L’Allemagne fait face à une hausse des prix de l’électricité, impactant également la Norvège et la Suède en raison de leurs interconnexions. En décembre, un calme a réduit la production éolienne allemande, obligeant à recourir aux énergies fossiles et à importer de l’électricité. Les tarifs en Norvège ont atteint des niveaux record, suscitant des critiques des gouvernements norvégien et suédois. La gestion des coûts énergétiques soulève des questions, notamment sur l’excédent d’électricité renouvelable de la Norvège.
Alors que l’Allemagne traverse une période de calme sombre, les marchés de l’électricité connaissent une flambée des prix. Les entreprises allemandes expriment leur mécontentement, tout comme les consommateurs norvégiens, qui doivent faire face à des tarifs d’électricité parmi les plus élevés depuis des années. Cependant, selon l’expert en énergie Bruno Burger, ces plaintes pourraient manquer d’objectivité.
Les fluctuations de prix sur le marché de l’électricité
Lorsque le calme s’installe, les coûts de l’électricité augmentent, non seulement en Allemagne mais aussi dans les pays voisins. En décembre, les habitants de Norvège et de Suède ont particulièrement ressenti cette pression, car leurs réseaux sont interconnectés avec celui de l’Allemagne. Le câble sous-marin qui relie l’Allemagne à la Norvège est connu sous le nom de Nord-Link, tandis que le lien vers la Suède s’appelle Baltic Cable.
Ces interconnexions permettent un échange d’électricité entre les différents pays. Par exemple, lorsque les éoliennes en Suède génèrent un surplus d’énergie, l’Allemagne peut en tirer parti à un tarif compétitif, et vice versa. Toutefois, cela signifie également que lorsque la demande d’électricité renouvelable en Allemagne augmente, les prix s’élèvent également dans les autres pays, suscitant des frustrations face au système énergétique allemand.
Contrairement à l’Allemagne, la Norvège et la Suède ont divisé leur réseau électrique en plusieurs zones tarifaires. Bruno Burger, de l’Institut Fraunhofer pour les systèmes énergétiques solaires (ISE), explique dans un podcast que cette répartition permet de mieux gérer la capacité des lignes de transmission. Les régions riches en énergies renouvelables bénéficient de tarifs particulièrement bas, tandis que celles disposant de moins de ressources renouvelables doivent compenser les coûts de transport.
Des prix de l’électricité en forte hausse
La Norvège compte six zones tarifaires, la région NO4 au nord étant le cœur de son approvisionnement énergétique, avec 365 centrales hydroélectriques produisant environ 99 % de l’électricité du pays. L’année dernière, le tarif moyen dans cette zone était de seulement 23 euros par mégawattheure, soit 2,3 centimes par kilowattheure. En revanche, dans les zones NO2NSL et NO2 au sud, les prix ont atteint jusqu’à cinq centimes par kilowattheure.
Le 12 décembre, un calme sombre a frappé l’Allemagne, entraînant une chute de la production éolienne. Pour répondre à cette demande, les fournisseurs d’électricité allemands ont dû recourir à des centrales à charbon et à gaz, tout en utilisant l’électricité importée de Norvège et de Suède via des lignes sous-marines. En conséquence, les prix de l’électricité en Allemagne ont atteint des sommets de 936 euros par mégawattheure, soit 93 centimes par kilowattheure, bien au-dessus de la moyenne de huit centimes en 2024.
Bien que de nombreux ménages allemands possèdent des contrats à prix fixes leur protégeant des hausses, les consommateurs norvégiens, qui utilisent principalement des compteurs intelligents, ont subi l’impact direct de cette hausse. Pendant cette période de calme, les prix en Norvège ont grimpé jusqu’à 35 centimes par kilowattheure, atteignant des niveaux record à Oslo.
Le ministre norvégien de l’Énergie, Terje Aasland, a qualifié la situation de « déplorable », tandis que le Premier ministre Jonas Gahr Støre a souligné la nécessité pour l’Europe de discuter d’une répartition équitable des énergies renouvelables. De son côté, la ministre de l’Énergie suédoise, Ebba Busch, a exprimé son mécontentement, menaçant de suspendre la construction d’une nouvelle ligne sous-marine si l’Allemagne ne modifie pas son approche.
Un débat sur la gestion des coûts énergétiques
La dynamique du marché de l’électricité en Europe reste complexe, et les plaintes norvégiennes soulèvent des questions. Bruno Burger note que le gouvernement norvégien a instauré un plafond de sept centimes par kilowattheure, avec une subvention de 90 % pour les coûts dépassant ce montant. Cependant, il souligne que cette aide ne couvre pas la totalité des coûts, ce qui alimente le mécontentement.
Il est important de noter que la Norvège produit plus d’électricité renouvelable qu’elle n’en consomme, fournissant historiquement environ 110 % de sa consommation. Ne pas vendre cet excédent à l’Allemagne et au Royaume-Uni serait une opportunité manquée pour générer des revenus et subventionner les prix de l’électricité domestiques.