mardi, novembre 5, 2024

Opinion : L’hypothèse cachée du budget fédéral que la plupart des commentaires ont manquée

Les chiffres du budget supposent que la productivité augmente à sa moyenne historique de 1 % par an, mais cela ne fait plus depuis des années.

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Par Niels Veldhuis et Jake Fuss

Le budget fédéral a atteint le chiffre stupéfiant d’un demi-billion de dollars en dépenses annuelles – oui, un énorme 538 milliards de dollars cette année, soit environ 13 233 dollars par Canadien – et le document qui le présente s’étend désormais sur plus de 430 pages. Les grandes initiatives (par exemple, l’augmentation de l’impôt sur les plus-values, préjudiciable à l’économie) sont faciles à repérer et à commenter, mais l’ampleur et la complexité du budget rendent très difficile une évaluation correcte au sein d’un seul cycle d’actualité. Il n’est pas surprenant que la plupart des analystes post-budgétaires aient omis une hypothèse d’une importance cruciale qui sous-tend chaque chiffre du budget : l’hypothèse des libéraux concernant la croissance de la productivité.

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Le Canada est au milieu d’une crise de productivité. « Le Canada n’a connu aucune croissance de sa productivité ces dernières années », a déclaré récemment Carolyn Rogers, sous-gouverneure principale de la Banque du Canada. discours à Halifax. « Vous avez vu ces panneaux qui disent : « En cas d’urgence, brisez la vitre ». Eh bien, il est temps de briser le verre.

Normalement, le mot « productivité » endort la plupart des gens, à l’exception des économistes purs et durs. Ou pire, cela suscite une réaction de type « Voulez-vous que nous travaillions plus dur ? » Toutefois, comme l’a souligné Rogers : « Augmenter la productivité signifie trouver des moyens permettant aux individus de créer davantage de valeur pendant leur temps de travail. C’est un objectif à atteindre, pas quelque chose à craindre. Lorsqu’une entreprise augmente sa productivité, cela signifie plus de revenus, ce qui lui permet de payer des salaires plus élevés à ses travailleurs.

Les médias ont largement couvert l’avertissement sévère de Rogers. Cela aurait dû servir de signal d’alarme, incitant le gouvernement à agir immédiatement. À tout le moins, la capacité (ou plus précisément, l’incapacité) de ce budget à accroître la croissance de la productivité aurait dû être au cœur de toute analyse budgétaire. Mais ce n’était pas le cas.

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Cette omission est au moins en partie compréhensible. L’hypothèse du gouvernement Trudeau concernant la croissance de la productivité du travail est profondément enfouie dans le budget (à l’annexe 1, à la page 385, pour être exact). Le gouvernement estime que l’économie connaîtra une croissance moyenne de 1,8 pour cent au cours des cinq prochaines années (2024-2028), la moitié de cette croissance provenant d’une augmentation de l’offre de main-d’œuvre (c’est-à-dire la croissance de la population) et l’autre moitié de la croissance de la productivité du travail. , qui, selon le gouvernement, restera à sa moyenne de 1 pour cent par an entre 1974 et 2019.

Vous avez vu ces panneaux qui disent : « En cas d’urgence, brisez la vitre ». Eh bien, il est temps de briser le verre

Carolyn Rogers

Mais la productivité du travail n’a pas a connu une croissance à sa moyenne historique au cours des dernières années. En fait, il n’a pas augmenté du tout. Comme Statistique Canada le met« En moyenne, sur 2023, la productivité du travail des entreprises canadiennes est tombé 1,8 pour cent, une troisième baisse annuelle consécutive » (c’est nous qui soulignons). La productivité du travail n’est-ce pas en croissance, il diminue. Au cours du mandat du gouvernement Trudeau (de 2015 à 2023, en omettant 2020 en raison de la COVID), la productivité du travail a augmenté. diminué en moyenne de 0,8 pour cent par an. Comment le gouvernement Trudeau peut-il alors fonder l’intégralité de son plan budgétaire sur, selon les normes récentes, une forte croissance de la productivité du travail ? Il s’agit d’un « budget de fortune » : inventez les chiffres pour que cela fonctionne.

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Malgré le budget budgétaire, comment pouvons-nous accroître la croissance de la productivité au Canada? Selon Selon la Banque du Canada, « Lorsque l’on compare le récent bilan de productivité du Canada avec celui d’autres pays, ce qui ressort vraiment, c’est à quel point nous sommes à la traîne en matière d’investissement dans les machines, l’équipement et, surtout, la propriété intellectuelle. »

Pour accroître la productivité, nous avons besoin que les entreprises augmentent leurs investissements. De 2014 à 2022, l’investissement des entreprises canadiennes par travailleur (à l’exclusion de la construction résidentielle), corrigé de l’inflation, a diminué de 18,5 pour cent, passant de 20 264 $ à 16 515 $. Il s’agit d’une tendance inquiétante, compte tenu du rôle essentiel que joue l’investissement dans l’amélioration de la production économique et du niveau de vie des Canadiens.

Mais le budget nuit en fait – au lieu de l’aider – au climat d’investissement du Canada. Des impôts plus élevés sur les plus-values ​​dissuaderont les investissements ici et favoriseront une plus grande sortie de capitaux. De plus, le budget prévoit des déficits importants pour au moins les cinq prochaines années, ce qui augmente la probabilité de futures hausses d’impôts et crée davantage d’incertitude pour les entrepreneurs, les investisseurs et les entreprises. Un environnement commercial aussi imprévisible rendra plus difficile l’attraction d’investissements au Canada.

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Le budget fédéral de cette année repose sur des hypothèses fantaisistes concernant la croissance de la productivité et décourage activement les investissements nécessaires pour accroître le niveau de vie des Canadiens. C’est bien loin de ce que toute personne raisonnable appellerait une stratégie réussie. Au-delà du cycle de l’actualité budgétaire, le gouvernement aura du mal à cacher ce fait.

Poste financier

Niels Veldhuis est président de l’Institut Fraser et Jake Fuss est directeur des études fiscales de l’Institut Fraser.

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