Nous devons réduire le coût fiscal et réglementaire de faire des affaires au Canada
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Par Renaud Brossard
Le gouvernement Trudeau a été chant sur la façon dont le Canada a connu « la plus forte croissance économique du G7 » à la sortie de la pandémie, ce qui est vrai. Mais il a omis de mentionner que cette croissance était le résultat de l’accroissement de la population du Canada plutôt que de son enrichissement. Le revenu par personne a cessé de croître dans ce pays.
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Les données sur le PIB par habitant sont on ne peut plus claires. En tenant compte de l’inflation, nous avons actuellement le même niveau de production par personne qu’en 2018. Nos voisins du sud, quant à eux, ont connu une croissance continue ces dernières années. La production par habitant aux États-Unis a augmenté de 5,4 % depuis 2018.
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La stagnation de la production et du revenu par habitant au Canada est le résultat d’un problème de longue date : la productivité du Canada peine à suivre celle des autres économies avancées. Cela signifie que la valeur que le travailleur canadien moyen crée en une heure est inférieure à celle que produisent les travailleurs des autres pays du G7. Selon l’OCDE donnéeschaque heure travaillée par un Canadien crée en moyenne 53,30 $ US de valeur, sur la base de la parité des pouvoirs d’achat (c’est-à-dire que les devises sont converties en dollars américains, non pas au taux de change réel du marché, mais à un taux qui tient compte des différences de prix intérieurs des pays, de sorte que les huards d’un dollar américain acheter acheter les mêmes biens et services au Canada que le dollar américain a fait aux États-Unis)
Cinquante dollars de l’heure ne semblent pas si mal, mais cela nous place avant-dernier parmi les membres du G7, juste devant le Japon. La productivité moyenne des pays du G7 est 63,90 $ US par heure travaillée. Quant à nos amis au sud de la frontière, ils créent 72,10 $ US de valeur par heure travaillée.
On peut dire que ce n’est pas grave, qu’on n’a que quelques dollars de retard de l’heure, mais il faut comprendre que l’écart a un impact direct sur nos finances personnelles. Moins nous produisons de valeur par heure travaillée, moins nous pouvons être rémunérés par nos employeurs. Si nous ne « livrons pas littéralement les biens » (et les services), comment peuvent-ils nous payer plus ? Une productivité horaire plus faible signifie moins de revenus pour les travailleurs.
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Si, pour les besoins de la discussion, nous supposons que les Canadiens travaillent 35 heures par semaine, 48 semaines par an, notre écart de 10,60 $ US par heure en valeur produite par rapport à la moyenne par heure du G7 se traduit par un écart de 17 808 $ US par an, ce que la plupart des Canadiens considérera comme étant de l’argent réel. Si nous pouvions combler l’écart avec les Américains, cela augmenterait notre niveau de vie de 31 584 $ par année.
Il n’est pas impossible de combler cet écart certes important. La littérature économique est très claire sur la manière d’augmenter la productivité : plus d’investissements. Lorsque les entreprises investissent dans de nouveaux processus de production plus efficaces, les travailleurs sont en mesure de faire plus, et de faire mieux, avec chaque heure passée à travailler. Cela produit plus de valeur, ce qui augmente finalement la rémunération potentielle.
Le Canada est à la traîne depuis des années en matière d’investissement, moteur de la productivité. En 2018, par exemple, l’investissement privé non résidentiel s’élevait à 17 389 $ par emploi au Canada. Aux États-Unis, toujours à parité de pouvoir d’achat, le niveau d’investissement privé non résidentiel a été 27 307 $ par emploi. En Suède, c’était 33 214 $ par emploi.
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Nos gouvernements, tant fédéral que provinciaux, tentent de compenser le manque d’investissement privé par des subventions, mais les subventions nécessaires pour combler l’écart d’investissement privé avec les États-Unis ne sont tout simplement pas durables. Nous aurions besoin 200 milliards de dollars un an d’argent des contribuables pour rattraper son retard. Et cela en supposant que les subventions sont tout aussi efficaces que les investissements privés, ce qui semble peu probable.
La bonne nouvelle pour les contribuables, c’est que pour combler l’écart de productivité, il n’est pas nécessaire de détourner nos impôts vers le secteur privé afin de combler notre écart de productivité. Si d’autres pays réussissent à attirer davantage d’investissements, c’est parce que leur environnement d’affaires est suffisamment attractif pour que le secteur privé accepte d’y risquer son argent.
Plus il faut de temps pour qu’un projet franchisse les étapes d’approbation puis soit finalement construit, ou plus les taxes prélevées sur sa production éventuelle sont élevées, moins nous sommes attrayants pour les investisseurs nationaux et étrangers. L’inverse est également vrai.
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Redevenir attractif nécessite donc de réduire le coût de faire des affaires au Canada, notamment le coût fiscal et réglementaire. Éventuellement, notre politique d’auto-amélioration pourrait amener les entreprises à considérer l’investissement au Canada comme tout aussi ou même plus rentable qu’investir aux États-Unis, en France ou en Suède, pour ne nommer que quelques-uns de nos concurrents pour l’investissement.
Tant que nous ne réglerons pas ce problème de notre environnement fiscal et réglementaire peu compétitif, nous risquons de voir notre niveau de vie stagner, à la fois par rapport au reste du monde et peut-être même en termes absolus.
Renaud Brossard est directeur principal des communications à l’Institut économique de Montréal.
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