mercredi, décembre 25, 2024

Philip Cross : Greedflation ? C’est une affaire de gouvernement

Les entreprises ressentent le pincement de la hausse des prix autant sinon plus que les ménages

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La cupidité continue de circuler comme principale explication de la montée de l’inflation en 2022. L’idée est promulguée par des collectivistes de premier plan tels que le chef du NPD Jagmeet Singh et l’économiste Jim Stanford. Mais les preuves citées sont toujours anecdotiques. La publication de données complètes sur les bénéfices des sociétés dans les Comptes nationaux de Statistique Canada pour le troisième trimestre nous permet d’examiner les tendances à l’échelle de l’économie et de réfuter l’idée que la cupidité a alimenté l’inflation.

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Au cours des quatre derniers trimestres, les bénéfices des sociétés ont augmenté de 12,9 %. Avec une croissance du PIB nominal global de 11,1 %, la part des bénéfices est passée de 28,1 % à 28,5 %. Ainsi, le résultat final de toute l’avarice débridée, de la ruse canine et de l’escroquerie financière que les entreprises canadiennes ont pu rassembler leur a permis de saisir seulement 0,4 cent de plus sur chaque dollar supplémentaire circulant dans l’économie au cours de la dernière année. Cela n’explique rien à propos de l’inflation sur la même période.

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Le gain de bénéfices est bien inférieur à l’augmentation de 18,2 % des impôts indirects gouvernementaux et proche du gain de 11,3 % pour les revenus mixtes (principalement les agriculteurs et les entreprises non constituées en société). Bien que les gouvernements aient le plus profité de l’inflation – une aubaine de 28 milliards de dollars, selon la mise à jour économique de l’automne – les collectivistes ne se plaignent jamais que ce sont les gouvernements cupides qui alimentent l’inflation.

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Il est vrai que l’augmentation des bénéfices l’an dernier était légèrement supérieure à la hausse de 8,9 % des salaires et traitements, ce qui peut rendre les préoccupations actuelles concernant la hausse des salaires quelque peu injustes. Mais l’inquiétude à propos des salaires plus élevés n’est pas qu’ils ont fait grimper les prix plus que les bénéfices. L’inquiétude est que si les salaires et traitements commencent à augmenter sensiblement, alors parce que la main-d’œuvre représente 50 pour cent des coûts totaux, l’augmentation des coûts de main-d’œuvre sera exercer une pression à la hausse sur les prix et amorcer une spirale salaires-prix.

L’idée que la cupidité des entreprises peut alimenter l’inflation ignore que les entreprises sont encore plus inquiètes d’une inflation plus élevée que les ménages. Dans sa dernière enquête sur la conjoncture économique, StatCan a révélé que 58,4 % des entreprises ont cité l’inflation comme leur principal obstacle au cours des trois prochains mois, suivies de près par 48,1 % qui ont cité la hausse du coût des intrants. Près de 90 % des entreprises s’attendent à ce que leurs bénéfices chutent ou restent stables au cours des six prochains mois.

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La chute des cours boursiers confirme les dégâts de l’inflation sur les finances des entreprises. Les marchés de la plupart des pays avancés, y compris le Canada, ont fortement chuté en 2022, reflétant leur évanouissement pendant la longue période de forte inflation des années 1970, qui ne s’est terminée qu’une fois le dragon de l’inflation tué. Les investisseurs ne croient manifestement pas que l’inflation soit bonne pour les profits ou pour l’environnement commercial en général.

Que des entreprises avides entraînent des hausses de prix a toujours été improbable en théorie. Pourquoi la cupidité des entreprises a-t-elle soudainement explosé en 2022 après avoir apparemment dormi pendant quatre décennies ? La pandémie n’a pas changé la nature humaine; ce qui a changé, c’est une stimulation monétaire et budgétaire sans précédent de l’économie, qui, selon la Banque du Canada, a stimulé la demande au-delà des limites de ce que l’économie pouvait offrir. Il n’est pas nécessaire de chercher une explication plus compliquée de la poussée de l’inflation à un sommet de 40 ans.

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La concurrence est la raison pour laquelle des marges bénéficiaires plus élevées ne peuvent pas être une source durable d’inflation dans une économie de marché. Comme l’a noté l’économiste de l’Université de Cambridge, Diane Coyne, dans son livre Paradoxes of Prosperity, « La leçon des booms de l’investissement passés est que des bénéfices inhabituellement élevés, qui pourraient justifier des valorisations plus élevées que précédemment, sont presque toujours concurrencés. La grande beauté des marchés concurrentiels est que les consommateurs sont les bénéficiaires ultimes de l’innovation et de la croissance. La part de la production nationale revenant aux bénéfices, et donc aux actionnaires des entreprises, est restée relativement stable sur de longues périodes. Les seules industries qui peuvent soutenir des profits élevés sont celles qui sont protégées de la concurrence par la réglementation gouvernementale, comme les industries bancaires ou des télécommunications du Canada, ou par les tarifs imposés aux concurrents étrangers.

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La vacuité du concept de cupidité se reflète dans son inutilité en tant qu’outil de prévision de l’inflation. Il y a un an, personne ne prévoyait une explosion de la cupidité des entreprises et donc de l’inflation en 2022. C’est normal, car les fluctuations d’une année à l’autre de la cupidité humaine sont faibles. Les quelques économistes qui ont obtenu la bonne prévision d’inflation étaient ceux qui se concentraient sur l’extraordinaire relance politique injectée dans l’économie en 2020 et 2021 et la poussée conséquente de la masse monétaire.

Les mêmes personnes qui parlent de cupidité se tordent également les mains à propos de la chute de l’économie dans la récession à la suite de politiques monétaires restrictives. Le dernier rapport de StatCan montre que ces craintes sont exagérées, car l’emploi était dynamique en octobre tandis que la croissance du PIB au troisième trimestre était le double de ce que les économistes avaient prévu. Une économie en surchauffe, et non la cupidité des entreprises, est le moteur de l’inflation. Blâmer les entreprises pour cela ne fait qu’ajouter au sentiment anti-entreprise croissant qui freine la croissance économique à long terme déjà chroniquement faible du Canada.

La cupidité donne l’impression que les entreprises canadiennes se réjouissent d’une inflation plus élevée. La réalité est que les entreprises ressentent le pincement des prix plus élevés autant ou plus que les ménages, tandis que les investisseurs réduisent leur évaluation financière des sociétés en conséquence.

Philip Cross est chercheur principal à l’Institut Macdonald-Laurier.

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