La loi fédérale révisée devrait obliger les évaluateurs à prendre en compte les implications économiques et géopolitiques des projets et à prendre une décision rapide
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En octobre dernier, la Cour suprême du Canada a déclaré inconstitutionnelle la majeure partie de la Loi fédérale sur l’évaluation d’impact, anciennement connue sous le nom de projet de loi C-69. Les juges ont statué que la loi, adoptée il y a cinq ans, est trop large et cherche à réglementer les activités relevant de la compétence provinciale. Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a promis de présenter une version « resserrée » du projet de loi qui respecte le partage des pouvoirs.
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Afin d’assurer un large soutien du public au processus, en particulier de la part des intervenants autochtones et provinciaux, je crois que le gouvernement fédéral devrait également adopter une approche plus pragmatique et équilibrée lorsqu’il approuve ou rejette des projets majeurs. Au lieu d’empiéter sur la compétence des provinces en matière d’environnement, il devrait prendre en considération d’autres aspects pertinents (et cruciaux) qui relèvent de la compétence d’un gouvernement national.
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Le plus souvent, il y a un compromis entre les avantages économiques apportés par un projet de développement et ses coûts environnementaux. Mais c’est la croissance économique qui nous donne les moyens et la volonté de mieux faire face à la dégradation de l’environnement et, à terme, même d’y remédier. Bref, plus nous sommes riches, plus il devient facile de protéger l’environnement.
C’est pourquoi toute évaluation environnementale d’un grand projet énergétique doit être couplée à une évaluation de son impact sur : l’économie nationale, la création d’emplois, les opportunités d’investissement à travers le pays et sur la réputation du Canada en tant que destination attrayante pour les investisseurs internationaux. Une approche aussi équilibrée montrerait que le gouvernement est sérieux lorsqu’il affirme se soucier à la fois du bien-être économique des Canadiens et de la protection de l’environnement.
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Un autre critère important à prendre en compte est le suivant : quel impact le projet aura-t-il sur les intérêts géopolitiques du Canada et de ses alliés démocratiques ? Le projet de loi C-69 contenait une disposition demandant au régulateur d’étudier l’impact des projets sur les femmes et la communauté LGBTQ+. Je dois admettre que je n’arrive pas à comprendre pleinement comment un pipeline peut être rendu plus « gay-friendly », mais ce n’est pas la question. Il existe déjà un précédent en matière d’étude des impacts sociaux et politiques, et celui que je propose est au moins aussi pertinent.
L’invasion russe de l’Ukraine il y a deux ans a bouleversé la situation énergétique en Europe et ailleurs. La sécurité énergétique et ses implications pour la sécurité militaire sont de retour au premier plan des débats géopolitiques, comme ce fut le cas lors de la crise pétrolière des années 1970. Et pourtant, nous n’envisageons le mérite de ces projets que de manière paroissiale, en nous concentrant uniquement sur le Canada, comme si nous étions encore à une époque de ressources abondantes disponibles pour chaque pays.
Malgré son soutien financier et militaire à l’Ukraine, le gouvernement fédéral a l’habitude d’ignorer cet aspect de la question dans sa politique étrangère. Elle a rejeté les demandes d’aide de l’Allemagne et du Japon sous la forme d’une augmentation de l’offre de gaz naturel liquéfié. Dans le monde incertain dans lequel nous vivons, nous ne pouvons plus discuter sérieusement des grands projets énergétiques sans le lier au débat géopolitique plus large sur la sécurité énergétique.
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Enfin, la nouvelle loi doit fixer un délai strict (je propose un maximum de 18 mois) dans lequel le régulateur fédéral doit rendre sa décision finale. Et pour que le délai ait un sens, les partisans du projet devraient recevoir une sorte de compensation financière s’il n’est pas respecté. Une autre option serait que la loi présume une réponse favorable en l’absence d’une décision en temps opportun.
Il devrait également y avoir des délais stricts pour la délivrance des permis par les autres agences impliquées, afin d’éviter toute lenteur. Enfin, lorsque ces nouveaux critères seront adoptés, il serait important de s’assurer que les effectifs des agences fédérales chargées de les appliquer soient optimaux.
Le ministre de l’Énergie, Jonathan Wilkinson, a annoncé il y a quelques semaines que, pour renforcer la sécurité énergétique du Canada, son gouvernement souhaitait réduire de près d’une décennie le temps nécessaire au développement de nouvelles mines de minéraux critiques. Si cela est faisable et souhaitable pour les minéraux critiques, pourquoi pas pour d’autres grands projets énergétiques ?
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La décision de la Cour suprême offre au gouvernement une occasion idéale de réviser son approche et de revenir avec une nouvelle version de son projet de loi qui se concentre sur des pouvoirs, y compris la politique étrangère, qui relèvent réellement du domaine fédéral et sont encore plus importants aujourd’hui qu’auparavant. des versions de la loi ont été écrites.
Michel Kelly-Gagnon travaille à l’Institut économique de Montréal, dont il est président fondateur.
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