Opinion: Méfiez-vous des comptables guerriers

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Des réunions ont eu lieu à Montreal la semaine dernière qui modifiera profondément le fonctionnement des entreprises canadiennes et transformera fondamentalement l’économie canadienne. Le Conseil des normes internationales de durabilité (ISSB), un groupe de 14 personnes de régions du monde entier, se précipite pour finaliser les deux premiers (durabilité et climat) des six éléments constitutifs de nouvelles normes mondiales pour les rapports financiers liés au climat. L’objectif est de dévoiler ces deux premiers blocs dans quelques mois, avec mise en œuvre au cours de l’exercice 2024. Les normes sont conçues par des comptables et seront supervisées et auditées par des comptables. En effet, les gouvernements arment les comptables pour perturber et transformer l’économie mondiale, et le gouvernement du Canada est entièrement d’accord, mais sans avoir pris la peine de demander aux Canadiens si c’est quelque chose qu’ils veulent vraiment.

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En mars dernier, l’ISSB a publié un projet de normes pour durabilité et liés au climat des informations financières avec une période de commentaires clôturée fin juillet 2022. Les quatre grands cabinets comptables et les grands groupes d’entreprises qui souhaitent une comptabilité ESG et en fait aidé à rédiger les normes ont également fourni des commentaires – que, circulairement, le conseil a cités pour démontrer son soutien aux propositions. Depuis juillet, l’ISSB travaille à une vitesse vertigineuse pour réviser les normes de mise en œuvre.

Au cours de ses délibérations mensuelles, qui sont disponible au public, les points clés proposés par le personnel de l’ISSB ont été débattus et votés par les membres du conseil. Il semble que de nombreux commentaires critiques soulevés au cours de la période de consultation soient ignorés. En particulier, malgré les préoccupations exprimées dans de nombreuses lettres de commentaires, l’ISSB a décidé de rendre obligatoire l’analyse des scénarios climatiques et d’exiger une vérification par une tierce partie et la comptabilisation des émissions de « portée 3 » (c’est-à-dire la comptabilisation des émissions intégrées dans 15 catégories différentes pas sous le contrôle d’une entreprise, y compris le transport, l’utilisation et l’élimination du produit d’une entreprise). Comme souligné par Krystle Wittevrongel de l’Institut économique de Montréal, les mécanismes d’allégement très limités fournis ne seront qu’un froid réconfort pour les petites et moyennes entreprises, qui fonctionnent généralement avec des marges serrées, mais qui seront désormais obligées d’embaucher des comptables et des auditeurs spécialisés pour se conformer.

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Les critiques concernant l’obligation de fournir des « données sur le stress hydrique » sont également passées sous silence. Au lieu de cela, l’ISSB a apporté un changement important en ce qui concerne l’eau en supprimant la distinction entre l’eau douce qu’une entité utilise et l’eau totale qu’elle puise. Cela a des implications importantes pour les entreprises de services miniers et pétroliers, dont beaucoup ont travaillé dur pour réduire l’eau douce utilisée dans leurs opérations. Auparavant, une entreprise pouvait avoir un faible nombre d’eau douce parce qu’elle utilisait principalement de l’eau recyclée. Les normes telles qu’initialement proposées lui auraient permis de différencier les deux. Le changement de libellé signifie qu’il ne peut plus montrer ou obtenir de crédit pour la quantité d’eau qu’il a recyclée dans ses opérations.

Normalement, dans ce type d’établissement de normes internationales, un projet révisé serait publié et une autre série de commentaires sollicités afin d’aplanir les lacunes potentielles. Ce n’est pas le cas avec l’ISSB. Le personnel est recommander au conseil qu’il n’est pas nécessaire de faire d’autres commentaires et que les normes finales devraient être publiées dès que possible. Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre concédé récemment qu’il a fallu sept ans au groupe de travail sur les informations financières liées au climat (TCFD) pour affiner une norme viable et acceptable, mais il a déclaré qu’il soutenait que l’ISSB travaille à la « vitesse de la lumière » pour adopter le nouveau langage mondial dans les 12 mois.

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La dernière fois que les comptables avaient autant de pouvoir pour déterminer le cours des événements, c’était lorsque le secrétaire américain à la Défense, Robert McNamara, et ses « Whiz Kids » ont apporté des analyses technocratiques modernes à la guerre du Vietnam. Cela ne s’est pas bien terminé. Les comptables guerriers du climat ne planifient pas une guerre littérale, mais la surveillance qu’ils proposent modifiera fondamentalement le fonctionnement des entreprises qui génèrent nos revenus et notre niveau de vie. Nous devons ralentir et avoir une conversation ouverte et honnête sur la question de savoir si l’adoption de ce nouveau langage mondial est dans l’intérêt national du Canada.

Tammy Nemeth est une analyste énergétique stratégique basée au Royaume-Uni.

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