L’industrie allemande s’inquiète d’éventuelles pertes significatives si Donald Trump est réélu président des États-Unis, avec une étude prévoyant jusqu’à 180 milliards d’euros de dommages en quatre ans. Les chercheurs de l’Institut de l’économie allemande (IW Köln) recommandent des mesures de rétorsion pour contrer les menaces douanières. Près de 44 % des entreprises s’attendent à des conséquences négatives liées à cette élection, soulignant la vulnérabilité de l’Allemagne face à une guerre commerciale.
Les industriels allemands sont en alerte : une victoire de Trump aux États-Unis pourrait entraîner des droits de douane élevés sur les exportations, entraînant d’importantes pertes financières. D’après une étude, cela pourrait se traduire par un coût de plusieurs milliards et un risque d’effondrement du PIB. Les chercheurs recommandent aux politiques d’envisager des mesures de rétorsion.
Une étude publiée par l’Institut de l’économie allemande (IW Köln), affilié aux milieux d’affaires, révèle que l’Allemagne pourrait faire face à des pertes colossales en cas de déclenchement d’une guerre commerciale avec les États-Unis sous la présidence de Donald Trump. Les pertes potentielles pourraient atteindre 180 milliards d’euros sur une période de quatre ans. Cette étude indique que l’Allemagne, en tant que principale économie européenne, serait plus durement touchée qu’autres pays de la zone euro en raison de sa forte dépendance envers les échanges internationaux. Jürgen Matthes, chercheur à l’IW, souligne la vulnérabilité de l’Allemagne face aux tensions commerciales mondiales.
L’institut a exploré plusieurs scénarios. Si Trump décidait d’imposer des droits de douane de 20 % et que l’Union européenne réagissait par une mesure équivalente sur les importations américaines, cela pourrait provoquer une chute du PIB allemand de 1,5 % d’ici 2028, représentant une perte d’environ 180 milliards d’euros. En comparaison, la baisse du PIB dans l’ensemble de la zone euro serait moindre, estimée à 1,3 %.
Dans un autre scénario, l’IW anticipe une hausse des droits de douane américains à 10 % pour toutes les importations et à 60 % pour celles en provenance de Chine à compter de 2025, suivie d’une réplique de l’UE avec des droits de douane de 10 %. Dans ce cas, la perte pour le PIB allemand serait moins sévère, s’élevant à environ 127 milliards d’euros d’ici 2028.
Selon les chercheurs de l’IW, les menaces de Trump en matière de douane ne représentent qu’un aspect des changements d’attitude envers le commerce mondial. La Chine pose également un défi majeur. Pour répondre à cette situation, l’UE et l’Allemagne doivent adopter une politique commerciale plus affirmative. Dans le contexte actuel de tensions géopolitiques, des menaces crédibles et, si nécessaire, l’application de mesures de rétorsion sont cruciales pour une politique efficace.
Une guerre commerciale aurait des conséquences négatives pour les États-Unis
Les simulations montrent qu’une augmentation des droits de douane par l’UE pourrait avoir des effets défavorables pour les États-Unis, tandis que l’impact sur l’UE et l’Allemagne resterait relativement léger. Ainsi, la riposte de l’UE pourrait causer plus de tort aux États-Unis qu’à l’Europe. Dans ce sens, la simple menace de mesures de rétorsion pourrait suffire à dissuader les États-Unis d’augmenter unilatéralement leurs droits de douane.
Pour réduire les risques de chantage politique, il est conseillé de diminuer les dépendances vis-à-vis des pays tiers en engageant un processus de « de-risking ». Cela pourrait inclure l’expansion des accords de libre-échange. De plus, l’UE doit se prémunir contre les surcapacités et les subventions déloyales, notamment celles émanant de la Chine.
Trump semble considérer les droits de douane comme un outil polyvalent de politique économique. Jörg Krämer, économiste en chef à la Commerzbank, souligne que ces mesures doivent à la fois protéger l’industrie américaine et générer des revenus pour financer des réformes fiscales, éloignant le système de l’imposition directe des revenus.
44 % des chefs d’entreprise craignent des impacts négatifs
Près d’une entreprise industrielle sur deux en Allemagne anticipe des conséquences négatives si Trump est élu président. Une enquête de l’institut Ifo, réalisée auprès de 2000 entreprises, révèle que 44 % des répondants craignent des répercussions néfastes. Environ 51 % estiment que l’issue de l’élection n’a pas d’impact significatif, que ce soit pour le républicain Trump ou sa concurrente démocrate Kamala Harris. Seules 5 % s’attendent à des résultats positifs en cas de victoire de Trump.
Les entreprises ayant des relations étroites avec les États-Unis sont particulièrement préoccupées, 48