Les Rendez-Vous Unifrance de cette semaine à Paris débuteront mardi soir avec la première mondiale de « Auctions » de Pascal Bonitzer, un drame choral qui fait la une des journaux et qui se déroule dans le collimateur du grand art et de la haute finance.
Produite par SBS Productions (« Last Summer », « Elle ») et vendue par Pyramide International, la saga du monde de l’art suit, entre autres, un commissaire-priseur en vogue (Alex Lutz, « Vortex »), son assistant peu fiable ( Louise Chevillotte, « Benedetta »), et le type ouvrier (Arcadi Radeff, « Passages ») qui met le récit en mouvement en réalisant que son art mural autrefois inoffensif porte la signature d’Egon Schiele.
Le scénariste-réalisateur Pascal Bonitzer pensait à l’origine explorer ce monde de commissaires-priseurs de haut niveau sous forme de série, mais il a exploité le potentiel cinématographique singulier de l’histoire grâce à la découverte réelle de chefs-d’œuvre de Schiele que l’on pensait perdus pendant la Seconde Guerre mondiale.
«J’étais fasciné par cette collision de deux mondes», raconte Bonitzer Variété. « D’une part, ces commissaires-priseurs doivent jouer à un jeu : ils doivent séduire les vendeurs potentiels, en arrachant les artefacts à la concurrence. [with a show of confidence]. Et puis il y a ce jeune ouvrier d’usine qui possède une œuvre d’art de valeur sans le savoir. J’ai donc été intéressé par ce contraste qui plonge le jeune homme dans un monde qui lui est complètement étranger : celui de l’argent.»
Scénariste adroit, Bonitzer établit des parallèles entre le marchand de roues cosmopolite André (Alex Lutz) et son client choqué, tout en construisant un casting de personnages vivants qui comprend également la collègue évaluatrice d’art et ex-femme d’André (Léa Drucker, « L’été dernier » et l’avocate provinciale faisant tout ce qu’elle peut pour relier ces deux mondes (Nora Hamzawi, « Non-Fiction »).
Et puis, coupant à travers le drame du personnage, se trouve la stagiaire menteuse pathologique d’André, Aurore (Louise Chevillotte).
«J’avais besoin d’un point d’entrée dans ce monde plutôt opaque», explique Bonitzer. « Mais en même temps, j’avais besoin de rendre ce personnage spécial, de le faire se démarquer. Et cette idée de menteur déstabilisateur m’a vraiment amusé.
Pourquoi ça?
« Les mensonges sont fondamentalement cinématographiques », explique Bonitzer. « Un mensonge à l’écran crée une tension et une distance entre les personnages et le spectateur. Le spectateur devient témoin de quelque chose que les personnages ignorent, ce qui devient source de frictions et source de plaisir en attendant que la vérité soit découverte, que les personnages rattrapent leur retard.
Ancien critique des Cahiers du Cinéma devenu cinéaste, Bonitzer reste un collaborateur recherché au sein de l’industrie française. Il a récemment co-écrit « L’Été dernier » avec Catherine Breillat et adaptera prochainement « Maigret dans le monde » de Georges Simenon qu’il compte réaliser.
Publié pour la première fois en 1960, « Maigret dans la société » (également publié sous le titre « Maigret et les vieux ») était l’un des volumes les plus tardifs et les plus réfléchis de Simenon, dans lequel le célèbre détective parcourait une correspondance remontant à 50 ans. Les critiques et les chercheurs ont souvent considéré ce livre comme l’un des meilleurs de Simenon.
« Cela m’inquiète d’une certaine manière, car je ne suis plus si jeune », rigole Bonitzer.
Bien que le commissaire au torse de tonneau de Simenon ait été porté pour la dernière fois à l’écran par Gérard Depardieu dans « Maigret » de Patrice Leconte en 2022, Bonitzer a une vision différente du personnage et un autre objectif artistique.
« Ce ne sera pas Depardieu », assure Bonitzer. «J’aimerais quelqu’un de plus jeune. J’aimerais rajeunir le personnage. J’ai un acteur en tête, mais je suis superstitieux, donc je n’en dirai pas plus.