La potion de hausse des taux semble fonctionner et trop peut être mortelle
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La sagesse conventionnelle veut que la Banque du Canada n’ait pas fini d’augmenter les taux d’intérêt. Statistique Canada a rapporté la semaine dernière que les hausses d’une année sur l’autre de l’indice des prix à la consommation se sont accélérées pour atteindre 3,3 pour cent en juillet contre 2,8 pour cent en juin, malgré un nombre stupéfiant de hausses de taux depuis le début de 2022.
Les marchés s’attendaient à une légère hausse de l’inflation, mais pas autant. Les experts ont souligné que, dans l’ensemble, le rapport sur l’inflation était une mauvaise nouvelle pour la banque centrale et qu’il augmentait les chances de nouvelles hausses à venir. Avaient-ils raison ?
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Plongez dans les détails et, à première vue, cela n’a pas l’air génial. Mais ce qui n’a pas été abordé dans les flashs d’information, c’est que certains groupes clés du panier de prix de Statistique Canada étaient soit en déflation, soit en territoire de désinflation le mois dernier. Le coût des opérations domestiques, de l’ameublement et de l’équipement – une catégorie qui représente près de 15 pour cent du panier – a diminué en moyenne de 0,5 pour cent par mois au cours des trois derniers mois. Cela représente une baisse annualisée de 5,9 pour cent. Aie.
Ce n’est pas seul. La catégorie des vêtements et chaussures a chuté de 2,8 pour cent au cours des deux derniers mois. Pendant ce temps, les coûts des soins de santé ont stagné. Environ un quart du panier a déjà été durement touché par la hausse des coûts d’emprunt.
Ce qui semble également avoir échappé aux plaisanteries collectives, c’est l’impact sur l’inflation des taux d’intérêt eux-mêmes. Les données montrent que les frais d’intérêt hypothécaires – un élément de l’indice des prix à la consommation – ont augmenté de 30,6 % par rapport à juillet 2022. Rien d’autre dans l’indice n’est même proche.
Ce chiffre époustouflant n’est pas le résultat d’une anomalie datée dans les données. La croissance mensuelle reste à un rythme effréné, sur une séquence annualisée à deux chiffres qui en est à son quatorzième mois. À l’heure actuelle, l’augmentation mensuelle annualisée est en moyenne de 24 pour cent. La dynamique est si forte que si les taux mensuels ralentissaient immédiatement à 2 pour cent (très peu probable, compte tenu du calendrier des augmentations des taux d’intérêt), le chiffre annuel des intérêts hypothécaires continuerait d’augmenter à deux chiffres jusqu’en février prochain, et ne serait pas dans la position idéale de la Banque du Canada avant juillet 2024.
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Rappelons-nous qu’il s’agit d’une inflation provoquée par les actions des banques centrales – une de ces situations étranges où l’antidote est le venin lui-même. Mais si tel est le cas, la mesure du succès ne devrait-elle pas être l’évolution des prix de tout, à l’exception des frais d’intérêt hypothécaire ? Cela semble raisonnable.
Les dissidents rétorqueront que les frais d’intérêt hypothécaires sont trop faibles pour avoir de l’importance. Il est vrai que la pondération du panier de l’IPC 2022 pour les intérêts hypothécaires n’était que de 3,46 pour cent. Mais multipliez cela par 30,6 pour cent de croissance, et vous ajoutez un point de pourcentage à la croissance de l’inflation globale. Le rapport de la semaine dernière le souligne : net des frais d’intérêt hypothécaires, l’indice des prix à la consommation n’a augmenté que de 2,4 pour cent, soit à un cheveu de l’objectif de la Banque du Canada. Grâce à cette mesure, nous pourrions conclure que la bataille contre l’inflation est presque gagnée.
Malheureusement, peu de gens voient ce numéro ; et s’ils le font, ils trouveront probablement cela un peu déroutant. Ce qui a du sens pour eux, c’est le titre. Et la croissance globale qui a bondi à 3,3 pour cent en juillet est suffisante pour maintenir leurs attentes en matière de prix quant à la direction de l’inflation bien au-dessus de l’objectif de 2 pour cent de la Banque du Canada. La tâche déclarée de la banque n’est pas seulement de ramener les prix au niveau, mais aussi de maîtriser ces attentes. Beaucoup concluent donc à contrecœur que le travail de nos autorités monétaires n’est pas terminé et qu’elles devront peut-être continuer à augmenter les taux.
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Mais il existe un risque important d’en faire trop. Faisons le calcul. Étant donné que la hausse des coûts d’intérêt ne va pas s’atténuer de sitôt, si la Banque du Canada veut ramener l’inflation globale à 2 pour cent, elle devra ramener tous les autres coûts à la consommation à une croissance de seulement 0,9 pour cent. Cette voie d’action garantit pratiquement que des catégories plus larges se trouveront dans les zones désinflationnistes ou déflationnistes. Le risque pour l’économie est qu’une fois que la croissance des coûts d’intérêt finira par ralentir, la croissance globale des prix sera alors bien inférieure à l’objectif – ce qui constituerait peut-être un défi plus important que de ramener l’inflation actuelle à des niveaux raisonnables.
Il existe un autre chemin possible. Si l’indice des prix à la consommation net des intérêts hypothécaires était la mesure cible, la banque centrale se contenterait de l’amener à une croissance de 2 pour cent. Si cet objectif était atteint, la superposition des coûts d’intérêt porterait l’IPC global à environ 3 pour cent. Il faudra peut-être envoyer des messages intelligents pour gérer les attentes et fixer les prix, mais cela en vaut peut-être la peine. La première voie risque d’entraîner une perte considérable d’activité économique et d’emplois.
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Sans aucun doute, c’est une danse délicate. Mais il est, au mieux, préliminaire de conclure que les dernières données sur l’inflation obligent la Banque du Canada à resserrer davantage sa politique monétaire. Jusqu’à présent, les hausses de taux continueront à peser lourdement sur l’économie jusqu’à l’année prochaine. Des changements de prix parasites et éphémères compliquent sans doute l’exercice, mais la potion semble fonctionner. Trop de choses peuvent être mortelles.
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