vendredi, décembre 27, 2024

Perrin Beatty : Chrystia Freeland devrait repenser la taxe imparfaite sur l’indexation de l’alcool

Les consommateurs ne devraient pas être soumis à une augmentation inutile des taxes de 4,7 % en avril

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Lorsque la ministre des Finances, Chrystia Freeland, déposera le budget fédéral de 2024, ce sera le septième anniversaire de la taxe indexée sur la bière, le vin et les spiritueux du gouvernement Trudeau.

Initialement élaborée en 2017, au cours de ce qui ressemble aujourd’hui à une période de Boucle d’or où l’inflation était faible et prévisible, égale ou inférieure à 2 %, la mesure aurait pu paraître plutôt inoffensive. Étant donné que les taxes d’accise sont perçues à un coût fixe, plutôt qu’à une part du prix total comme les taxes de vente ordinaires, ce changement visait à compenser le fait que les taux fédéraux n’avaient pas augmenté depuis longtemps.

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Mais comme l’augmentation est perpétuelle – elle est désormais liée au taux d’inflation de l’ensemble de l’économie au cours de l’année précédente – elle augmente effectivement le montant de la taxe d’accise automatiquement chaque mois d’avril. Si, comme cela s’est produit l’année dernière, l’économie a connu une inflation moyenne de 4,7 pour cent, la loi fiscale stipule que les droits d’accise prélevés sur la bière, le vin et les spiritueux doivent être augmentés d’autant. Et cela finit par être répercuté sur les consommateurs.

Lorsque l’on vit dans un monde où l’inflation était constamment égale ou inférieure à l’objectif d’inflation de 2 pour cent de la Banque du Canada, cela peut sembler trivial. Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui.

L’inflation elle-même est fortement influencée par les attentes des consommateurs et vice versa. Si nous pensons que le prix d’un produit va augmenter demain, nous avons tendance à en acheter davantage aujourd’hui. Ce qui accroît la demande et fait grimper les prix à court terme. De même, si les prix baissent pour quelque chose de tangible et dont le prix est bien compris, cela peut modifier considérablement notre perception des pressions sur les prix dans l’ensemble de l’économie.

Les produits de base comme le logement, l’essence, la nourriture et l’alcool reflètent des prix très visibles et compris par les consommateurs parce que nous les achetons fréquemment – ​​mais aussi parce que nous en parlons beaucoup. En ce sens, ce qui arrive à ces prix n’est pas seulement important pour ces éléments, mais aussi pour la manière dont nous envisageons et combattons l’inflation en termes politiques.

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Les recherches menées par des économistes du Boston College, de l’Université de Chicago et de l’Institut de technologie de Karlsruhe le démontrent clairement. Ils constatent que l’attention des consommateurs, via les médias, aux changements de politique sur des sujets tels que les taxes à la consommation peut avoir un impact et une sensibilisation bien plus importants sur les consommateurs que ce que leur disent les banquiers centraux lors des conférences de presse sur les taux d’intérêt futurs.

En d’autres termes, si les décideurs veulent influencer la façon dont les gens pensent et ressentent l’inflation, il faut aller là où se trouvent les consommateurs. C’est pourquoi la taxe indexée n’a plus de sens aujourd’hui.

Indexer quelque chose sur l’inflation est judicieux pour les avantages fiscaux et sociaux, afin que leur valeur ne s’érode pas avec le temps. De même, l’indexation des tranches d’imposition contribue à nous protéger, en tant que contribuables, contre le risque que nous payions simplement un taux d’imposition plus élevé au fil du temps parce que l’inflation pousse nos revenus au-dessus d’une tranche d’imposition fixe. Mais la taxe indexée est différente : elle fait simplement augmenter les prix des intrants, même si le prix du bien sous-jacent n’augmente pas. Et contrairement au prix de détail du carbone, il n’existe aucune remise pour le compenser.

Dans ses dernières prévisions, la Banque du Canada ne s’attend pas à ce que l’inflation se rapproche de l’objectif de 2 pour cent avant l’année prochaine. Les consommateurs, pour leur part, s’attendent à ce que l’inflation des produits alimentaires et le coût des repas au restaurant continuent d’augmenter à des taux bien supérieurs à l’indice global des prix à la consommation, même si les pressions sur les prix dans l’économie pourraient diminuer cette année. Les consommateurs semblent être conscients que le coût de produits comme l’alcool augmente en raison des sécheresses et des effets des conflits mondiaux sur des produits comme la production d’orge.

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Avec des attentes élevées en matière de hausses de prix futures, les consommateurs pourraient se sentir et agir avec moins de confiance qu’ils ne le devraient actuellement. Cela pourrait à son tour rendre plus difficile le travail de la Banque du Canada et la voie vers une baisse des taux d’intérêt.

Dans ce contexte, il semblerait insensé de continuer à exercer une pression supplémentaire en augmentant les impôts sur quelque chose d’aussi visible à l’heure actuelle. Comme le dit la ministre Freeland, sa « priorité numéro un est d’utiliser tous les outils à ma disposition… pour garantir que les taux d’intérêt puissent baisser le plus rapidement possible ».

Une victoire pour elle et pour les consommateurs est de reconnaître que la situation actuelle est différente, de suspendre l’augmentation de 4,7 pour cent et de prendre le temps de repenser cette politique à l’avenir.

Nouvelles postmédias

Perrin Beatty est président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Canada.

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