La Suisse fait face à une immigration significative, suscitant des préoccupations même parmi les partisans de la libre circulation avec l’UE. Bien que 1,536 million d’étrangers aient immigré depuis 2002, la proportion d’étrangers n’a pas doublé grâce à près de 865 000 naturalisations durant cette période. Les Italiens représentent la plus grande part des naturalisés, suivis des Serbes et Allemands. Des disparités de taux de naturalisation entre cantons soulèvent des débats sur la nécessité de règles plus uniformes.
La Suisse est en pleine période d’immigration intense. Même les organisations commerciales qui soutiennent la libre circulation des personnes au sein de l’UE commencent à s’inquiéter de cette arrivée massive, qui pourrait dépasser les capacités d’accueil de la population. Elles demandent ainsi au gouvernement fédéral de négocier une clause de sauvegarde avec l’UE.
Depuis l’instauration de la libre circulation des personnes avec l’UE, un grand nombre d’étrangers a choisi de s’installer en Suisse. Depuis 2002, l’immigration nette a atteint 1,536 million de personnes, calculée comme la différence entre les immigrants et les émigrants.
En 2002, la Suisse comptait déjà environ 1,5 million d’étrangers. Cela aurait pu entraîner un doublement du nombre d’étrangers sur une période de vingt ans, augmentant leur proportion de 20 à 36 %. Cependant, ce n’est pas le cas : en 2023, cette part n’est que de 27 %. Cela s’explique par le fait qu’un nombre significatif d’immigrés a obtenu la nationalité suisse, comme l’a révélé une analyse des données fournies par l’Office fédéral de la statistique.
Les naturalisations réduisent le ratio d’étrangers
Depuis 2002, en moyenne, près de 40 000 étrangers par an ont acquis la nationalité suisse, totalisant plus de 800 000 naturalisations au cours des vingt dernières années.
Ces naturalisations ont eu un impact significatif sur l’augmentation de la population étrangère, empêchant ainsi son doublement depuis 2002. En effet, le nombre d’étrangers a grimpé de 1,5 million à 2,4 millions.
Solutions pour contrer le déclin
Les statistiques révèlent plusieurs évolutions intéressantes.
Premièrement, sans les naturalisations, la population suisse aurait déjà commencé à diminuer depuis 1992. Bien que le nombre de personnes ayant la nationalité suisse ait augmenté, cela n’est dû qu’à l’intégration des étrangers naturalisés. Une analyse plus poussée, remontant à 1981, corroborerait cette observation.
D’autres facteurs, tels que l’excédent de naissances, n’ont que peu d’impact sur la croissance de la population suisse. En réalité, durant les deux dernières décennies, le nombre de naissances parmi les Suisses a été inférieur à celui des décès. De plus, davantage de Suisses ont émigré, par exemple pour profiter de leur retraite à l’étranger, plutôt que de revenir en Suisse. Il est donc évident que les naturalisations sont essentielles pour maintenir la population suisse.
Les Italiens en tête des naturalisations
Deuxièmement, ce sont principalement les groupes d’étrangers bien établis qui obtiennent la nationalité, c’est-à-dire ceux qui résident depuis longtemps en Suisse.
Parmi les naturalisés, les Italiens sont le plus nombreux, avec environ 104 000 personnes ayant acquis le passeport suisse depuis 2002. Beaucoup d’eux vivent en Suisse depuis des décennies, voire y sont nés. Viennent ensuite les ressortissants serbo-monténégrins (102 000) et allemands (91 000). D’autres groupes notables comprennent les Portugais (51 000), les Turcs (51 000) et les Français (46 000).
Il convient de mentionner qu’il existe une distinction entre les immigrants récents, souvent jeunes et en provenance de l’UE, et ceux qui se sont installés antérieurement. Les nouveaux arrivants ont tendance à rester moins longtemps, avec environ la moitié d’entre eux quittant la Suisse après seulement trois ans. En revanche, les naturalisés proviennent souvent de générations précédentes d’immigrants, qui ont choisi de faire de la Suisse leur pays d’accueil.
Les règles suisses en matière de naturalisation sont généralement considérées comme strictes à l’échelle internationale. Pour obtenir un passeport suisse par la voie classique, il faut avoir résidé en Suisse pendant au moins dix ans, en plus de répondre à des exigences d’intégration selon le canton.
Variations significatives entre les cantons
Troisièmement, le taux de naturalisation varie considérablement d’un canton à l’autre. C’est dans l’est de la Suisse que le taux de naturalisation est le