jeudi, décembre 12, 2024

Perspectives économiques : vers une stagnation durable selon les instituts spécialisés

Les économistes s’inquiètent d’une contraction de l’économie allemande, avec une prévision de recul de 0,2 % pour cette année. La stagnation persistante et les défis structurels menacent la croissance future, estimée entre 0,4 % et 1,6 % d’ici 2026 selon divers instituts. Le marché de l’emploi est également touché, avec des entreprises envisageant des réductions d’effectifs. Les incertitudes politiques et géopolitiques aggravent la situation, incitant les entreprises à retarder leurs investissements.

Les Prévisions Économiques des Experts pour l’Allemagne

Les économistes s’accordent sur un constat préoccupant : l’économie allemande devrait terminer l’année avec un léger recul et ne pas anticiper de reprise imminente pour l’année prochaine.

Une Stagnation Persistante et des Défis Structurels

Les analystes estiment que le futur gouvernement fédéral ne pourra pas compter sur des conditions économiques favorables. L’Institut de Kiel pour l’économie mondiale (IfW) prévoit une stagnation pour 2025, tandis que l’institut DIW de Berlin n’attend qu’une légère croissance de 0,2 %. De son côté, l’Ifo de Munich évoque un potentiel d’augmentation du produit intérieur brut (PIB) de 1,1 % si le nouveau gouvernement prend des décisions économiques judicieuses. Cependant, si les défis structurels persistent, la croissance ne dépasserait pas 0,4 %. Timo Wollmershäuser, responsable de la conjoncture à l’Ifo, a souligné que l’incertitude plane quant à savoir si cette stagnation est temporaire ou indique un changement durable et douloureux pour l’économie.

Pour cette année qui touche à sa fin, l’IfW et le DIW s’accordent à prévoir une contraction de 0,2 %, après un recul de 0,3 % en 2023. Les économistes de Kiel ont résumé leur prévision pessimiste en affirmant que l’économie allemande est piégée dans la stagnation. Le DIW partage cette vision, notant que les perspectives d’une reprise durable s’éloignent face à des défis structurels croissants. Les experts estiment que des signes d’amélioration ne devraient apparaître qu’à partir de la mi-année prochaine, avec des prévisions de croissance de 1,2 % pour 2026 par le DIW, tandis que l’IfW anticipe une hausse modeste de 0,9 %. Dans le scénario optimiste, l’Ifo envisage une croissance de 1,6 %, contre 0,8 % dans son scénario de base.

Geraldine Dany-Knedlik, chef de la conjoncture au DIW, a noté un mélange préoccupant de stagnation conjoncturelle et de problèmes structurels, affectant particulièrement le secteur manufacturier, pilier traditionnel de l’économie allemande. Les économistes s’inquiètent également des politiques commerciales américaines qui pourraient contrarier les exportations allemandes. Si le nouveau gouvernement américain, dirigé par Donald Trump, met en œuvre des mesures protectionnistes, telles que des droits de douane sur les importations, cela pourrait exacerber les difficultés des entreprises allemandes déjà en perte de compétitivité.

Un récent sondage de l’Institut de l’économie allemande (IW) révèle que la conjoncture impacte déjà le marché de l’emploi. Sur plus de 2000 entreprises interrogées, 38 % envisagent de réduire leurs effectifs l’année prochaine, tandis que seulement 17 % prévoient d’embaucher. C’est la pire perspective d’emploi observée depuis la crise financière mondiale de 2009. La situation est particulièrement alarmante dans l’industrie, où seulement 14 % des entreprises souhaitent renforcer leur personnel, tandis que 44 % envisagent de réduire leurs effectifs. Le pessimisme s’étend également aux prestataires de services, qui avaient jusqu’à présent stabilisé le marché de l’emploi. Selon le sondage, 35 % d’entre eux prévoient également de diminuer leurs effectifs, et seuls 23 % envisagent d’embaucher.

Les incertitudes géopolitiques et les nouvelles élections en Allemagne contribuent à créer un climat d’incertitude pour les entreprises et les consommateurs. L’Institut DIW souligne que, face à l’impasse politique suite à l’échec de la coalition, les entreprises pourraient retarder leurs investissements jusqu’à ce que la direction économique du nouveau gouvernement soit clairement définie. L’IfW considère également cela comme un facteur de stress pour la conjoncture.

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