Emmanuelle B. Faubert et Gabriel Giguère
Depuis que le gouvernement fédéral a ouvert la voie aux subventions pour l’industrie des véhicules électriques, la liste des entreprises souhaitant s’implanter dans ce pays en échange de l’argent des contribuables ne cesse de s’allonger. Nous avons appris récemment que Honda et Toyota y ont ajouté leurs noms. Si le passé peut servir de guide, il y a de fortes chances qu’Ottawa donne à chacun d’eux une liasse de l’argent des contribuables canadiens.
On ne peut pas reprocher aux entreprises de demander de l’argent, surtout si leurs concurrents ont déjà reçu des cadeaux. Mais le gouvernement doit se poser quelques questions fondamentales sur la justification de ces dépenses, surtout lorsque ses hypothèses sous-jacentes sont remises en question par les Directeur parlementaire du budgetqui a noté, par exemple, que le prix final de ces subventions serait plus élevé que celui initialement estimé en raison des implications fiscales, et qu’il faudrait beaucoup plus de temps au gouvernement pour que ses dépenses atteignent le seuil de rentabilité que ce qui avait été annoncé par les responsables fédéraux.
Ce qui manque le plus dans les réflexions du gouvernement, c’est la reconnaissance du concept le plus fondamental de l’économie : le coût d’opportunité. Si le gouvernement ne dépensait pas cet argent en méga-subventions, quel serait l’impact sur l’économie et comment se comparerait-il aux effets anticipés des dépenses en batteries ?
En général, il vaut mieux laisser l’argent dans les poches des contribuables plutôt que de l’utiliser pour subventionner massivement les grandes entreprises. Pensez à l’argent déjà alloué aux projets d’usines de batteries pour véhicules électriques au Canada. Après que Volkswagen s’est vu promettre 13,2 milliards de dollars de subventions à la production, Stellantis a insisté pour que son tour soit joué et est reparti avec 15 milliards de dollars. Puis le constructeur suédois Northvolt s’est emparé d’une part, pour un total – jusqu’à présent – de 32,8 milliards de dollars dans les fonds publics.
Les subventions qui seront versées représentent plus de 3 milliards de dollars par an jusqu’à l’année budgétaire 2032-33. Pour mettre cette somme en perspective, elle est supérieure aux revenus supplémentaires découlant de la nouvelle tranche d’imposition introduite par le gouvernement Trudeau en 2016, qui s’élèvent à 2,88 milliards de dollars cette année, selon le DPB.
Lorsque les gouvernements décident de retirer plus d’argent des poches des contribuables, il leur reste moins d’argent pour des choses comme l’épicerie, le paiement d’une voiture et l’épargne. Cela peut également les rendre moins susceptibles de devenir entrepreneurs. Une personne qui est plus lourdement imposée dispose de moins d’argent pour démarrer une entreprise. En effet, le littérature économique constate un lien clair entre l’augmentation du fardeau fiscal et le ralentissement de la création d’entreprises au Canada.
L’augmentation de 2016 a dissuadé de nombreux entrepreneurs de démarrer une entreprise. Sans cette augmentation, certains 9 820 Des entreprises canadiennes auraient pu être lancées entre 2016 et 2020, contribuant ainsi à la prospérité du pays. Mais au lieu de suivre cette voie, le gouvernement a préféré taxer davantage les Canadiens et utiliser les nouvelles recettes, ou du moins un montant équivalent, pour subventionner les multinationales étrangères.
Ce type de décision a également des effets négatifs sur les travailleurs indépendants. Compte tenu de leur nombre diminué depuis le début de la pandémie… 150 000 à travers le pays – il est clair qu’ils ont besoin d’aide, et probablement plus que les multinationales derrière les usines de fabrication de batteries et de véhicules électriques. Des milliers de nouvelles entreprises auraient certainement créé de la valeur partout dans le monde, sans que le gouvernement ait besoin de décider, par le biais du système fiscal, comment les Canadiens devraient dépenser leur propre argent.