Philip Cross: des statistiques d’émissions plus fréquentes ne sont pas nécessaires

Les ressources limitées de Statcan seraient mieux utilisées pour des statistiques économiques plus précises comme l’inflation

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La CBC continue de remplir le mandat qu’elle s’est assigné de fournir une plate-forme accueillante pour les points de vue et les projets de gauche. Rob Smith, un ancien collègue de Statcan en tant que directeur des statistiques environnementales, a bénéficié d’un tour gratuit sur l’édition de la semaine dernière de « What On Earth » de CBC Radio One tout en soutenant que les données sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) devraient être publiées plus fréquemment qu’une fois par année, tout comme les statistiques économiques sur l’inflation, le chômage et le PIB paraissent mensuellement ou trimestriellement.

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Il y a plusieurs choses qui ne vont pas dans cet argument. Pour commencer, les tendances à long terme des émissions de GES sont tout ce qui compte. Les fluctuations infra-annuelles reflètent principalement des conditions météorologiques ou des chocs économiques inhabituels tels que le début de la pandémie en 2020, et non le changement structurel de notre société vers une assise moins intensive en carbone. Les objectifs d’émissions mondiales sont établis sur une base annuelle et projetés sur des décennies dans le futur pour une bonne raison.

Inversement, les fluctuations à court terme de l’économie sont importantes pour les investisseurs et les décideurs. Des données pas tout à fait en temps réel sur l’effondrement économique du printemps 2020 ont aidé à éclairer les décisions politiques, tout comme les données mensuelles sur la récente flambée de l’inflation. Les décideurs disposent des outils nécessaires pour modifier les résultats économiques à court terme et ne devraient pas attendre des trimestres ou des années pour savoir ce qui arrive à l’économie. D’un autre côté, les changements structurels dans les émissions mettent du temps à se développer et ils sont tous les sujets de la politique de changement climatique.

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Deuxièmement, il est inutile de produire des données sur les émissions du Canada sans les replacer dans le contexte des émissions mondiales. Le Canada réduit ses émissions a peu d’impact sur le réchauffement climatique à moins que les émissions ne diminuent dans le monde entier. Ce pays ne produit que 1,5 % des émissions mondiales, ce qui rend la surveillance étroite de nos émissions presque inutile. En revanche, les dix plus grands pays représentent les deux tiers de toutes les émissions. Pour ralentir le changement climatique, les émissions doivent baisser comme la Chine, les États-Unis, l’Inde et d’autres grands pays.

Il est également important de comprendre que Statcan n’est pas la seule source de données sur les émissions de GES. Environnement et Changement climatique Canada produit également un décompte annuel de nos émissions. Il diffère légèrement de l’estimation de Statcan en raison des différences selon que les émissions des avions sont attribuées au pays d’origine de l’avion ou aux pays qu’il traverse. De telles questions préoccupent les statisticiens gouvernementaux.

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Peut-être que si le gouvernement fédéral avait un ministère entier consacré à l’inflation — appelez-le Inflation et variation des prix Canada — la récente flambée de l’inflation aurait pu être évitée. Bien sûr, une telle organisation existe déjà sur le papier. Le seul objectif de la Banque du Canada est de contenir l’inflation. L’une des raisons possibles pour lesquelles il a perdu le contrôle de l’inflation était la distraction par des problèmes extérieurs à son mandat, y compris le changement climatique. Des données trimestrielles sur les émissions risqueraient de détourner davantage la banque de son unique objectif.

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Rob Smith cite l’Europe comme un exemple des vertus de la publication de données trimestrielles sur les émissions. En réalité, l’Europe sert d’avertissement sur les pièges à trop se concentrer sur les émissions et pas assez sur des sources d’énergie sûres et peu coûteuses. Avec une pénurie de gaz naturel à l’approche de l’hiver, les pays européens rouvrent des centrales au charbon qui ont été fermées dans la précipitation pour se convertir aux sources d’énergie renouvelables (mais non nucléaires). La folie de l’Allemagne de s’appuyer entièrement sur la Russie pour son gaz naturel en refusant de construire des terminaux GNL pour importer à partir de sources plus fiables, désormais évidentes pour tous, était en partie motivée par sa détermination à éviter les infrastructures de combustibles fossiles – bien qu’elle n’ait jamais expliqué pourquoi l’infrastructure des pipelines était D’ACCORD. La politique énergétique européenne risque d’avoir un résultat désastreux cet hiver parce qu’elle a trop mis l’accent sur les préoccupations environnementales au détriment des considérations économiques et de sécurité nationale. Si, comme le prétendent les promoteurs, davantage de données sur les émissions augmentent la conscience environnementale, alors l’Europe sert d’exemple qui donne à réfléchir que se concentrer exclusivement sur l’environnement peut nuire à la société sans avoir d’impact réel sur le changement climatique mondial.

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Au fond, la seule raison de publier des statistiques d’émissions plus fréquentes est d’attirer encore plus l’attention sur le changement climatique. Ce n’est certainement pas nécessaire. Ce n’est peut-être même pas possible compte tenu de l’obsession actuelle des médias pour le climat. Chaque jour, les gros titres crient à quel point le temps chaud de cet été est de facto la preuve d’une calamité climatique. Plus de statistiques d’un petit émetteur comme le Canada ne changeront pas la conscience de façon importante. Les ressources limitées de Statcan seraient mieux utilisées pour des statistiques économiques plus précises. L’inflation, la principale préoccupation des Canadiens aujourd’hui, serait un bon point de départ; par exemple, Statcan n’a commencé que récemment à enquêter sur les prix des voitures d’occasion, une lacune dans les données qui sous-estimait considérablement l’inflation.

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Mesurer quelque chose moins fréquemment ne signifie pas que « ces choses n’ont pas d’importance », comme le prétend Smith. De nombreux phénomènes importants sont mesurés exclusivement sur une base annuelle car les tendances infra-annuelles sont généralement sans conséquence ou potentiellement trompeuses. Les exemples incluent les données sur la criminalité, les listes d’attente des hôpitaux, l’accès à Internet et la façon dont nous vivons en famille. Le seul changement dont nous avons besoin pour les données sur les émissions est de rendre obligatoire le placement de leur tendance dans le contexte des émissions mondiales.

Philip Cross, ancien analyste économique en chef à Statistique Canada, est chercheur principal à l’Institut Macdonald-Laurier.

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