samedi, novembre 2, 2024

Opinion : Ne prenons pas l’économie en otage de la gestion de l’offre

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Par Michael Harvey

Les aléas politiques d’un gouvernement minoritaire constituent un risque majeur pour la réputation du Canada en tant que nation commerçante. Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a déclaré aux journalistes la semaine dernière que le projet de loi C-282, un projet de loi d’initiative parlementaire du Bloc actuellement à l’étude au Sénat, est « une monnaie d’échange » que le premier ministre Justin Trudeau peut utiliser pour acheter l’appui du Bloc lors des prochains votes de confiance.

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Essentiellement, le projet de loi C-282 entraverait les négociateurs commerciaux internationaux du Canada en leur interdisant même de discuter des industries canadiennes soumises à la gestion de l’offre dans les négociations commerciales. Bien que les négociateurs commerciaux actuels du Canada ne soient pas en mesure de s’exprimer, les négociateurs récemment retraités ont été autorisés à s’exprimer. unanime dans leur condamnation : le C-282 est un projet de loi terrible, et ce pour plusieurs raisons.

Premièrement, l’économie canadienne est tenue en otage par les exigences d’un petit groupe de Canadiens (qui se trouvent être des cibles électorales clés pour le Bloc). Le Canada dépend du commerce. Ensemble, nos exportations et nos importations de biens et de services représentent 1,5 milliard de dollars. deux tiers du PIBNous avons besoin du commerce pour soutenir, diversifier et développer notre économie.

Deuxièmement, le projet de loi confond les différents éléments du secteur agroalimentaire canadien. Bien que le Bloc insiste sur le fait que la loi vise à « protéger les agriculteurs », la réalité est que la majeure partie du secteur agroalimentaire est axée sur l’exportation et n’a pas besoin de protection. Nous vendons plus de la moitié de notre production agricole dans plus de 150 pays. Par exemple, entre 50 % de notre bœuf et 90 % de nos légumineuses (c.-à-d. pois chiches, lentilles, pois secs et haricots) se retrouvent dans les assiettes du monde entier. L’industrie agroalimentaire a exporté pour 92,8 milliards de dollars de produits agroalimentaires en 2022 et a soutenu plus d’un million d’emplois dans les collectivités urbaines et rurales du Canada. Tout cela pourrait être menacé et réduit par le projet de loi C-282.

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Troisièmement, le projet de loi C-282 est une politique commerciale terrible pour un pays qui, parce qu’il dépend des exportations, doit négocier avec d’autres pays pour garder ses marchés étrangers ouverts. Écarter définitivement la question de la gestion de l’offre, que ce soit dans le cadre de négociations commerciales multilatérales ou bilatérales, nuirait à la capacité du Canada de prendre des décisions dans l’intérêt national et, en posant une marque protectionniste, minerait notre leadership et notre influence au sein de forums internationaux comme l’Organisation mondiale du commerce ou le Partenariat transpacifique.

Enfin, le moment ne pourrait pas être plus mal choisi pour cette éventuelle loi. L’accord Canada-États-Unis-Mexique doit être officiellement révisé en 2026. Les Canadiens sont bien conscients des risques que comporte notre relation commerciale avec les États-Unis, quel que soit le vainqueur des élections américaines de novembre. Les deux principaux partis ont adopté un certain degré de protectionnisme. La dernière chose que nous devrions faire est de brandir un drapeau réglementaire devant les intérêts américains qui cherchent une excuse pour renégocier ou même mettre fin au libre-échange nord-américain.

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L’intérêt national n’est pas un « argument de négociation » et ne devrait pas être exposé aux vents politiques du moment. Notre Sénat est censé être la chambre de « second examen objectif ». Il doit étudier attentivement ce projet de loi, prendre une grande respiration et le rejeter comme contraire aux meilleurs intérêts des Canadiens.

Michael Harvey est directeur général de l’Alliance canadienne du commerce agroalimentaire.

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