Philip Cross : Une inflation plus élevée risque de s’enraciner au Canada

L’inflation sous-jacente est plus proche de 4 % que de 2 %. Si les accords salariaux intègrent cela, l’inflation reste élevée

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L’économie canadienne continue de faire mieux que prévu, Statistique Canada faisant état d’un gain d’emploi démesuré pour septembre. Poussés par un résultat similaire aux États-Unis, les rendements obligataires ont atteint leurs plus hauts niveaux depuis plus d’une décennie, les marchés s’attendant clairement à ce que l’inflation et les taux d’intérêt restent élevés plus longtemps.

Tel que mesuré par l’indice des prix à la consommation, l’inflation canadienne s’est accélérée, passant de son récent creux de 2,8 pour cent en juin à 3,8 pour cent en septembre. Cette reprise était largement attendue en raison des « effets de l’année de référence » : la baisse des prix de l’essence l’été dernier est remplacée dans l’indice par la hausse des prix de cet été.

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Mais ce qui pousse l’inflation ne se limite pas aux prix de l’énergie. Les mesures de l’inflation « sous-jacente » qui n’incluent pas les prix de l’énergie sont restées obstinément proches de 4 pour cent, même si la baisse des prix de l’essence a fait baisser l’inflation globale. Le coût des services a augmenté de 3,9 pour cent en septembre, entraîné par une forte hausse du nombre de locataires alors que la pénurie de logements au Canada s’aggravait. Dans le même temps, les augmentations de salaires se sont accélérées pour atteindre 5,0 pour cent au cours des dernières années. rapport sur les emplois.

Il était prévisible que la décélération de l’inflation au cours du premier semestre 2023 ne durerait pas. L’essentiel de la baisse des chiffres généraux est dû à l’amélioration de l’offre, notamment dans le secteur de l’énergie, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a fait monter les prix en flèche. La demande globale a à peine ralenti, en dehors de la construction de nouveaux logements, ce qui suggère que les taux d’intérêt ne sont toujours pas suffisamment élevés pour freiner l’inflation. Cela est particulièrement vrai lorsque les gouvernements continuent d’enregistrer des déficits. Aux États-Unis, le déficit de cette année – égal à 6 pour cent du PIB – met à rude épreuve une économie qui fonctionne déjà au plein emploi. Parallèlement, les ménages disposent encore d’importants soldes d’épargne, en partie à cause des transferts gouvernementaux trop généreux pendant la pandémie. En conséquence, après un premier ralentissement au printemps en réponse à la hausse des taux d’intérêt, les ventes de maisons ont recommencé à se réchauffer après que la Banque du Canada a indiqué prématurément qu’elle suspendrait toute nouvelle hausse des taux d’intérêt.

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Le déséquilibre persistant entre la demande globale et l’offre se reflète dans un taux de chômage historiquement bas – à peine 5,5 pour cent en septembre – qui exerce une pression à la hausse sur les salaires. Au début, la hausse des salaires était due à une pénurie de main-d’œuvre, en particulier dans les secteurs où les salaires étaient inférieurs à la moyenne, comme la restauration et le commerce de détail. Le défi était de limiter cette première série d’augmentations salariales à ces secteurs à bas salaires où il était difficile de trouver du personnel après la pandémie. Mais les hausses de salaires se sont généralisées alors que la plupart des travailleurs tentent de récupérer le pouvoir d’achat perdu à cause de la hausse des prix, notamment via plusieurs grèves très médiatisées à travers l’Amérique du Nord.

Même si des augmentations de salaires plus rapides constituent une réaction compréhensible à une inflation plus élevée, elles risquent de rendre plus difficile le retour à une inflation faible. Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a récemment déclaré que des augmentations de salaires de 3 à 3,5 pour cent étaient conformes à l’objectif d’inflation de 2 pour cent de la Fed, dans la mesure où une productivité plus élevée permet aux salaires d’augmenter plus que les prix sans alimenter l’inflation. Toutefois, pour que le Canada ne soit pas inflationniste, les augmentations de salaires doivent être plus faibles en raison de la baisse de la productivité du travail, qui a chuté au cours de huit des neuf derniers trimestres, enregistrant une baisse cumulative. déclin sur cette période, de près de six pour cent.

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Le Banque du Canada a récemment reconnu que l’inflation risquait de se stabiliser à plus de 2 pour cent par an à mesure que les travailleurs devenaient plus militants pour récupérer le pouvoir d’achat qu’ils avaient perdu à cause de la hausse des prix. Il a noté que les entreprises modifient leur comportement en matière de prix en réponse à la hausse des coûts et ajustent leurs prix plus d’une ou deux fois par an, ce qui était habituel lorsque l’inflation était calme.

Il est tout à fait logique que les travailleurs et les entreprises changent de comportement dans un environnement de prix en hausse constante, mais cela risque de déclencher une spirale salaires-prix qui complique le retour à l’objectif d’inflation de 2 pour cent. John Cochrane de la Hoover Institution propose une bonne description de la spirale salaires-prix dans son nouveau livre La théorie fiscale du niveau des prix: « Si vous demandez à l’épicier pourquoi le prix du pain est plus élevé, l’épicier blâmera le grossiste. Le grossiste blâmera le boulanger, qui blâmera le vendeur de blé, qui blâmera l’agriculteur, qui blâmera le fournisseur de semences et les revendications des travailleurs pour des salaires plus élevés, et les ouvriers blâmeront l’épicier pour le prix des denrées alimentaires.»

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La meilleure solution aurait été de contenir l’inflation avant qu’elle ne décolle en 2021, mais les déficits gouvernementaux persistants et la réaction léthargique de la Banque du Canada face à la hausse des prix ont gâché cette opportunité.

Philip Cross est chercheur principal à l’Institut Macdonald-Laurier.

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