Philip Cross : Enfin, une innovation canadienne à l’exportation : les blocages des camionneurs. Les voies ensoleillées auraient mieux fonctionné

Le public canadien ne réagit plus à l’approche clivante et intéressée de Trudeau en matière de gouvernance

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Les économistes ont exprimé à maintes reprises leur inquiétude quant au manque d’innovation qui entrave la capacité du Canada à exporter. Cependant, la semaine dernière, une innovation canadienne unique a été exportée dans le monde entier, alors que des convois de camions obstruent les principaux carrefours de transport et perturbent les centres-villes des grandes villes, de la Nouvelle-Zélande à l’Europe. Bon nombre de ces manifestants internationaux arborent le drapeau du Canada pour reconnaître la dette envers les premiers manifestants « à la canadienne » qui ont innové cette tactique.

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Pour une fois, les gouvernements peuvent revendiquer de manière crédible le mérite d’avoir joué un rôle clé dans une innovation majeure. C’est la politique malheureuse du gouvernement Trudeau d’exiger que les conducteurs américains soient vaccinés pour entrer au Canada qui a déclenché la protestation. Comme l’a noté le député libéral Joel Lightbound dans sa réprimande cinglante de la gestion essentiellement partisane de la pandémie par le gouvernement depuis le début de la campagne électorale de 2021, la politique contredit la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé. De plus, comme l’a dit Lightbound, le gouvernement n’a fourni aucune preuve épidémiologique que les camionneurs propageaient le virus. La politique a été adoptée uniquement pour marquer des points politiques partisans et non comme un outil de lutte contre la pandémie. Il est normal qu’une politique aussi cynique conçue à des fins politiques soit devenue un handicap majeur tant pour le gouvernement que pour l’image internationale du Canada.

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Trudeau a aggravé les choses avec une rhétorique incendiaire lorsque le convoi est arrivé à Ottawa, à la suite de la tactique autoproclamée du président français Emmanuel Macron consistant à « vraiment (vouloir) faire chier » les non vaccinés. Plutôt que de faire baisser la température, Trudeau l’a fait monter en qualifiant les manifestants de «minorité marginale», de «racistes et misogynes» et d’«extrémistes», exagérant ces derniers en se cachant brièvement.

Premier ministre Justin Trudeau.
Premier ministre Justin Trudeau. Photo de Dave Chan/AFP via Getty Images

L’incompétence stupéfiante de la Ville d’Ottawa a aidé les protestations à s’enraciner dans le centre-ville, alors que décrit par David Pugliese dans The Ottawa Citizen. Ce n’est pas comme si le convoi s’était faufilé en ville du jour au lendemain. Les camionneurs ont annoncé leur arrivée des jours à l’avance alors qu’ils traversaient le pays avec l’intention exprimée d’occuper le centre-ville pendant une période prolongée. Les autorités locales ont ignoré les avertissements, n’ont rien fait pour isoler le centre-ville des camions arrivant et ont même fourni un centre d’approvisionnement essentiel dans un parc local. Après le début de la manifestation, la police a supposé qu’elle ne durerait qu’un week-end, comme si les gens traversaient le Canada en voiture juste pour passer un week-end idyllique dans la capitale, puis rentraient docilement chez eux. La police n’a pas appliqué les règlements, laissant à un résident de 21 ans le soin de déposer un recours collectif pour mettre fin au bruit constant des klaxons.

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Il est difficile de voir comment le blocus au centre-ville d’Ottawa sera facilement résolu, étant donné l’animosité personnelle entre le premier ministre et les manifestants et le refus des dépanneuses de s’impliquer. Et Trudeau peut difficilement appeler à une réponse énergique à la désobéissance civile alors que Steven Guilbeault est assis à la table du Cabinet, le même Steven Guilbeault qui a illégalement escaladé la Tour CN en 2001, y a accroché une bannière de Greenpeace, a été arrêté, a reçu une peine avec sursis et a été contraint de payer pour certains des dommages qu’il a causés. Comme Guilbeault, en effet, certains membres du convoi sont passés du jour au lendemain de camionneurs anonymes à des vedettes médiatiques internationales se délectant de leur notoriété pour avoir découvert une tactique qui a paralysé le centre-ville d’une capitale du G7. Appelez-les les anti-Gretas, se prélassant sous le même projecteur médiatique mondial autrefois donné au sombre écologiste adolescent suédois.

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Tout le gâchis est un résumé approprié de l’héritage de Justin Trudeau. En prenant ses fonctions en 2015, il promettait un retour aux « voies ensoleillées », par quoi il entendait apparemment les bons moments — sans comprendre le vrai sens de Wilfrid Laurier lorsqu’il adopta l’expression en 1895. Laurier faisait référence à la fable d’Ésope sur un concours entre le soleil et le vent pour voir qui réussirait à forcer un voyageur à enlever son manteau. Plus le vent hurlait, plus le voyageur serrait son manteau. En revanche, un ensoleillement régulier induit rapidement le retrait du pelage. Au lieu d’adopter cette approche « ensoleillée » pour gouverner, cependant, Trudeau a presque toujours recours à la fanfaronnade lorsqu’il est confronté à l’opposition. Une approche ensoleillée du convoi de camions aurait produit un bien meilleur résultat que la confrontation qu’il a adoptée.

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Comme Dominique Ducharme, l’entraîneur assiégé des malheureux Canadiens de Montréal qui a récemment été congédié alors que son équipe plongeait de la finale de la Coupe Stanley à la dernière place de la LNH, Trudeau a «perdu la place». Le public canadien ne réagit plus à son approche de gouvernement qui divise et égoïste. Il est temps de passer à un nouveau chef qui peut communiquer avec tous les Canadiens.

S’adressant au Parlement en 2012, Barack Obama a affirmé que « le monde a besoin de plus de Canada ». Ni lui ni Trudeau n’ont jamais imaginé que le monde obtiendrait du Canada un nouveau modèle de désobéissance civile. La vision élitiste du monde que partagent les deux hommes ne permet pas à la classe ouvrière d’être autre chose que des pions dociles à manipuler sur son échiquier politique. Obama et Trudeau partageaient à la fois une « bromance » et un angle mort flagrant face à la montée du populisme qui menace d’être leur principal héritage.

Philip Cross est chercheur principal à l’Institut Macdonald-Laurier.

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