lundi, novembre 25, 2024

Opinion : Soyons prudents dans la manière dont nous éliminons les risques liés aux chaînes d’approvisionnement

La délocalisation et la relocalisation d’entreprises peuvent améliorer la sécurité, mais elles peuvent augmenter les coûts et interférer avec d’autres objectifs, comme la réduction des émissions

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Avec la conclusion récente de la consultation publique d’un mois d’Ottawa sur l’imposition de tarifs sur les véhicules électriques (VE) fabriqués en Chine, paraphrasons un histoire Paul Krugman, lauréat du prix Nobel, expliquait autrefois les avantages souvent sous-estimés du libre-échange :

Prenons l’exemple d’une entrepreneure canadienne qui lance une nouvelle entreprise qui utilise une technologie secrète pour transformer le bois d’œuvre et le canola canadiens en véhicules électriques abordables. Elle est saluée comme une championne de l’industrie pour son esprit d’innovation et son engagement envers la carboneutralité. Mais un journaliste méfiant découvre qu’en réalité, elle exporte du bois d’œuvre et du canola fabriqués au Canada et utilise les recettes pour acheter des véhicules électriques fabriqués en Chine. Le sentiment se retourne brusquement contre elle. Sur les réseaux sociaux, elle est largement dénoncée comme une fraudeuse qui détruit des emplois canadiens et menace la sécurité nationale. Le Parlement adopte une résolution unanime la condamnant.

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Cette histoire met en évidence un dilemme crucial qui aurait dû être au cœur des consultations publiques en cours.

Les opposants aux tarifs douaniers soutiennent que le commerce est un outil puissant mais sous-estimé dans notre lutte contre le changement climatique : il permet au Canada d’accéder à des technologies à faibles émissions à des prix de plus en plus abordables, ce qui est essentiel pour s’affranchir des sources d’énergie à forte intensité de carbone. En revanche, les partisans de ces mesures s’inquiètent de la sécurité de l’approvisionnement, craignant une dépendance excessive à l’égard de notre plus grand rival géopolitique pour les technologies à faibles émissions. Ils mettent en garde contre le remplacement de l’insécurité énergétique séculaire de l’Occident en matière de pétrole par une insécurité dans l’approvisionnement en minéraux essentiels et en batteries pour véhicules électriques.

Mon récent rapport L’article de l’Institut C.D. Howe examine certains des enjeux de sécurité nationale qui ont fait surface dans le débat entourant les chaînes d’approvisionnement des technologies énergétiques à faibles émissions comme les batteries de véhicules électriques. Après avoir examiné les diverses politiques de réduction des risques mises en œuvre par les gouvernements, y compris leurs inconvénients et leurs conséquences imprévues, je conclus qu’Ottawa devrait probablement élaborer des politiques de réduction des risques. Mais il doit les appliquer judicieusement, prudemment et rarement. Il doit les justifier par des preuves crédibles et détaillées concernant les préoccupations relatives à la sécurité de l’approvisionnement et la question de savoir si l’industrie nationale serait réellement en mesure de soutenir la concurrence si les conditions du marché étaient plus équitables. Cela sera important pour maintenir la réputation du Canada en tant que principal promoteur du système multilatéral fondé sur des règles.

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Le rôle de la Chine dans les chaînes d’approvisionnement des technologies énergétiques à faibles émissions soulève de réelles inquiétudes en matière de sécurité. La Chine a établi des quasi-monopoles dans plusieurs minéraux essentiels et d’autres composants des batteries de véhicules électriques, des panneaux solaires et des éoliennes. Aucune alternative n’est produite dans d’autres pays. Par exemple, 79 % de la capacité de production mondiale de polysilicium, qui est essentiel à la production de cellules solaires, se trouve en Chine. Les autres plus gros producteurs, l’Allemagne et les États-Unis, ont du mal à concurrencer le polysilicium de haute qualité et ultra-bon marché de la Chine.

Les monopoles chinois créent des goulets d’étranglement qui pourraient permettre au gouvernement chinois de manipuler la production pour servir ses propres ambitions géopolitiques. Il existe des précédents : la Chine a bloqué les exportations de terres rares vers le Japon en 2010 et interdit les exportations de technologies de traitement des terres rares en 2023.

Pour réduire leur dépendance à ces goulots d’étranglement chinois, plusieurs pays ont commencé à adopter des politiques de réduction des risques, généralement par le biais de l’externalisation ou de la relocalisation. Stratégie des minéraux critiques est typique. Il a été conçu en partie pour réduire la dépendance du pays à l’égard des matières premières critiques extraites et transformées à l’étranger, notamment en allouant 1,5 milliard de dollars pour soutenir les projets canadiens de minéraux critiques liés à la fabrication, à la transformation et au recyclage de pointe.

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Mais ces politiques de réduction des risques ont un prix. Ottawa doit faire preuve de prudence dans ce « trilemme politique » alors qu’il s’efforce de formuler un programme politique qui vise simultanément trois objectifs : améliorer la sécurité, promouvoir l’adoption d’énergies à faibles émissions, mais aussi tirer parti des avantages du commerce pour les consommateurs et les entreprises.

Les tarifs douaniers élevés proposés sur les importations de véhicules électriques chinois illustrent bien ce trilemme. Ils peuvent certes garantir la sécurité en protégeant la base de production nationale, mais ils pourraient décourager l’adoption de véhicules électriques, dont les ventes ralentissent déjà. De plus, une telle action unilatérale contre la Chine pourrait aggraver les tensions géopolitiques, générant ainsi de nouveaux risques, notamment des représailles chinoises. La voie vers une réduction efficace des risques est clairement semée d’embûches et nécessite une approche prudente.

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Il n’existe guère de preuves que la Chine soit en passe de devenir un quasi-monopole dans la production mondiale de véhicules électriques, mais elle pourrait chercher à tirer profit de son quasi-monopole dans des intrants clés. La question ultime à laquelle le gouvernement devrait répondre est donc de savoir si les préoccupations en matière de sécurité concernant ces points d’étranglement, et plus généralement la volonté de la Chine de faire concurrence de manière équitable dans ces conditions, justifient les coûts et les risques liés à des tarifs plus élevés. Il incombe à Ottawa de fournir des preuves concrètes à cet effet avant d’imposer aux Canadiens des tarifs intrinsèquement coûteux.

Poste Financier

Ari Van Assche est professeur d’affaires internationales à HEC Montréal.

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