pour les filles de couleur qui ont pensé au suicide/quand l’arc-en-ciel est suffisant est un chorépoème, un poème (vraiment une série de 20 poèmes distincts) chorégraphié en musique. Bien qu’un texte imprimé ne puisse pas transmettre tout l’impact d’une performance de pour filles de couleur…, les indications scéniques de Shange donnent une idée des interrelations entre les interprètes et de leurs gestes et mouvements de danse.
La pièce commence et se termine avec la dame en marron. Les six autres interprètes représentent les couleurs de l’arc-en-ciel : les dames en rouge, orange, jaune, vert, bleu et violet. Les diverses répercussions de « bein alive & bein a woman & bein coloured is a metaphysical dilemma » sont explorées à travers les mots, les gestes, la danse et la musique des sept dames, qui improvisent au fur et à mesure qu’elles entrent et sortent de différents rôles. Dans les années 1970, lorsque Ntozake Shange elle-même a joué dans filles de couleur..., elle a continuellement révisé et affiné les poèmes et les mouvements dans sa recherche pour exprimer une identité féminine noire. L’improvisation est au cœur de sa célébration du caractère unique du corps et du langage de la femme noire, et elle participe au thème du mouvement de la pièce comme moyen de combattre la stase de l’assujettissement. En étudiant cette pièce dans son format textuel et statique, il faut donc garder à l’esprit le caractère improvisé de la performance réelle et réaliser que la stase est le contraire de ce que Shange voulait pour cette pièce. En fait, dans sa préface, elle annonce aux lecteurs que pendant qu’ils écoutent, elle-même est déjà « de l’autre côté de l’arc-en-ciel » avec « d’autres travaux à faire ». Elle est passée à autre chose, comme elle s’attend à ce que ses lecteurs fassent de même.