mardi, novembre 5, 2024

Opinion: Libérez le Montney: le champ gazier de classe mondiale du Canada attend d’être exploité

La formation de Montney est un cadeau des dieux. Mais au Canada, il pourrait bien rester une merveille géologique plutôt qu’une merveille économique

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À cheval sur la frontière entre la Colombie-Britannique et l’Alberta se trouve la ressource canadienne la plus précieuse dont vous n’avez jamais entendu parler : la Formation de Montney d’un billion de dollars, un gisement de gaz géant de la taille du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse réunis. Son potentiel est immense mais son avenir est incertain. Avec le plafond d’émissions proposé par le gouvernement fédéral, il pourrait rester un géant endormi.

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La formation de Montney est un colosse, plus grand encore que le célèbre champ Marcellus aux États-Unis, qui a contribué à déclencher la révolution du schiste. Largement négligé avant que l’innovation de la fracturation hydraulique et du forage horizontal ne rende son exploitation économiquement viable, il est maintenant exploité pour approvisionner l’industrie naissante du GNL de la côte ouest.

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Ses caractéristiques font chanter le cœur d’un géologue pétrolier. C’est énorme; 130 000 km2 pour être exact. C’est très épais; plus de 300m dans certaines parties. Et il est en surpression, ses hydrocarbures entassés comme des sardines. Tout cela s’ajoute à d’énormes réserves : une dotation en gaz en place de 1 965 billions de pieds cubes (tcf), dont plus de 449 tcf sont récupérables avec les technologies d’aujourd’hui.

Pour avoir une idée de ces chiffres : le Canada utilise actuellement environ 3,2 tcf par an, de sorte que le Montney pourrait nous approvisionner pendant plus d’un siècle. Et il contient tout le spectre des hydrocarbures : non seulement de grandes quantités de méthane, mais un riche complément de liquides de gaz naturel tels que le propane et le butane et des milliards de barils de pétrole pour démarrer.

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L’année prochaine, il devrait générer environ 36 milliards de dollars de revenus, soit plus de quatre fois ce que nous avons vu avec la production record de potasse de cette année. Pourtant, il ne s’agit que d’une fraction de son potentiel, car la capacité de le mettre sur le marché est fortement limitée.

Cela fait de son emplacement la cerise sur le gâteau. Englobant Fort St. John, Dawson Creek et Grande Prairie, le Montney se trouve dans un pays pétrolier, à proximité d’entreprises de services, d’équipement et de main-d’œuvre expérimentée. Mais le plus stratégiquement, c’est dans le coin nord-ouest du Canada, ce qui lui donne accès à l’Asie, le marché de l’énergie le plus important et à la croissance la plus rapide au monde, où les prix de référence du gaz naturel sont beaucoup plus élevés qu’ils ne le sont au Canada.

Les classes bavardes de l’est du Canada pourraient se demander si l’exportation de GNL à travers l’Atlantique est une analyse de rentabilisation. Mais du côté du Pacifique, l’analyse de rentabilisation est évidente : l’Asie compte une population énergivore de 4,7 milliards de personnes, qui d’ici 2050 augmentera de 800 millions de personnes supplémentaires, soit plus que les populations des États-Unis et de l’UE réunies. Le cabinet de conseil S&P Global estime que la demande asiatique de GNL va plus que tripler d’ici 2030 et continuer à croître, bien que plus lentement, à partir de là.

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De plus, la distance entre la plupart des principaux marchés asiatiques et le nord-ouest de la Colombie-Britannique est la moitié de celle du golfe du Mexique, berceau des exportations américaines de GNL. Et si nous ne fournissons pas de GNL à des pays comme le Japon, la Corée, la Chine, l’Inde, la Malaisie et l’Indonésie, ils devront recourir aux approvisionnements russes.

Le Montney a une faible empreinte carbone. Lorsqu’il sera exporté par les terminaux de la Colombie-Britannique, son GNL aura l’une des intensités de carbone les plus faibles au monde. Remplacer le charbon asiatique par du GNL canadien est une évidence pour le climat.

Les Premières nations de la région – de la production dans le cadre du Traité 8 au tracé du pipeline, en passant par les terminaux d’exportation de la côte ouest – sont fortement impliquées et bien placées pour bénéficier des dizaines de milliards de dollars de la pièce.

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S’il y a un développement d’hydrocarbures ailleurs dans le monde qui a plus de sens économique, environnemental et politique, je n’en ai pas encore entendu parler. Mais pour Ottawa, semble-t-il, tout projet canadien de combustibles fossiles est un mauvais projet. Le gouvernement fédéral a proposé en juillet une politique visant à réduire les émissions du secteur pétrolier et gazier de 42 % en seulement huit ans. Cela garantirait pratiquement que les vastes réserves de Montney restent dans le sol : nous ne pouvons pas construire tout un secteur du GNL à partir de zéro tout en réduisant simultanément les émissions au niveau national.

Sur ce point, le gouvernement devrait être plus ouvert avec les Canadiens. Si le ministre de l’Environnement voit une voie à suivre pour le Montney qui est compatible avec l’objectif d’émissions, il devrait montrer ce calcul. Sinon, il devrait informer les Canadiens des implications de la proposition du gouvernement : elle conserve plus d’un billion de dollars de gaz naturel dans le sol, un gaz dont le monde a désespérément besoin et qui réduirait les émissions mondiales en aidant à compenser les sources d’énergie moins propres.

Le Montney est un cadeau des dieux, capable de fournir au monde une énergie abordable, fiable et à faible émission pour les décennies à venir. Mais hélas c’est au Canada. Et à cause de cela, il pourrait bien rester une merveille géologique au lieu d’être une merveille économique.

Heather Exner-Pirot est chercheuse principale à l’Institut Macdonald-Laurier.

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