mercredi, janvier 15, 2025

Pourquoi il est souvent risqué pour les PDG de rejoindre le conseil d’administration après leur démission

Le licenciement soudain de Mark Schneider, PDG de Nestlé, soulève des questions sur la transition des dirigeants. Bien que certains anciens PDG, comme Mike Allison de VAT, trouvent des rôles au sein de leur entreprise après leur mandat, d’autres, comme Schneider, se voient généralement écartés des conseils d’administration. Les défis d’une telle transition incluent la difficulté de se distancier des responsabilités passées, ce qui peut entraîner des conflits de pouvoir avec les nouveaux dirigeants. Une période de transition est essentielle pour une bonne gouvernance.

Être démis de ses fonctions du jour au lendemain est l’une des pires expériences qu’un PDG puisse rencontrer. C’est exactement ce qu’a traversé Mark Schneider, le PDG de Nestlé, en août dernier.

Les hauts et les bas au sommet

Malgré cette situation, Schneider avait occupé son poste pendant sept ans et demi, ce qui est assez long par rapport à la moyenne des PDG qui, selon les chasseurs de têtes, est désormais inférieure à cinq ans dans le monde occidental. Cela se reflète dans le SMI, où 15 des 20 entreprises ont changé de PDG au cours des quatre dernières années.

Il est rare qu’un PDG reprenne la direction d’une autre entreprise après un départ. Au lieu de cela, beaucoup choisissent de rejoindre rapidement le conseil d’administration de leur ancien employeur ou aspirent à la présidence.

Une transition probable vers de nouvelles responsabilités

Ce type de transition était probablement prévu pour Schneider. Son prédécesseur, Paul Bulcke, avait rejoint la présidence peu après son départ. Cependant, après son licenciement, une telle étape était hors de portée pour Schneider. Les PDG jugés insuffisamment performants par leur entreprise ne sont généralement pas retenus au conseil.

En revanche, les dirigeants ayant fait leurs preuves pendant plusieurs années, comme Mike Allison de VAT, sont souvent invités à rejoindre le conseil d’administration après leur mandat. D’autres exemples incluent Dirk Lambrecht de Dätwyler, qui a été élu peu après sa démission, et Zeno Staub de Vontobel, qui devrait également rejoindre le conseil lors de la prochaine assemblée générale.

Une expertise précieuse et des réseaux diversifiés

Patrick Frost, l’ancien PDG de Swiss Life, prévoit également de se présenter au conseil d’administration lors de l’AG de printemps 2026, avec des attentes de le voir éventuellement succéder à Rolf Dörig à la présidence. Frost a dirigé l’entreprise pendant dix ans, tout comme Dörig avant de devenir président.

Les raisons pour lesquelles les anciens PDG continuent leur carrière au sein de leur ancienne entreprise sont multiples. Hannes Stettler, associé directeur chez Boyden, souligne l’importance de l’expérience et des relations qu’ils apportent, offrant ainsi stabilité et continuité à l’organisation.

Les défis du lâcher-prise

Cependant, la transition peut parfois être problématique. Des anciens PDG peuvent avoir du mal à se distancier de leurs responsabilités antérieures et à ne pas interférer dans la gestion quotidienne de l’entreprise, comme le souligne Stettler.

Selon plusieurs chasseurs de têtes, cette situation n’est pas rare, et elle peut devenir particulièrement délicate lorsque l’ancien PDG occupe une position de président au conseil d’administration. Cela peut mener à des conflits de pouvoir, où le nouveau PDG se voit relégué à un rôle d’exécutif subalterne. Des exemples récents de cette dynamique incluent les entreprises Forbo et Clariant, où des tensions de direction ont émergé à cause de présidents trop dominants.

Malgré ces défis, VAT reste confiant dans le choix de son ancien PDG, affirmant qu’Allison a été un architecte clé de leur succès récent, selon le président Martin Komischke, qui lui-même est en poste depuis 2017.

La nécessité d’une période de transition

Assurer une transition en douceur vers le conseil d’administration pose des questions de gouvernance. Allison, bien qu’il prenne une année sabbatique, prouve que ce n’est pas toujours la norme.

En Suisse, contrairement à des pays comme l’Allemagne, il n’y a pas de période de refroidissement légalement requise pour les PDG souhaitant rejoindre le conseil après leur départ. Toutefois, cette pratique commence à être adoptée sur une base volontaire, comme le note Stettler, ce qui favorise une meilleure gouvernance en permettant aux anciens PDG de prendre du recul. « Une vision uniquement basée sur leur expérience de PDG peut être trop limitée, » conclut-il.

Surveillance des conseillers en droits de vote

Enfin, l’ancien PDG de Vontobel devra également respecter une période d’un an avant de rejoindre un nouveau conseil, une pratique qui tend à s’étendre parmi les entreprises soucieuses de leur gouvernance.

- Advertisement -

Latest