Opinion : Sans travailleurs de remplacement, les grèves seront plus fréquentes, plus longues et plus perturbatrices

Un premier test pourrait être une grève des cheminots qui finirait par affecter les trains de banlieue à Montréal, Toronto et Vancouver

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Par Gabriel Giguère

Si vous comptez sur un train de banlieue pour vous rendre au travail, le nouveau projet de loi du gouvernement Trudeau interdisant les travailleurs de remplacement, actuellement en commission au Sénat, risque fort de rendre votre trajet bien plus compliqué chaque fois qu’une grève menace. Si Projet de loi C-58 est adoptée, les employeurs ne pourront plus embaucher de travailleurs de remplacement pendant une grève ou un lock-out pour maintenir les services au public. Chaque secteur sous réglementation fédérale sont visés par le projet de loi, notamment les chemins de fer.

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Ce genre de législation est rare au Canada. Seuls le Québec et la Colombie-Britannique interdisent purement et simplement les travailleurs de remplacement. C’est pourquoi il n’est pas surprenant que ces deux provinces se classent respectivement première et troisième pour le nombre de jours de travail perdus à cause des grèves et des lock-out au cours des dix dernières années.

Si le recours aux travailleurs de remplacement est interdit, la grève imminente au Canadien Pacifique Kansas City Limited (CPKC) pourrait avoir des effets dévastateurs. Cela découle du rôle clé joué par les 80 contrôleurs de la circulation ferroviaire du réseau, basés à Calgary. Un aspect crucial de leur travail consiste à garantir qu’il n’y a pas deux trains en même temps sur la même voie. Sans ces personnes sur place, le réseau CPKC ne peut faire circuler aucun train.

C’est évidemment mauvais pour le transport de marchandises, mais c’est également mauvais pour les navetteurs : à travers le pays, cinq lignes de trains de banlieue très fréquentées utilisent les voies du CPKC et nécessitent donc les services de ses 80 contrôleurs ferroviaires basés à Calgary. Si l’interdiction du recours aux travailleurs de remplacement entrait en vigueur aujourd’hui, les passagers des lignes de Saint-Jérôme, Vaudreuil et Candiac, dans la grande région de Montréal, seraient tous dans un sérieux embouteillage. Ils devraient attendre la résolution du conflit de travail avant de pouvoir à nouveau se rendre au travail en train. Depuis la seule fermeture de ces trois lignes, environ 13 500 passagers un jour, ils perdraient leurs moyens habituels de gagner leur vie.

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À Toronto, tous les usagers de la ligne Milton de GO Transit seraient touchés. À Vancouver, tous ceux qui dépendent du West Coast Express devraient trouver un autre moyen de se rendre au travail. Tous ces ennuis parce que 80 ouvriers à Calgary décident de faire grève.

Il est également raisonnable de prévoir des répercussions majeures sur le transport aérien, où un débrayage similaire des contrôleurs aériens pourrait immobiliser tous les avions. À l’approche des vacances d’été, un arrêt de travail des pilotes ou des bagagistes d’Air Canada ou une certaine forme d’intervention du personnel de restauration ou des contrôleurs aériens pourraient perturber considérablement le transport aérien pour un grand nombre de personnes.

Pour les familles canadiennes qui travaillent dur, cela pourrait signifier perdre des voyages de vacances avec les enfants, renoncer aux dépôts d’hôtel et de location de voiture et partir en vacances au lieu de vacances d’aventure. Même si cet exemple peut paraître extrême, rappelez-vous qu’à propos de 58 000 des passagers transitent quotidiennement par l’aéroport international de Montréal. Pour Toronto Pearson, le chiffre est presque 123 000 par jour. Une fermeture de l’un ou l’autre en raison d’une interdiction réglementaire sur les travailleurs de remplacement aurait de graves conséquences sur les projets de transport d’un grand nombre de personnes.

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Compte tenu de tous ces résultats hautement indésirables, est-il étonnant qu’à l’époque 2016 les libéraux ont voté contre l’adoption d’une loi similaire? Leur voir l’époque était qu’il ne devait pas y avoir d’interdiction générale du recours à des travailleurs de remplacement et que le code du travail devait équilibrer le droit de grève des syndicats avec le droit des employeurs d’essayer de continuer à fournir leurs produits et services.

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Loin de recalibrer les relations de travail, le projet de loi C-58 donne à quelques petits groupes – parfois seulement quelques dizaines de syndiqués – le pouvoir de paralyser le pays tout entier. Les législateurs devraient se garder de tenter de plaire à quelques dirigeants syndicaux aux dépens de millions de travailleurs canadiens.

Poste financier

Gabriel Giguère est analyste principal des politiques publiques à l’Institut économique de Montréal.

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