initiatives lors de la présentation du rapport des sages économiques.
‘Nous avons connu des lacunes dans la politique et l’économie ces dernières années’, a déclaré la présidente du Conseil des sages économiques, Schnitzer. Il est crucial de moderniser notre pays avec détermination. Le Conseil propose plusieurs mesures, notamment des priorités pour les dépenses publiques axées sur l’avenir, particulièrement dans des secteurs comme les infrastructures de transport, la défense et l’éducation, dont les bénéfices ne se manifesteront pleinement que dans le futur.
Actuellement, le nombre d’entreprises se plaignant d’un manque de commandes est comparable à celui d’il y a 15 ans.
Des investissements garantis pour un avenir durable
‘Les dépenses publiques sont souvent négligées au profit de dépenses qui profitent à l’électorat actuel’, a expliqué le Conseil. Il est nécessaire d’établir un fonds spécial ou des quotas d’investissement ancrés dans la loi. Les investissements dans les domaines prioritaires sont insuffisants depuis des années, et il est impératif d’augmenter ces dépenses de manière systématique. Des investissements faibles pourraient nuire aux générations futures, a déclaré le sage économique Achim Truger.
Dans le secteur des transports, le Conseil propose la création d’un fonds avec des revenus permanents du budget principal, tels que les péages routiers. Ces revenus aideraient à financer les infrastructures de transport. Il serait essentiel de garantir que les rénovations soient prioritaires par rapport aux nouvelles constructions. Concernant la défense, l’objectif de 2% du PIB fixé par l’OTAN pourrait servir de référence.
Dans le domaine de l’éducation, des normes minimales de financement par élève seraient judicieuses, surtout pour l’éducation précoce et primaire. Cela nécessiterait des quotas appropriés au niveau des États, qui gèrent la majorité des dépenses éducatives. Une coordination nationale serait bénéfique, mais il faudrait aussi des dispositions spécifiques pour tenir compte des particularités régionales.
En septembre, l’industrie allemande a enregistré un volume de commandes supérieur aux attentes, offrant une lueur d’espoir dans ce contexte économique difficile.
Vers une numérisation et une amélioration du marché du logement
En outre, le Conseil des sages économiques a souligné la nécessité de numériser le marché financier, un domaine où l’Allemagne accuse un retard par rapport à d’autres pays européens. Cette situation entraîne une perte de potentiel en matière d’innovation et d’efficacité.