Philip Cross : Les banques centrales s’en prennent enfin à l’inflation

Les banques centrales ont besoin d’une approche globale pour nous ramener à leurs objectifs d’inflation

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Ce mois-ci, les banques centrales ont signalé à des degrés divers qu’elles étaient conscientes à la fois des coûts d’une hausse de l’inflation et du risque qu’elle s’incruste. La Banque centrale européenne a déclaré qu’elle avait l’intention de relever les taux d’intérêt en juillet pour la première fois en 11 ans, bien que la raison pour laquelle une inflation de 8% ne soit pas suffisante pour agir immédiatement reste un mystère. La hausse de 75 points de base des taux cette semaine par la Réserve fédérale américaine, la plus importante depuis 1994, démontre son engagement envers son objectif d’inflation de 2 %. Ici au Canada, le sous-gouverneur Paul Beaudry a récemment signalé un resserrement clair de la politique monétaire de la Banque du Canada pour corriger ses « erreurs de prévision de l’inflation » reconnues. Cela a été suivi d’une hausse d’un demi-point des taux.

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À mesure que les dégâts de l’inflation s’aggravent, la nécessité de resserrer les conditions financières devient de plus en plus évidente. La Banque du Canada estime qu’une inflation de 5 % coûte au Canadien moyen 2 000 $ par année, de sorte que le taux réel de 6,8 % (et en hausse) coûte probablement à chacun d’entre nous plus de 3 000 $ par année. Les entreprises ressentent également le pincement de la hausse des coûts. La confiance des entreprises a chuté pour un troisième trimestre consécutif, 46 % des entreprises ayant déclaré que la hausse des coûts de main-d’œuvre affectait leurs plans d’investissement.

Combattre l’inflation est toujours douloureux. Une croissance plus lente ou même une récession signifie que certains Canadiens — mais pas un grand pourcentage — perdent leur emploi. Sevrer les marchés financiers d’une dépendance à des taux d’intérêt proches de zéro entraîne des pertes, comme on l’a vu sur les marchés boursiers et obligataires cette année. Mais l’alternative d’une inflation plus élevée affecte beaucoup plus de personnes. Une enquête récente de Statistique Canada a révélé que les trois quarts des Canadiens ont déclaré que des prix plus élevés les empêchent de faire face à leurs dépenses quotidiennes.

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L’une des raisons pour lesquelles les banques centrales ont perdu le contrôle de l’inflation est qu’elles pensent qu’elle provient davantage de perturbations transitoires de l’offre que d’une demande excédentaire. Le sous-gouverneur Beaudry a signalé avec justesse qu’il est inutile d’essayer de déterminer si l’offre ou la demande était davantage responsable de la hausse des prix. Les ruptures d’approvisionnement ont duré assez longtemps pour que la demande dépasse maintenant clairement le potentiel de production de l’économie et le fera encore un certain temps. Le résultat, conclut Beaudry, est que « l’économie est en surchauffe » et nous devons « aligner la demande sur l’offre ».

Nous devons le faire aussi vite que possible. Il est trop tard pour empêcher une flambée des prix. Mais la flambée n’a pas encore déclenché une spirale salaires-prix – dans laquelle les travailleurs recherchent des salaires plus élevés pour aider à compenser la hausse des prix, ce qui augmente les coûts de main-d’œuvre, ce qui renforce la pression à la hausse sur les prix, etc. D’un autre côté, des signes avant-coureurs indiquent qu’un taux de chômage record et une augmentation des postes vacants commencent à faire grimper les salaires. Selon l’Enquête sur la population active de Statistique Canada, la rémunération horaire moyenne s’est accélérée, passant de 3,3 % en avril à 3,9 % en mai. Plus inquiétante est la mesure plus complète des comptes nationaux des coûts totaux de la main-d’œuvre, qui comprend des paiements tels que les primes de signature et les heures supplémentaires. Il fonctionnait à 5,8 % au premier trimestre.

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Il est encore temps d’empêcher une hausse de l’inflation de s’inscrire dans les attentes des citoyens, mais le risque existe clairement. Des banques centrales plus vigilantes auraient agi plus rapidement pour maîtriser les coûts et les prix. Après tout, la capacité de se déplacer rapidement est l’un de leurs principaux avantages et l’inflation est censée être leur priorité. Ils ont agi à une vitesse fulgurante en réponse à la pandémie mais, même après avoir admis qu’ils étaient derrière la courbe de l’inflation, ils ont été lents à agir contre elle.

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Les gouvernements imprudents n’aident pas en continuant à alimenter la demande malgré le plein emploi. Cela comprend les 7 milliards de dollars d’aide aux ménages annoncés hier par la ministre des Finances Chrystia Freeland, les chèques de 500 $ que les gouvernements de l’Ontario et du Québec ont récemment envoyés à la plupart des ménages, et l’épargne excédentaire accumulée par les ménages pendant la pandémie, estimée entre 200 et 300 milliards de dollars. . Les gouvernements ont ainsi fourni aux ménages les moyens de continuer à dépenser alors même que les prix de la nourriture, de l’essence et du logement montent en flèche et que les taux d’intérêt augmentent, ce qui rend difficile de prévoir quand des taux d’intérêt plus élevés commenceront à freiner la demande et à faire baisser l’inflation.

Malgré cette complication, l’inflation reste du ressort des banques centrales. Comme le dit le président de la Fed, Jerome Powell : « C’est la Fed qui est responsable de la stabilité des prix. Quoi qu’il arrive en termes d’activité budgétaire, nous le prenons pour acquis. L’avantage de la politique monétaire est qu’elle peut être agile. Nous l’avons vu pendant la pandémie, lorsque les banques centrales ont déployé toute la gamme de leurs outils monétaires en réduisant considérablement les taux d’intérêt, en élargissant leurs bilans, en fournissant des liquidités et en soutenant le fonctionnement normal des marchés financiers. Ils ont besoin d’une approche globale similaire pour nous ramener à leurs cibles d’inflation.

Philip Cross est chercheur principal à l’Institut Macdonald-Laurier, qui a récemment publié son «L’inflation persistante oblige les banques centrales à resserrer leur politique monétaire.”

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