Le nouveau film de Walt Disney Animation, Souhait, est le point culminant de la célébration par le studio de son propre centenaire. Ce projet s’est étendu tout au long de 2023, à travers des projets comme le court métrage Il était une fois un studio, des lancements de marchandises spécialisées centrés sur chaque décennie d’existence de l’entreprise et le changement de marque du logo emblématique du château Disney. Mais Souhait s’appuie tellement sur la célébration des meilleurs films Disney qui l’ont précédé qu’il n’a pas beaucoup d’identité propre. C’est ouvertement un festival de nostalgie, à peu près à égalité avec les autres façons dont l’entreprise a célébré son 100e anniversaire.
En 2023, Disney s’est efforcé plus que jamais de regarder avec admiration sa propre histoire. Et pourquoi pas ? La société a un siècle complet de films, de personnages et de récits bien-aimés à exploiter pour une grande émotion. Même les gens qui sont devenus trop grands pour Disney ont probablement encore un penchant résiduel pour au moins un des films d’animation qu’ils ont regardés dans leur jeunesse. Mais l’appât de la nostalgie ne se limite pas à la grande fête d’anniversaire de Disney : c’est essentiellement ce que la société vend depuis des décennies maintenant.
Bien que vivre et faire écho à son propre passé ait été rentable pour Disney, cela n’est pas durable. Et en fin de compte, parler si fort de ses propres jours de gloire est assez antithétique par rapport à l’héritage de Disney. Pour aller de l’avant, il faut se débarrasser de la nostalgie – ou du moins ne pas en faire le principal argument de vente de l’entreprise.
La nostalgie est sans danger
Image : Images de Walt Disney
Du point de vue de la rentabilité, il est facile de comprendre pourquoi Disney s’en tient à des projets liés à l’héritage : ils sont pratiquement assurés de faire de la banque. Les remakes et suites live-action de Disney sont constamment mitigés et de mauvaises critiques, mais ils rapportent des centaines de millions de dollars. Les gens paieront pour revoir leurs favoris sur les écrans ou pour essayer de partager leurs heureux souvenirs d’enfance avec leurs propres enfants.
Du moins, ils le feront jusqu’à ce qu’ils en aient assez des rendements diminués. Les remakes en direct pourraient rapporter beaucoup d’argent à court terme, mais tout ce qu’ils font en réalité, c’est réitérer ce que Disney a fait dans le passé, sans ajouter de manière significative à l’héritage des films originaux.
Vous vous souvenez de l’époque des suites de Disney ? Lorsque Disney a sorti des titres vidéo bon marché directement à domicile basés sur tous les films Disney bien-aimés de Le renard et le chien de chasse à Le roi Lion? Disney essaie de ne pas le faire. Après que John Lasseter ait pris la direction de la création de Disney en 2006, il a supprimé tout le département DTV un an plus tard, dénonçant apparemment la manière dont les suites réalisées à bas prix diminuaient la marque Disney. Même si Disney aime célébrer son passé, le studio fait rarement référence à cette époque.
Même avec un budget beaucoup plus élevé et des visuels plus flashy, la mode des remakes live-action que Disney a adoptée au cours de la dernière décennie contribue toujours au sentiment de sursaturation de la nostalgie. Et les nombreux spin-offs et redémarrages du studio n’aident pas non plus. Certains de ces projets hérités ont été bons, mais malgré cela, leur volume ne semble tout simplement pas conçu pour durer.
Image : Disney
L’un des projets d’action réelle Disney les plus récents annoncés est une interprétation du succès animé de 2016. Moana — un super film qui n’a même pas vraiment eu la chance de construire son propre héritage. Les enfants qui l’ont regardé lors de sa première sortie sont pour la plupart encore des enfants. Mais Disney suppose désormais que tout ce qu’il fera aura un héritage instantané, sans laisser la nostalgie se développer naturellement d’elle-même.
La gestion de la marque Disney de Star Wars, Marvel, Fox, les Muppets et une foule d’autres propriétés ne fait que souligner cette sursaturation. L’empire Disney s’étend aujourd’hui très largement, et des personnages comme Baby Yoda et Tony Stark côtoient Mickey Mouse et Cendrillon dans les parcs à thème, sur le matériel promotionnel de Disney Plus et sur En-tête X de Bob Iger. Disney joue « Disney Magic » dans le cadre de sa marque. Mais quand toutes les grandes franchises américaines sont regroupées sous le nom de magie Disney, que reste-t-il ?
L’innovation est le véritable héritage de Disney
Image : Productions Walt Disney
Au cours des 100 dernières années, Disney a pris des décisions importantes et risquées et a tâtonné à maintes reprises. De l’obscurité et de la morne Chaudron noir, qui a failli mettre le studio en faillite en 1985, aux films d’aventure décalés du début des années 2000, les projets passionnés et révolutionnaires du studio ont souvent été des mégaflops. Mais en même temps, certains des films les plus mémorables de la société découlent de ces risques.
