L’accès équitable au spectre nécessaire au déploiement de la 5G est la clé de la concurrence
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Nous ne pouvons pas laisser sans réponse la série de déclarations trompeuses faites par Jack Mintz dans une chronique du 9 décembre du National Post (« La fixation du quatrième concurrent sans fil d’Ottawa ralentit l’adoption de la 5G »), qui se lit comme si elle avait été commandée par les trois grands télécoms du Canada. Bell, Telus et Rogers ont lutté longtemps et durement contre toutes les tentatives de promouvoir la concurrence dans l’industrie canadienne du sans-fil et d’offrir aux Canadiens des prix plus bas. Ils sont prêts à tout pour préserver leur oligopole.
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Mais il faut se méfier des commentaires basés sur la documentation fournie par Telus. L’autre jour, la Cour fédérale du Canada a rejeté les arguments de Telus dans sa tentative d’exclure Vidéotron de l’Ouest canadien. Une étude réalisée en 2019 par le Bureau de la concurrence du Canada a également fait fi des arguments anticoncurrentiels des Trois Grands. Il a conclu que la présence d’un quatrième fournisseur de services sans fil indépendant solide avec une part de marché supérieure à 5,5 % dans une région donnée entraîne une réduction de 35 à 40 % des prix de détail des services sans fil. Vidéotron est l’exemple le plus frappant de cet effet. Le Québec a été la première région du pays à atteindre l’objectif de réduction de prix de 25 % du gouvernement fédéral pour certains forfaits sans fil spécifiques.
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L’argument du professeur Mintz selon lequel les réservations de spectre équivaut à une subvention pour les nouveaux entrants ne tient pas compte des raisons impérieuses de ces réservations : les Trois Grands, qui contrôlent ensemble 90 % du marché du sans fil, ont la volonté et les moyens de verrouiller les concurrents régionaux hors du spectre mobile commercial, qui est, après tout, une ressource publique. L’histoire des enchères du spectre depuis 2007 en est la preuve.
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Mintz va jusqu’à affirmer que Vidéotron n’a « aucun antécédent de construction de réseaux ». C’est carrément faux. Vidéotron a participé à toutes les grandes enchères de spectre depuis 2007 et a poursuivi ses achats de spectre par des investissements massifs dans les infrastructures de réseau. À ce jour, elle a dépensé plus de 4 milliards de dollars pour construire un réseau de premier ordre qui a prouvé sa fiabilité et sa robustesse pendant plus de 10 ans. Prétendre le contraire discrédite toute l’argumentation de Mintz, qui semble ne reposer sur aucune autre réalité que la volonté des Trois Grands de réécrire l’histoire et de retrouver une époque révolue d’oligopole.
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Il est tout aussi faux de prétendre que les politiques proconcurrentielles poursuivies par les gouvernements successifs depuis 2007 équivalent à une subvention à Vidéotron. Et c’est assez ironique si l’on considère que Bell, Telus et Rogers ont tous obtenu des pans entiers de spectre mobile gratuitement il y a des décennies et l’ont utilisé pour développer leurs entreprises et récolter d’énormes profits.
Au lieu de retourner à la planche à dessin, comme le voudrait Mintz, le gouvernement doit maintenir le cap. Des mesures réglementaires ciblées telles que la mise en réserve du spectre sont toujours nécessaires si la politique du quatrième acteur du sans fil doit offrir tous ses avantages. L’accès équitable au spectre nécessaire au déploiement de la 5G et des technologies sans fil du futur dans tout le pays est un élément clé de cette politique. L’avenir de la concurrence sur le marché canadien du sans-fil est en jeu.
Pierre Karl Péladeau est président et chef de la direction de Québecor.