Pourquoi la Banque du Canada devrait augmenter ses taux d’intérêt cette semaine

Theo Argitis et Andrew Spence : L’histoire nous dit que les décideurs politiques devraient résister à la tentation d’assouplir les restrictions monétaires et budgétaires

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Les données canadiennes sur l’emploi et l’inflation publiées ce mois-ci suggèrent que l’atterrissage en douceur tant convoité reste à portée de main.

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Le risque est que certains y voient une raison de commencer à assouplir les restrictions monétaires et budgétaires. L’histoire nous dit que les décideurs doivent résister à la tentation.

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Nous voyons des signes clairs que les pressions sur les prix s’atténuent, l’inflation étant en passe de tomber en dessous de 4 % d’ici quelques mois, contre 6,3 % en décembre et 8,1 % en juin. Du côté du travail, un gain d’emploi monstre de 104 000 le mois dernier suggère que le ralentissement attendu cette année pourrait finir par être très doux.

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Il y a une possibilité réelle que le pays connaisse une légère récession suffisamment forte pour freiner l’inflation, mais pas assez pour provoquer une perte importante d’emplois – un véritable résultat Goldilocks. Mais la meilleure chance d’atteindre ce scénario est de maintenir le cap sur les politiques de resserrement de la demande, ce qui devrait inclure une autre hausse d’un quart de point par la Banque du Canada le 25 janvier.

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La banque centrale révisera ses prévisions cette semaine, mais en octobre, elle prévoyait une inflation moyenne de 4,1 % en 2023, une baisse par rapport à 6,8 % l’an dernier.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, il n’y a eu qu’un petit nombre d’épisodes désinflationnistes d’une durée d’un an de cette ampleur. Cela s’est produit en 1983 et 1992, mais seulement après qu’un resserrement monétaire sévère ait déclenché de profondes récessions.

Cela s’est également produit en 1976, l’année où Trudeau père a introduit le contrôle des salaires et des prix pour ralentir l’inflation qui avait atteint 12 %. Mais ces efforts n’ont servi à rien.

La combinaison d’un assouplissement prématuré de la politique monétaire et d’un manque de discipline budgétaire – en partie parce que les décideurs ont baissé la garde – a permis à l’inflation de repartir et de revenir à des niveaux à deux chiffres. Ces erreurs de politique finiront par forcer la Banque du Canada à faire monter les taux à court terme à plus de 20 % au début des années 1980, provoquant peut-être le ralentissement le plus profond depuis la Grande Dépression.

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Un guide plus utile, selon nous, pour aujourd’hui a eu lieu il y a 70 ans, lorsque le début de la guerre de Corée en 1950 a fait grimper l’inflation jusqu’à 13 %. Douglas Abbott, ministre des Finances à l’époque sous le premier ministre Louis St. Laurent, a pris des mesures agressives pour freiner la demande alors même que l’économie commençait à ralentir. Il impose des surtaxes aux entreprises et aux ménages, tandis que la Banque du Canada use de son influence auprès des banques commerciales pour ralentir le crédit.

D’importantes dépenses de défense ont induit une demande excédentaire, mais c’est une politique budgétaire plus stricte qui a rééquilibré la demande avec l’offre pour atténuer les pressions inflationnistes. La récession a été peu profonde parce que les anticipations d’inflation n’ont pas suivi l’inflation réelle à la hausse. Ça a marché. L’inflation serait en moyenne d’environ 1 % au cours de la prochaine décennie.

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Ces quatre épisodes désinflationnistes fournissent deux enseignements essentiels.

Premièrement, les anticipations d’inflation sont importantes et déterminent le degré de rigueur de la politique et donc l’ampleur de la récession. Les désinflations douloureuses et coûteuses des années 1980 et 1990 ont été le produit d’anticipations d’inflation tenaces et élevées. En revanche, l’absence d’anticipations d’inflation élevées pendant la guerre de Corée a signifié que la récession a été de courte durée, la politique budgétaire faisant le gros du travail.

Deuxièmement, la politique budgétaire est importante pour la politique monétaire. Si la demande doit être freinée et que la politique budgétaire n’aide pas, alors la Banque du Canada doit faire le gros du travail. Aujourd’hui, le gouvernement fédéral se préoccupe davantage de redistribution que de gestion économique, ce qui signifie que les taux d’intérêt doivent augmenter plus qu’ils ne le feraient autrement.

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Pourtant, les anticipations d’inflation d’aujourd’hui, en particulier les anticipations à long terme basées sur le marché, restent bien ancrées, ce qui suggère qu’une profonde récession désinflationniste n’est pas nécessaire et que les anticipations à plus court terme se modèrent.

Après avoir échoué à identifier la crise dès le début, la Banque du Canada a mis sur pied une classe de maître sur la gestion des anticipations d’inflation avec un cycle de hausse déterminé qui commence à mordre. Les gouvernements fédéral et provinciaux ont été moins serviables et, bien qu’ils n’aggravent pas le problème, la banque doit resserrer davantage qu’elle ne le ferait en l’absence d’une politique budgétaire plus stricte.

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La Banque du Canada ne peut encore envisager d’assouplir sa politique monétaire tant qu’elle n’est pas certaine d’avoir fait son travail. La récession qui s’annonce sera douloureuse, en particulier pour les ménages endettés qui souffrent d’une augmentation des remboursements de la dette. La ministre des Finances, Chrystia Freeland, et ses homologues provinciaux ressentiront des pressions politiques pour relever certains des défis économiques auxquels de nombreux Canadiens seront confrontés cette année.

Mais il serait dommage de risquer des progrès qui ont été réalisés par opportunisme politique à court terme. Nous y sommes presque. Comme le dit le proverbe britannique, il n’y a pas de fatigue le jour de la victoire.

Theo Argitis est directeur général de Compass Rose Group. Andrew Spence est un consultant indépendant spécialisé dans l’économie, la stratégie d’investissement et le risque.

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