Si vous avez déjà voyagé dans les zones rurales de France, vous avez peut-être réalisé une particularité française. Même dans les villes apparemment les moins peuplées, il existe un salon de coiffure.
La startup française Planity a profité de l’histoire d’amour de la France avec les salons de coiffure pour lancer un produit SaaS destiné notamment à ces entreprises. Au fil du temps, l’entreprise s’est étendue à d’autres types de salons de beauté, tels que les barbiers et les salons de manucure.
Et cela fonctionne étonnamment bien puisque plus de 40 000 petites entreprises comptent désormais sur Planity pour la prise de rendez-vous et bien plus encore. En fait, la startup a récemment levé un tour de table de série C de 45 millions d’euros (48 millions de dollars au taux de change actuel) dans le cadre d’un tour de table mené par InfraVia Capital Partners avec la participation des investisseurs existants Crédit Mutuel Innovation, Revaia et le fonds Digital Venture de Bpifrance.
La trajectoire de Planity est intéressante étant donné qu’elle n’est pas la première grande entreprise technologique européenne à tenter de simplifier la prise de rendez-vous dans les salons de beauté. En particulier, Treatwell est déjà présent dans une douzaine de pays européens et semble avoir saisi l’opportunité de la numérisation de ce marché très fragmenté.
Doctolib pour les instituts de beauté
Alors, qu’est-ce qui est différent avec Planity ? Le co-fondateur et PDG de la startup, Antoine Puymirat, a commencé à travailler sur la prise de rendez-vous en ligne en 2007. Sa première startup appelée ClicRDV était une solution de prise de rendez-vous en ligne en marque blanche pour toutes sortes d’entreprises. Il a été acquis par Pages Jaune (aujourd’hui SoLocal).
Après quelques années passées chez SoLocal, il quitte l’entreprise et retourne à la planche à dessin avec une approche plus ciblée. Au lieu de créer une solution de rendez-vous globale, il a choisi de se concentrer spécifiquement sur les salons de beauté.
A la même époque, Doctolib commençait à prendre son essor. La startup française, désormais licorne, a complètement bouleversé la prise de rendez-vous chez les médecins et autres métiers liés à la santé. Son impact est encore plus important puisqu’il a profondément modifié la façon dont les Français abordent les problèmes de santé.
Planity s’est inspiré de Doctolib. Il s’agit d’une plateforme SaaS qui remplace complètement le bon vieux carnet papier largement utilisé dans les salons de coiffure. Lorsque des personnes appellent pour un rendez-vous, les employés notent le rendez-vous directement dans Planity. Et bien sûr, les gens peuvent également prendre rendez-vous en ligne via l’application et le site Web de Planity. Il devient la source unique de vérité et simplifie la gestion du salon.
Contrairement à Treatwell, Planity ne prélève pas de commission sur chaque vente future. Au lieu de cela, Planity est un produit SaaS traditionnel avec des frais d’abonnement mensuels. Le produit principal coûte actuellement 69 € par mois. (Avec un petit calcul au dos de l’enveloppe, cela signifie que Planity génère probablement des dizaines de millions d’euros de revenus récurrents annuels.)
« La plupart des acteurs existants ont adopté un modèle de marketplace classique comme celui de Booking.com ou de TheFork », m’explique Antoine Puymirat. « Les clients paient un pourcentage du montant total de chaque réservation. Mais nous avons réalisé que ce modèle ne fonctionnait pas, car certaines entreprises existent depuis 15 ans, mais n’ont jamais vraiment atteint une taille significative en Europe.
Selon lui, le principal problème est que la plupart des clients sont des clients fidèles. Et vous ne voulez pas payer de commission à chaque fois qu’ils prennent rendez-vous. Avec Planity, plus vos clients l’utilisent pour prendre rendez-vous en ligne, moins vous perdez de temps au téléphone — et cela ne vous coûte pas plus cher. C’est pourquoi les salons de beauté encouragent leurs clients à utiliser Planity.
« Nous allons un peu plus loin que cela. Nous laissons également nos entreprises gérer les horaires de travail. Les employés peuvent pointer à l’arrivée et au départ le matin et le soir. Nous gérons les vacances. Nous pouvons exporter les informations de paie », a déclaré Puymirat.
Chaque mois, environ huit millions de personnes visitent Planity. La plateforme gère environ 10 millions de réservations par mois, dont 4 millions sont réservées directement par les clients finaux sur Planity. D’autres rendez-vous sont saisis manuellement par les employés lorsqu’un client leur parle directement.
La plateforme gère les listes d’attente, envoie des rappels par SMS et crée un planning personnalisé pour chaque employé. Planity peut également remplacer la solution point de vente pour 20€ supplémentaires par mois.
Certains clients se procurent également des terminaux de paiement de Planity. Dans ce cas, Planity utilise les API de Stripe pour la pile de paiement et prélève une petite part sur chaque transaction. Mais les petits commerces qui travaillent déjà avec leur banque pour leurs terminaux de paiement peuvent continuer à utiliser ces terminaux.
L’entreprise envisage ensuite de gérer des centres de bien-être et de remise en forme. Le principal marché de Planity reste la France – son pays d’origine – mais l’entreprise commence à se développer en Belgique et en Allemagne.
En plus de la fragmentation du secteur des salons de beauté, il existe une barrière à l’entrée pour créer un concurrent de Planity. L’entreprise dispose d’une grande équipe commerciale. Ils vont à la rencontre de nouveaux clients pour s’assurer qu’ils comprennent le fonctionnement de la plateforme logicielle.
Cette stratégie est à la fois gourmande en capital et nécessite un solide manuel de vente pour fonctionner. Planity compte actuellement environ 200 commerciaux et l’entreprise prévoit d’en embaucher encore davantage.