L’original 1940 Fantaisie était l’un des projets passionnels les plus ambitieux de Walt Disney qui s’est transformé en échec au box-office, mais le court métrage Sorcerer Mickey est aussi emblématique que la souris elle-même. Lilo et Stitch C’était tellement bizarre que les cinéastes l’ont caché au reste de la société ; il a fini par récupérer plus de trois fois son budget et, plus important encore, faire de Stitch l’un des personnages les plus mémorables du studio. Et même La petite Sirène, le film qui a lancé la Renaissance Disney, était un risque ; une grande comédie musicale de ce type dans le style de Broadway n’avait tout simplement pas été réalisée en animation auparavant.
Image : Disney
Après tout, Walt Disney lui-même a fait pression pour le progrès et l’innovation, en particulier dans les efforts créatifs du studio, même lorsque cela s’est traduit par de mauvaises décisions financières. Ce qui a rendu son studio si spécial au cours du siècle dernier, c’est la façon dont il regarde vers l’avenir, essayant de nouvelles choses même face à l’échec et prenant des risques que d’autres maisons de production ne pouvaient pas se permettre ou risquer. Le plus grand héritage de l’entreprise, ce ne sont pas les princesses, les parcs à thème ou même Mickey Mouse : c’est la façon dont tous ces éléments ont commencé comme des projets audacieux que personne d’autre n’avait réalisé.
Et pourtant, Disney et ses fans continuent apparemment de l’oublier et s’accrochent au passé avec une telle ardeur que cela ne rend pas service à l’héritage de leur idole.
Il y a un temps et un lieu pour le passé
La nostalgie n’est pas une mauvaise chose et n’est pas totalement en contradiction avec Walt Disney. Même dans sa quête d’innovation, Walt était un nostalgique qui idéalisait « le bon vieux temps », au point de modéliser les entrées de ses parcs à thème d’après l’apparence de sa ville natale au tournant du 20e siècle. Je ne suis certainement pas à l’abri de la nostalgie de Disney. J’adore Disney. J’ai plusieurs peluches sur le thème de Disney. J’ai pleuré quand j’ai regardé Il était une fois un studio. J’ai lancé un package de contenu complet d’un an pour pouvoir célébrer Disney.
Mais la nostalgie est un ingrédient puissant, et elle fonctionne mieux dans la recette du succès de Disney lorsqu’elle est à côté : dans les courts métrages de célébration, les défilés de parcs à thème et les articles de collection. Pas quand c’est l’offre principale. Pendant la majeure partie du siècle dernier, Walt Disney Studios a d’abord été un studio de cinéma, puis une vitrine, un service de streaming et un empire de parcs à thème.
Il semble que cet équilibre ait changé au cours de la dernière décennie. Et si Disney veut durer encore un siècle et créer des choses qui suscitent réellement une nouvelle nostalgie à long terme, il devrait recommencer à adopter des idées nouvelles et différentes.
Image : Disney
Les fans inconditionnels de Disney ne sont pas toujours friands de nouveautés. Ils réclament à grands cris un retour à leurs favoris, le souvenir d’avoir regardé un film Disney pour la première fois. Cela signifie peut-être que les films d’animation Disney exigeants ont à nouveau de vrais méchants. Cela signifie peut-être demander plus de comédies musicales – ou moins. Peut-être déplore-t-il la perte de l’animation 2D traditionnelle. Il manque peut-être spécifiquement les séquences musicales animées de la Renaissance Disney. Il y a même des gens qui aspirent à un retour aux films animaliers des années 1970. Quel que soit le tirage au sort de Disney, il est différent pour chaque personne.
Et comme les fans de Disney ont tellement de désirs distincts et individualisés, il est impossible pour l’entreprise de se concentrer sur la satisfaction de chacun d’entre eux. En outre, le plus souvent, même si les gens réclament le bon vieux temps, ce qui leur manque vraiment, c’est le sentiment de découvrir quelque chose de nouveau – ce premier visionnage d’un film qui deviendra un favori durable. Essayer de cocher tous les éléments d’une liste de contrôle qui ne décrit même pas vraiment ce que veulent les gens… cela ne fait pas de bons films. Cela en fait à peine des tolérables.
Avec 100 ans de vie créative à son actif, Walt Disney Studios a de nombreuses raisons d’être fier. Mais Mickey Mouse n’est pas devenu un incontournable du jour au lendemain. Avant que Mickey ne soit une icône, avant même que la marque Disney Princess ne soit une chose, avant que Disney ne possède un million d’autres sociétés de divertissement, les cinéastes de Disney essayaient des choses audacieuses, tout en commettant de nombreuses erreurs coûteuses en cours de route. Mais chacune de ces erreurs était une opportunité, un héritage qui a contribué à donner naissance aux grands films pour lesquels le studio est connu.
Ce n’est pas un message que les dirigeants et les actionnaires veulent entendre. Mais on ne parvient pas à un héritage centenaire en jouant la sécurité. Vous devez avoir confiance dans la narration, dans les esprits créatifs derrière les grands films, dans le pouvoir du progrès. Et un peu de poussière de fée ne fait pas de mal non plus.